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Critique de Afleurdelivres


De la mémoire collective à la mémoire intime, du traumatisme collectif au trauma intime.
Le point de départ de ce touchant et troublant roman est le désir de Monica Sabolo d'écrire sur un fait divers, une histoire qui serait « éloignée d'elle ». Après avoir écouté un épisode « d'affaires sensibles » sur France Inter elle comprend qu'elle tient son sujet et commence à enquêter sur le groupe terroriste d'extrême gauche Action directe qui a sévi en France à partir de 1979, dans la fièvre contestataire des années de plomb, jusqu'à l'assassinat du PDG George Besse en 1986. Au fil de l'enquête elle trouve pourtant une résonance avec son histoire personnelle : « Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et l'écho de la violence ».

Deux voies vont progressivement s'ouvrir à elle : celle du récit sur AD et un autre plus intime, une enquête sur ses origines. En plus de se documenter sur le groupuscule et d'interroger certains de ses membres, en parallèle elle observe fiévreusement les photos familiales et déterre des souvenirs ensevelis. Aspirée dans une matrice qui la ramène vers le passé, elle va exorciser un mal lié à son énigmatique père Yves S. Elle étudie communément les photos des membres d'AD surtout celles de Nathalie Menigon et Joëlle Aubron en s'interrogeant sur les raisons qui ont poussé ces deux femmes dans la spirale terroriste au point d'en devenir sanguinaires.

Peu à peu la vitre embuée qui la sépare d'elles devient plus nette alors qu'inversement la limite entre le bien et le mal se trouble. La trajectoire de l'écrivaine, bien que différente, se superpose à celle des protagonistes et dans un jeu de miroirs déroutant leurs émotions se reflètent.

L'auteure nous touche de par ses doutes, sa sensibilité, ses maladresses, les questions existentielles qu'elle soulève, la résurrection de sa mémoire enfouie. On assiste à la genèse du roman et comment petite et grande Histoire finissent par se confondre avec comme liants le silence, la transgression, la vie clandestine.

« Serait-il possible que l'Histoire ne parle en vérité que de nous-mêmes ? ».
Monica Sabolo y répond avec grâce.
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