La vigne séculaire qui rampe dans la cour paisible, et étreint la maison du travail, n'est pas une vigne païenne dédiée aux dieux des folles joies, c'est le cep pieux sous la sauvegarde duquel Plantin publia ses premiers livres avec la devise : «Vitis vera Christus», c'est le symbole de sa foi inébranlable et de sa confiance en Dieu.
Au milieu du calme ensommeillé qui règne dans les salles du Musée Plantin-Moretus rôde encore l'âme du fondateur de la Maison, celle aussi de ceux qui, venus après lui, ont continué et achevé son oeuvre. Tout ce qui nous entoure dans cette maison nous rappelle ces disparus : le style et l'aménagement intérieurs nous révèlent leur caractère, la moindre pierre porte l'empreinte de leur conception de la vie. Le Musée Plantin est, moins que tout autre musée au monde, un catalogue didactique pour les érudits et les critiques.
Dès la fin du XVe siècle Anvers était déjà le Port le plus important des Pays-Bas, mais sa puissance économique grandit encore en même temps que s'étendait son hégémonie sur toutes les provinces flamandes, brabançonnes et hollandaises. A la suite du déclin total de Bruges, et surtout depuis la découverte du nouveau monde, Anvers devint l'entrepôt tout désigné dans les pays septentrionnaux pour le commerce de l'Espagne et du Portugal, le carrefour naturel où se croisaient les routes internationales.