Non, il faudrait partir pour de bon, aller toujours plus loin, sauter de ville en ville, de pays en pays, de continent en continent, pratiquer la politique de la terre brûlée, ne jamais rouvrir ses carnets, les semer derrière soi, offrir aux passants ses croquis et ses notes éparses, ou les enfouir sous des rochers, les confier à la pierre muette, aux ronces, à ces fameuses racines que les hommes croient pouvoir emprunter aux arbres. Se détacher de tout, ne rien regretter, ne rien posséder, foncer tête baissée. Mais voilà, je suis revenu ici.
On a beau voyager, on se retrouve irrésistiblement attiré vers les mêmes lieux, comme une phalène prise toute la nuit au piège scintillant du même néon.