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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans le silence d'Isra résonne le silence de toutes les femmes soumises aux diktats de coutumes et religions et qui paient au prix fort une vie réduite à rien.

Isra n'a que dix-sept ans en Palestine quand sa mère la marie de force à Adam. le jeune couple immigre en Amérique auprès de la mère d'Adam, Farida. Isra n'était alors qu'une enfant qui aimait lire et rêver à un grand amour. Malgré ses envies de s'acclimater à sa nouvelle vie, rien ne lui sourira. L'amour ne sera pas au rendez-vous et elle n'enfantera que de filles au grand désespoir de sa nouvelle famille. Progressivement, Isra va sombrer plus bas que terre partagée entre les traditions et l'envie d'une autre vie pour ses filles. Sarah, la soeur d'Adam sera la lumière de cette histoire à travers sa lucidité et ses ailes déployées. Les livres seront pour ces deux amies le pont vers des rêves plus cléments, réveillant une imagination et une fascination des plus salvatrices.

Ce roman oscille entre la vie d'Isra et des années plus tard de Deya, l'aînée de ses filles.
Etaf Rum décrit ici avec un réalisme effrayant et effarant les barrières et prisons qui s'abattent dés la naissance sur une fille arabe prise aux pièges dans les marasmes d'une religion dépassée et toxique. Les mères ici n'ont qu'un but, marier leur fille avec le premier venu, ne plus les revoir et souhaiter un fils à qui reviendra tous les droits, y compris celui de battre et de museler sa femme.

Ce roman est un coup de coeur. Il m'a chamboulée tant il est inimaginable de voir que de telles coutumes sont encore à la mode. Que l'amour et la liberté n'ont aucune valeur dans certains pays. J'ai eu mal au ventre durant toute ma lecture tant ce livre m'a oppressée. Ces hommes qui utilisent leur femme pour cuisiner, enfanter, élever les enfants, accuser de brimades et de coups ces femmes innocentes. C'est d'une réalité glaçante. J'espère que ce livre permettra à de nombreuses jeunes filles de trouver le courage et la force de sortir de ce carcan aliénant.

Impensable et inoubliable, un livre qui saigne, qui hurle, qui fait mal, qui marque.
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Isra, Sarah, Deya, trois Palestiniennes confrontées à la tradition qui a fait d'elles des enfants traitées différemment de leurs frères parce que nées filles. Trois jeunes femmes éduquées dans la croyance qu'elles sont des créatures honteuses et sans valeur qui méritent d'être battues. Des futures épouses et mères, dressées à être totalement dépendantes d'hommes — pères, frères ou maris — qui peuvent aller jusqu'à les tuer sans que leur famille et leur communauté n'y trouvent à redire. Pourtant Isra, Sarah, et Deya vont avoir le courage, au péril de leur vie, de tenter de se libérer de cet épouvantable carcan. Pour elles, pour leurs filles, pour toutes les générations de femmes à venir. Une libération où la lecture et les études, elles l'ont bien compris, sont essentielles. Largement autobiographique un roman que je termine attristée et révoltée contre tant de violence faite aux femmes, et qui m'a fait prendre conscience, si besoin en était, à quel point le chemin de l'égalité homme-femme est encore long.
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3 voix, 3 époques et une même condition : se taire et obéir.
Un seul rôle : servir et enfanter (des garçons de préférence), seule voie possible offerte à Farida, Isra et Deya, 3 femmes palestiniennes émigrées à New York, soumises au poids de leur culture et des traditions.
La première arrivée (et à se raconter) est Farida, mère de Sarah et d'Adam et belle-mère d'Isra, seconde et principale narratrice de ce texte intense. Mariée à 17 ans en Palestine par ses parents à un homme qu'elle a vu 2 fois et qui l'emmène dans la foulée vivre à Brooklyn, elle n'est que réserve et silence. Totalement soumise mais aspirant à l'amour et la liberté, ses désillusions seront à la hauteur de ses attentes à son arrivée en Amérique. Seuls les livres sauront combler son besoin d'ailleurs (tout comme ils seront également les compagnons de route de Sarah et de Deya).
Deya est la fille aînée d'Isra , elle est celle par qui les questions arrivent et la dernière à se dévoiler. Farida, sa grand-mère, cherche absolument à la marier alors qu'elle aspire à aller à l'université. Mais américaine par le sol et palestinienne par la culture, arrivera-t-elle à se faire entendre ?
J'ai dévoré ce roman polyphonique en un après-midi, totalement fascinée par l'histoire de ces femmes. J'ai frémi avec elles et aimé leurs velléités d'indépendance. J'ai espéré (parfois vainement), j'espère encore. Un très beau roman. Puissant. Une nécessité.
Un coup de coeur.




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Je pense que si j'avais pu mettre plus de 5 étoiles je l'aurai fait. Pourquoi ? Parce que ce roman m'a tout simplement bouleversée. Il n'y a pas d'autre mot pour définir ce que j'ai ressenti à la fin de ma lecture. « le silence d'Isra » est tout simplement un roman effrayant sur l'histoire de ces femmes soumises aux coutumes familiales et diktats religieux qui leur sont imposés tout le long de leur vie.

Etaf Rum nous raconte le destin de trois générations de femmes palestiniennes : Isra, Farida et Deya.

En 1990, Isra jeune palestinienne de 17 ans n'a pas le choix lorsque sa famille l'oblige à se marier avec Adam et l'envoie à Brooklyn vivre au sein de sa belle-famille. Malgré tout, jeune fille rêveuse grâce aux livres qu'elle lit en cachette, elle veut encore croire que l'amour existe ainsi qu'au bonheur qui va avec. Malheureusement, Isra va vite déchanter et perdre une à une ses illusions du rêve américain. Par sa belle-mère Farida, hautement attachée aux traditions archaïques, elle sera immédiatement soumise à la tyrannie et à la pression étouffante de devoir donner naissance à un fils. Adam, son mari ne fera rien pour l'aider car comble du déshonneur, Isra ne met au monde que des filles, dont Deya, sa fille ainée qu'elle rêve de sauver de ce destin déjà écrit pour elle.
Petit à petit, la jeune fille autrefois rêveuse va vivre cloitrée, recluse, silencieuse par la force des choses. Seule lueur dans ce monde de ténèbres, les livres que lui donne Sarah, sa belle-soeur révoltée et rebelle au sort qu'on lui réserve également.

En 2008, dix-huit ans plus tard, Deya est arrivée en âge de se marier et sa grand-mère, Farida y veille ! Il est grand temps de lui chercher un prétendant.
La jeune fille aura-t-elle le courage de s'extraire de cette fatalité et de ce carcan familiale ? Écartelée entre la tradition et sa soif de liberté, Deya prendra elle la bonne décision pour sa vie future ?

Dans ce magnifique premier roman, Etaf Rum décrit avec une force incroyable et un réalisme effrayant le combat que doivent livrer certaines femmes pour vivre libres et sortir de ces coutumes absolument révoltantes qu'elles soient religieuses ou familiales. Et ceci encore de nos jours !
C'est tout simplement un coup de poing que l'on reçoit en pleine face : captivante de bout en bout, il est tout simplement impossible de lâcher ce livre.

Mais c'est également un poignant hommage aux livres et à la littérature. Oui j'en suis sûre les livres peuvent sauver. Outre qu'ils nous font voyager, rêver, rire, pleurer… ils peuvent cela aussi ! Lorsque l'on a y a complètement accès, ils font partis de nous…. en tous les cas ils font partis de moi.

Véritable ode aux femmes et à la lecture, ce roman est à lire absolument parce que cette histoire est tout simplement inoubliable une fois lue même si vous en ressortez totalement chamboulée.

Puisse t-il être lu et servir à toutes ces jeunes filles afin de les aider à sortir du sort qui les attends encore de nos jours !
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Plantons déjà le décor, dans les grandes lignes:
Entre la Palestine des années 1990 aux années 2000
aux Etats-Unis. le récit se déploie sur plus de vingt-ans...à travers trois générations de femmes...

Un grand coup de coeur pour ce premier roman...avec des résonances
autobiographiques; Un hommage à la littérature et au courage incroyable de toutes les femmes écrasées, empêchées dans leur liberté et leurs capacités...

On fait connaissance du premier personnage féminin, centre de l'histoire, Isra, jeune fille aimant lire mais devant, étant une fille , se cacher pour le faire...

"- Les Contes des mille et une nuits. C'est celui que je préfère. (...)
- C'est plein de génies et de vizirs, des choses qui n'existent pas. Je préfère les histoires qui parlent de la vraie vie.
-Mais ça parle de la vraie vie, insista Isra. ça parle de la force et de la ténacité des femmes. Personne ne demande à Schéhérazade d'épouser le roi. C'est elle qui se propose, au nom de toutes les femmes, afin de sauver toutes les musulmanes en âge de se marier. Ces histoires qu'elle raconte pendant mille et une nuits, c'est la résistance. Sa voix est une arme, qui illustre le pouvoir extraordinaire des histoires en général, et la force des
femmes en tant qu'individus." (p. 134)

Isra sera mariée de force...De Palestine, elle émigrera, un mari acculé, mis sous pression par une mère terrifiante, gardienne inflexible des traditions les plus oppressantes... L'exploitation de sa belle-fille dévouée à son service, son obligation de faire au plus vite...un héritier...Mais Isra, se dévalorisant, se croyant maudite, ne mettra au monde que des filles !!...
Les pressions, humiliations... seront telles qu'elles mèneront au drame... mais je n'en dirai pas plus....

Le récit se fait à trois voix, alternance de trois générations... de femmes: Isra, sa fougueuse fille, Deya, et Farida, la grand-mère paternelle, mégère absolue !!... sans oublier un quatrième personnage féminin très, Sarah, la jeune tante paternelle de Deya, la première rebelle de cette famille palestinienne, qui s'enfuira pour éviter le mariage arrangé, deviendra libraire... et sera le soutien précieux de Deya, à l'approche du temps, où Deya, à son tour, sera dans l'angoisse de la présentation des prétendants selon les critères de sa grand-mère, qui l'a élevée et qui, au fil de ses années, ne s'est pas adoucie... dans sa rigidité aux règles ancestrales ...

Dans ce quotidien...la seule échappée pour ces femmes recluses, interdites d'exister, est le refuge dans la Lecture, pour tenter de garder la tête hors de l'eau !!

"Elle avait enfin compris. La vie n'était rien de plus qu'une méchante blague pour les femmes.
Une blague qui était loin de la faire rire.
"tu sais ce que c'est ton problème ? reprit Sarah.
-Dis-moi.
-Tu ne lis plus.
Je n'ai pas le temps de lire.
- Eh bien, tu devrais en trouver, du temps. ça te ferait beaucoup de bien. " (...)
-Alors lis en secret, comme moi. Ce n'est pas comme ça que tu faisais, en Palestine ?
-Si." Isra se laissa brièvement séduire par cette idée, avant de la rejeter, et sa propre soumission à l'ordre familial la frappa." (p. 208)

Ce qui est frappant toujours dans ces sociétés où les femmes sont des marchandises... les hommes sont terribles... mais les vrais poisons insidieux et toxiques sont les belles-mères, les mères des "Fils".... perdurant avec hargne à maintenir les règles d'enfermement de leurs belles-filles, ayant pourtant , elles-mêmes supporté brimades , dévalorisation, et harcèlement divers...

" Deya la dévisageait, impassible. Farida savait que sa petite-fille ne pouvait comprendre comment le déshonneur pouvait croître, muter et engloutir quelqu'un, ne lui laissant d'autre choix que de transmettre sa honte afin de ne plus être le seul à la supporter" (p. 359)

Mais l'histoire de notre famille palestinienne va devoir ouvrir les horizons, grâce à la détermination farouche de la petite fille, Deya et de sa tante, Sarah, qui lui ouvrira les yeux, lui fera profiter de ses propres expériences traumatisantes....

Un magnifique premier roman bouleversant, révoltant...captivant... qui nous offre un récit haletant... mais aussi, au terme du roman , des lumières d'espoir et de changements inespérés... dont la victoire de Deya , qui est parvenue à fléchir sa grand-mère pour obtenir le droit de s'inscrire à l'Université... [mais pas que...! ]. Une vraie pépite... merveilleusement habillée d'une jaquette très réussie et fortement symbolique { un ensemble de silhouettes féminines, colorées, voilées, de dos...) de Helen Zughaib " Women against the night"...
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Le silence d'Isra est paradoxalement une voix, la voix d'une femme descendante d'immigrés palestiniens, qui par ce livre, a voulu faire entendre la voix de toutes ces femmes, réduites au silence.
Ce livre nous conte des histoires de femmes, toutes palestiniennes, même si elles vivent à Brooklyn. Il y a Isra, jeune palestinienne arrivée à la suite de son mariage, perdue dans un pays et au milieu de gens qu'elle ne connait pas. Il y a Farida, sa belle-mère, qui perpétue la tradition. Il y a Sarah fille de Farida qui n'accepte pas le destin qu'on lui propose, mais aura-t-elle le choix. Il y a enfin Deya fille ainée d'Isra qui cherche sa voie (voix). Leur histoire est racontée sur deux époques : la première décrit le début du mariage d'Isra, son désespoir qui augmente au fur et à mesure qu'elle engendre des filles, la seconde se situe à l'adolescence de Deya quand elle cherche à la fois à échapper à un mariage arrangé comme le veut la tradition et à comprendre ce qui est arrivé à sa mère.
Le livre se passe à Brooklyn, dans les années 1990 et au-delà. Il pourrait se passer dans n'importe quel pays musulman conservateur (j'ai malheureusement tendance à penser que de nos jours, ceci est un pléonasme). C'est une des choses qui m'ont le plus marqué dans ce livre, le fait que ces femmes vivant dans un pays qui a symbolisé une terre d'espoir pour des millions d'émigrants au cours des siècles y vivent comme elles vivaient en Palestine, dans le même enfermement au milieu de leurs familles. Comment ces familles ont-elles réussi à maintenir la tradition, même si quelques brèches apparaissent ici et là : l'une des raisons, c'est que les femmes sont les premières à vouloir le faire, à ne pas laisser leurs filles envisager une vie différente. C'est une réalité qui m'avait déjà frappée dans le magnifique : Que sur toi se lamente le Tigre.
L'auteure décrit avec beaucoup de force la difficulté de ces femmes à faire des choix différents, et le sort funeste souvent réservé à celles qui osent. Être une femme est une malédiction, n'enfanter que des filles est un tort, qui vaudra à Isra de perdre le peu de considération que son mari et sa belle-famille avaient pour elle, de subir les coups, l'asservissement.
Et pourtant, au milieu de cet univers fermé, un moyen d'évasion existe, partagé par Isra, Sarah et Deya : la lecture. Les livres qui leur ouvrent des horizons qu'elles n'ont pas le droit de connaitre. Ce roman rend aussi hommage aux livres.
Une lecture forte, qui remue, malgré quelques pages parfois redondantes, un style parfois un peu maladroit. Peu importe, j'ai été fascinée, révoltée, emportée. Quatre cent pages dévorées en moins d'une journée (mais quelques heures de la nuit).
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Ce que j'ai ressenti:

Personne n'a pu vous raconter une histoire telle que celle-ci. Personne. Parce que sinon, le déshonneur serait absolu. Personne n'a pu vous parler de ce mal, parce qu'il reste secret, bien enfermé dans les foyers. Personne ne peut vraiment dire ce qu'il se passe derrière la façade des maisons…À moins que l'une de ces filles, issue d'une famille d'immigrés palestiniens, décide de faire entendre sa voix, d'écrire pour ces femmes, de briser les silences…Parce que le silence n'a jamais sauvé personne, Etaf Rum puise dans les mots, une magie bienfaitrice. Ce roman est puissant, et parce qu'il est un hommage à la littérature et à la sororité, il me paraît essentiel de vous dire que c'est un coup de coeur!

Elles auraient pu connaître l'amour, la liberté, le bonheur. Elles en rêvaient. Les livres leur avaient donné cet espoir. Elles y croyaient….Mais la vraie vie, n'est pas une jolie histoire à l'eau de rose. Isra, Deya, Sarah, Farida, Nora, Hannah…Elles sont femmes, mères, soeurs, tantes, amies…Leur seul malheur, c'est d'être né femme mais elles ne le savaient pas encore…Elles vont comprendre au fur et à mesure de l'avancée de leur puberté, qu'elles seront bientôt mariées, qu'elles ne seront destinées qu'à procréer et servir un homme qu'elles n'auront pas eu la chance de choisir, qu'elles ne pourront pas suivre des études, qu'elles resteront exclusivement dans l'enceinte de leur foyer, cloîtrées. C'est comme ça que le veut la tradition, et c'est comme ça qu'elle se perpétue de génération en génération, et la femme n'a pas voix au chapitre…Quel que soit le pays où elles se trouvent, aussi libre soit-il, elles ne connaissent que les quatre murs qui les enferment…Mais quelques unes, résistent, grâce à ce petit objet carré, qu'elles tiennent dans leurs mains…

Le silence d'Isra, c'est l'histoire de ces femmes confinées qui cherchent une voie salvatrice. Lire ce roman, c'est d'abord entrevoir la détresse de ces femmes recluses, la ressentir jusque dans les os, avoir le coeur qui se déchire dans le silence qui les entoure, toutes et chacune d'entre elles. Quoi qu'il arrive la contrainte de la famille et le poids des traditions sont si accablants, qu'aucune n'entrevoit la possibilité d'une libération…Et pourtant, sans trop spoiler, on voit un mince espoir s'infiltrer dans cette étrange captivité. le pouvoir des mots. Lire et écrire devient une aide. Avec cette histoire poignante Etaf Rum, on peut entendre de l'intérieur ces femmes victimes de mutisme et d'invisibilité. Et s'il ne tenait qu'à nous de leur faire un peu lumière et de bruit, de les aider à faire éclater leur silence? Et puisque, j'ai la chance d'avoir le choix, je vais une prophétie auto-réalisatrice, je vais croire de toutes mes forces que c'est possible…


Ma note Plaisir de lecture 10/10

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Le roman suit trois générations de femmes palestiniennes immigrées à Brooklyn, des années 90 aux années 2000.
Isra, la première, est une jeune fille qui vit en Palestine, ses parents lui trouvent un mari et elle part vivre à Brooklyn dans sa belle famille, elle n'y connaît personne, elle ne reverra jamais les siens. C'est une jeune femme qui parle peu, renfermée sur elle-même. Dans son nouveau foyer, elle tombe sous le joug de Fatima sa belle mère, tyran domestique, gardienne des traditions séculaires qui résistent au temps. Celle-ci la traite comme une domestique. Son mari fuyant qui lui parle quasiment pas, part le matin tôt travailler dans l'épicerie familiale et rentre tard le soir. Il passe ses nerfs sur elle et la frappe. Dans ce quartier de Brooklyn, tous les voisins se connaissent et beaucoup viennent de Palestine. Tout le monde craint le déshonneur pour les femmes et les filles qui doivent être tenues d'une main de fer, impossible à une femme de sortir dans les rues non accompagnée. Les femmes sont cloîtrées dans leur foyer. Isra, par comble de malchance, ne mettra au monde que des filles, au grand dan de sa belle mère et de son mari. Elle se retranche de plus en plus, s'isole dans sa chambre,perd le goût de vivre.
Fatima, la belle mère, a eu une enfance difficile, elle a vécu dans un camp en Palestine. Mais avec son caractère fort et dominateur, elle a su s'imposer face à son mari et ses enfants. Au lieu de protéger sa belle fille, elle lui fait subir ce qu'elle a subit. C'est une femme dure, qui ne s'appitoie pas
Deya, une des filles d'Isra, est née en Amérique. On est dans les années 2000, les choses ont évolué doucement. Elle veut aller à l'université, alors qu'en principe les filles se marient et n'y vont pas. Elle va résister à sa grande mère qui l'élève, car celle ci veut la marier.
J'ai beaucoup aimé ce roman que je trouve très maîtrisé pour un premier roman. L'histoire est passionnante, et se lit comme un page Turner. On ne peut qu'être révolté de voir comment les femmes sont traitées dans une société formatée où elles n'ont aucun droit. Où elles sont battues régulièrement par leurs pères et maris en toute légalité.
Etaf Rum, étant elle même palestinienne immigrée aux usa, nous livre certainement une petite partie de son histoire dans ce roman.
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Un roman puissant nous confie Etaf Rum avec le silence d'Isra.
Sensible j'ai été au fil de toutes ces pages aux côtés d'Isar, de sa fille Deya, de Farida et de tous les autres.
Cette lecture m'a donné à réfléchir sur le fait, je pense, qu'il n'y a pas de gentils et de méchants, de frontières, de pays, il y a juste, à mon sens, des barrières que nous nous infligeons à ne pas outre passer, des codes imposés, des règles à respecter, au nom de quoi ?
Trop souvent du regard de l'autre, d'une communauté, d'un système politique, sociologique et culturel......
Notre mission de chaque jour ne serait -elle pas d'être en veille afin de ne pas nous laisser d'une certaine façon enfermé dans des idées, des façons d'être au monde transmises de générations en générations.
Ne pensez vous pas que des traditions, peuvent ainsi créer des cycles atroces comme le comprend enfin Fatima, un jour.
Puis d'autres parviennent par des énergies différentes à détruire les murs de leurs prisons pour gagner une liberté d'être.
C'est cela la LIBERTE d'être ce que je suis, ce que sommes.
Même l'homme le plus violent répond à un système dans lequel il s'est laissé enfermer, ne suffirait-il pas juste de laissé entrer la lumière pour voir combien la vie peut être différente. Si les parents d'Adam, eux même victimes de la guerre en Palestine, avaient su écouter les appels de leur fils Adam, le destin d'Isra aurait pu être différent.
Pour cela les livres ont leur mission dans le monde, tout autour de nous et pour chacun d'entre nous, Sarah l'a compris tout autant qu'Isra et sa fille.
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J'ai la chance d'habiter une grande ville qui n'est pas dépourvue de librairies ; de grandes, très grandes librairies, là où vous êtes quasiment sûr de trouver LE bouquin que vous cherchez, que ce soit un roman, un essai, une BD ou un ouvrage religieux ou dédié au voyage ; puis, aussi, de nombreuses librairies indépendantes où j'aime me rendre régulièrement, rien que pour le plaisir de fouiner dans les rayons. Et lors de ces occasions, lorsqu'il n'y a pas beaucoup de monde et que le ou la libraire est disponible, je demande un conseil de lecture sur un des derniers romans qu'il ou elle a lu. C'est ce qu'il s'est passé pour le silence d'Isra. La libraire, très accueillante, souriante et ravie de discuter littérature, m'avait parlé de ces trois dernières lectures coup de coeur, j'ai opté pour celui-ci car je n'en avais pas du tout entendu parler, contrairement aux deux autres. Et que dire si ce n'est que j'ai adoré ma lecture.

1990 : Isra est une jeune Palestinienne dont la seule perspective d'avenir est le mariage, s'occuper de son mari et faire des enfants. Sa future belle-famille, des Palestiniens qui ont émigré aux Etats-Unis, vient la chercher pour la ramener à New York. Il va de soi qu'elle n'a pas son mot à dire et qu'elle se retrouvera bientôt, à 17 ans, loin des siens mais aussi loin des rêves qu'elle espérait en secret grâce aux livre qu'elle dévore en cachette. Très rapidement, elle tombe enceinte ; mais elle ne donne pas naissance au fils espéré mais à une fille. Trois autres suivront.

2008 : Deya, fille aînée d'Isra, est une jeune Arabe élevée dans l'Amérique occidentale. Elle a 18 ans et sa grand-mère souhaite la marier à tout prix, et rapidement. Mais Deya a quant à elle d'autres ambitions, notamment celle d'aller à l'université.

Je n'en dirai pas davantage sur l'histoire, c'est à sa lecture que vous découvrirez la vie de ces femmes, Isra, Deya, Farida et bien d'autres encore. En dire davantage serait « divulgâcher ».

Je suis sortie pour ma part totalement bouleversée par ce roman. J'étais à côté de ces femmes et suis passée par tous les sentiments possibles et inimaginables.
L'incompréhension (mais pourquoi accepter ces traditions archaïques?)
La colère (mais pourquoi ne se rebellent-elles pas davantage?)
La peur, pour Isra particulièrement.
La joie quand de petites avancées pointaient le bout de leur nez.
La tristesse, enfin, quand j'ai tourné la dernière page de ce livre.

J'ai compris surtout qu'il serait très difficile pour moi de comprendre ces traditions d'une autre culture mais surtout d'un autre temps. J'ai une soeur et nous sommes nées au sein d'une famille où nos parents voulaient avant tout des enfants et, en prime, à choisir, préféraient avoir des filles. Là, je n'avais qu'une envie, serrer Isra et ses quatre filles dans mes bras et leur dire que ça allait bien se passer, qu'elles étaient légitimes et aimables, au sens premier du terme.

J'ai aimé ce lien entre toutes ces femmes, enfermées dans un carcan dont certaines ne pouvaient pas s'extraire pour des raisons d'éducation ou de condition qu'elles estimaient justes et normales. Encore une fois, l'éducation, les livres, l'ouverture aux autres sont des clefs permettant de sortir de ce schéma mortifère.

Quant à l'écriture, je l'ai trouvé très maîtrisée pour un premier roman, et très juste. Il y a certes à quelques moments des répétitions mais, pour ma part, elles ne m'ont pas gênée d'autant que je ne les avais pas nécessairement repérées. Elles servaient l'histoire selon moi.
Si le récit alterne entre présent et passé et d'une protagoniste à une autre, il est néanmoins assez linéaire et les chapitres s'enchaînent à la perfection, jusqu'au final où tout prend sens. La toute dernière phrase de l'histoire résonne encore en moi au moment d'écrire ces quelques lignes.

Un dernier point, le livre objet. Je loue une nouvelle fois les éditions de l'Observatoire, la police d'écriture est agréable, le grain du papier aussi et la couverture très belle.

En résumé, j'ai commencé à pleurer trois ou quatre pages avant de fermer définitivement le livre. Parce que j'étais entrée totalement en empathie avec les personnages; parce que je n'avais pas envie de les quitter: signe que ce fut un beau coup de coeur. A lire, à faire lire, aux femmes, aux hommes, aux filles, aux garçons, aux jeunes, aux vieux ; à prêter, à faire voyager.
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