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Critique de Floyd2408


Une émission, le roman de cette petite dame d'un âge certain, éclaire l'écran par sa mansuétude, très court, allant à l'essentiel de l'horreur sans manichéisme.
Ginette Kolinka, âgée de 94 ans, arpente de son physique de petite dame âgée, presque insignifiante, toute minuscule les écoles pour ne pas oublier, son discours est un lien reliant ces années sombres dans l'enfer des camps et ce présent en mouvement narrant l'indicible à ses élèves. de Birkenau, elle y retourne plusieurs fois par an, y accompagnant des jeunes écoliers et retrouve un paysage à la saveur âpre, d'amertume et nouvelle d'un nature balayant les structures du passé.
Ce court témoignage ne devait pas être dévoilé pour ne pas « embêter les gens », et grâce à La liste de Schindler film de Steven Spielberg, Ginette Kolinka commença à parler, pour aller à l'Union des déportés d'Auschwitz, de circonstance Ginette Kolinka se sentant complexée , timide et n'ayant pas fait d'études brise son armure pour s'ouvrir aux autres et cinquante-cinq ans après , retourne à Birkenau , et à chaque fois qu'elle y retournera aura cette réflexion glaçante tellement vrai à ses élèves.

« Surtout, fermez les yeux, ne regardez pas ! »
« Sous chacun de vos pas, il y un mort »

Aidé par Marion Ruggieri, journaliste et écrivain, Ginette Kolinka nous narre son passage au camp de concentration à Birkenau, comme le titre est révélateur, Retour à Birkenau, ouvre une blessure, le mot retour l'emporte encore une fois dans ce lieu où tant de personnes ont perdus la vie.
La pudeur, la timidité de Ginette Kolinka se diffuse dans ses pages où la mort rode à chaque instant, attendant, d'accueillir ses victimes dans l'antre de cette folie humaine. J'ai lu Si c'est un homme de primo Lévy, un roman narrant l'holocauste avec une telle froideur, un récit où l'homme est le prédateur de l'homme, Retour à Birkenau bouleverse par la détresse sourde de Ginette Kolinka, presque impalpable à l'horreur, transparente inconsciente des évènements, vivant comme Primo Lévy ce même enfer humain.
Ce court récit raconte l'histoire d'une jeune adolescente et de sa famille, dénoncée puis déporté séparé très vite de son neveu, petit frère et père, elle se retrouve toute seule dans l'antre des enfers, tel une âme en peine. Cette histoire glace par la froideur naturelle du récit, la sobriété des mots, le constat d'une jeune femme prise dans un fléau sans fin, secouée de toute part, rencontrant la mort à tout moment, l'amitié de deux jeunes filles Simone Jacob et Marceline Rosenberg.
Il y a le ces trajets, Marseille, Drancy, Birkenau, Bergen-Belsen, les usines Raguhm à Theresienstadt, en Tchécoslovaquie, et pour finir le retour au sanitaire à Lyon, ce périple grave en elle ces moments de froids, d'attente, de doute, de faim, de mort, de solitude, et d'espoir.
Une scène forte du roman se remémore au destin de cette jeune fille, venant d'apprendre inconsciemment qu'elle a envoyé son frère et son père à la mort des chambres à gaz, isolée des autres, vêtue comme une souillon d'une jupe et d'un tricot, Simone lui offre une robe qui lui sauvera la vie,

« Perdre le moral c'est précipiter la mort. »

Le lien entre ces trois femmes reste indéfectible, l'une devenu une personne politique importante pour la vie française et des femmes, Simone Weil, l'autre cinéaste Marceline Loridan-Ivens et enfin notre Ginette Kolinka, travaillant sur des marchés. Ces femmes resteront amies, d'une amitié inusable gravé d'un passé de déportation dans les camps de la mort.
Ce roman je l'ai dévoré en une fraction e seconde, une brisure du temps fige ce douloureux récit simple, de cette jeune femme crédule, innocente, ne cherchant pas à réfléchir, se mouvant au grès des situations, dans une flexibilité naturelle, une âme gentille au coeur noble, tel un ange perdu dans l'antre de l'enfer.

J 'aime cette pudeur de cette dame, se résumant avec cette dernière phrase.

"J 'espère que vous ne pensez pas que j'ai exagéré, au moins ."



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