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Critique de Sachenka


Pendant le règne de Louis XIV, le monde était encore et vaste et, pour la plupart des Européens, encore largement inexplorés. Un de ces recoins inexplorés était l'Abyssinie (aujourd'hui, l'Éthiopie), un royaume fermé, isolationiste. Mais voilà que le négus, le roi, est sérieusement malade. C'est une occasion à ne pas manquer pour les différentes factions (à commencer par des ordres monastiques qui se font compétition pour convertir ces drôles de chrétiens). le pauvre M. de Maillet, diplomate en service au Caire, coincé entre ces factions, opte pour le secret et envoie le jeune médecin Jean-Baptiste Poncet, auquel se joignent son ami herboriste Juremi et un missionnaire jésuite.

L'Abyssin est beaucoup plus complexe et le résumer ainsi semble réducteur mais ce qui m'a marqué le plus est ce voyage des protagonistes vers le sud. L'émerveillement m'a accompagné tout le long de ma lecture. le Caire du début du XVIIIe siècle est grouillant, fascinant, avec ses quartiers respectifs et ses ruelles sombres qui se prêtent aux intrigues. Puis viennent les grands espaces, la chevauchée le long du Nil puis dans le désert, les petits villages, les routes sinueuses en montagnes, à dos d'âne. Quand les protagonistes arrivent à Gondar, on y croit à peine. C'est un monde nouveau, l'opulence, le cérémonial de cour, les rituels, etc. Exotisme garanti.

Cet émerveillement ne se dément pas. Étrangement, malgré l'épaisseur du bouquin et la rigueur historique à laquelle s'est conformé l'auteur Jean-Christophe Rufin, jamais je n'ai senti de lourdeur. Les nombreuses descriptions, à la fois précise et précieuses, sont bien intégrées à l'action. Tout est mesuré, parfait. Il en va de même des thèmes et des intrigues secondaires, qui permettent de balancer le récit. On retrouve deux histoires d'amour, des tractations diplomatiques, de l'espionnage, etc.. Et tout le sérieux de ces rebondissements est atténué par l'humour, provenant tant des situations cocasses (rencontres interculturelles obligent) que par des personnages frôlant parfois avec la caricature. À bien des égards, ce style rocambolesque me rappelait vaguement les écrits du XVIIe siècle, bien que les protagonistes démontrent d'une ouverture d'esprit en avance sur l'époque (tolérance, liberté, féminisme).

Le chemin du retour réserve quelques surprises et de nouveaux rebondissements. Après tout, Poncet doit bien rendre compte de tout ce qu'il a vu à Versailles ! Et peut-être obtenir des faveurs lui permettant de retrouver la jolie mademoiselle de Maillet… Vous l'aurez compris, L'Abyssin est un voyage dans le temps et dans l'espace à peu de frais. Je ne peux que vous encourager à lire ce roman.
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