L'entre-soi ne permettra jamais de faire face aux défis actuels posés en France. C'est la conclusion que je tire suite à la lecture de l'essai de
François Ruffin «
Ce pays que tu ne connais pas ». Si nos gouvernants ne sont issus que des classes privilégiées, économiquement, culturellement et socialement, comment espérer une juste prise en compte des besoins de toute la partie de la population sous-représentée ou absente de l'hémicycle, des médias, des instances décisionnelles ?
Ruffin dresse le portrait d'
Emmanuel Macron, qui n'a jamais tenté de sortir- ne serait-ce qu'un temps – des sphères protégées où il évolue. Les meilleures pages du livre sont celles consacrées à la différence entre « contact » et « relation ». Un président qui revendique haut et fort aimer aller au contact, se contente d'effleurer les rencontres avec des personnes dont il ne connait pas les conditions de vie, les luttes quotidiennes, car il ne prend pas le temps de comprendre ou de développer une relation hors de son milieu, et se limite aux contacts furtifs.
François Ruffin, journaliste et député, est un personnage public que j'apprécie de longue date pour son indépendance d'esprit, son souci d'intégrité et d'honnêteté intellectuelle, son engagement, sa préoccupation pour le sort de ses concitoyens, l'importance accordée à la lecture et à l'écriture, et pour l'instant sa persévérance, car il en faut pour ne pas baisser les bras face à une fracture sociale qui grandit au sein de la société française.
Pourtant une gêne passagère m'a saisie à la lecture d'une partie du livre, une vague impression que Ruffin se posait en modèle, mettait trop en avant – par opposition à Macron - sa proximité avec les gens qui connaissent les fins de mois difficiles. Cette sensation s'est ensuite éclipsée, et je retiens la nécessité d'écouter, de questionner, de comprendre, de lutter également pour des causes de justice sociale et environnementale, aussi peu confortable que cela puisse être.