AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,49

sur 629 notes
°°° Rentrée littéraire 2022 # 18 °°°

Dans un prologue très drôle empli d'autodérision, Monica Sabolo raconte comment elle a commandé une buse empaillée à queue tordue sur Ebay avant d'écouter un épisode d'Affaires sensibles à la recherche d'un sujet pour un prochain roman qu'elle voulait le plus éloigné d'elle, juste un fait divers, « quelque chose de facile et d'efficace » et qui se vendrait bien. Ce sera l'assassinat du P-DG de Renault, Georges Besse en 1986 par l'organisation terroriste d'ultra-gauche Action directe.

Monica Sabolo se lance dans une enquête très fouillée absolument passionnante à suivre sur les deux femmes du commando, condamnées en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron. Même si elle dresse un tableau complet de l'histoire d'Action directe qui a revendiqué plus de 80 attentats et assassinats en France de 1979 à 1987, ce qui intéresse l'autrice, c'est la personnalité de ces jeunes femmes aux allures anodines de gamines qui ont tué sans flancher au nom d'une idéologie. J'ai particulièrement apprécié que l'autrice n'invente rien ni ne cherche à romancer ni à proposer une analyse historico-politique, seulement guidée par une compréhension intuitive de l'intime et de l'humain.

Et puis le récit qu'elle voulait écrire fait une grosse sortie de route et se transforme en une double enquête, celle sur les membres d'Action directe et celle sur ses origines. le passé remonte à la surface « à la façon d'un cadavre gonflé d'eau ». Pendant une bonne moitié du livre, on ne comprend pas vraiment pourquoi elle veut à tout prix tisser des liens entre la vie clandestine choisie par les membres d'Action directe et sa vie clandestine à elle, à qui on a caché l'identité de son géniteur, elle qui a été abusée par son père officiel. Mais elle reste sur cette déstabilisante ligne, les enquêtes gigognes continuent à s'entremêler.

Dans le dernier tiers, il y a quelque chose qui se passe lorsque Monica Sabolo rencontre longuement les survivants d'Action directe. Hellyette Besse, amie de Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron, qui tient la librairie anarchiste parisienne le Jargon libre, puis Claude Halfen, membre d'un commando, et surtout Nathalie Ménigon, libérée en 2008. La démarche de l'autrice s'éclaire enfin.

En fait, La Vie clandestine est un récit sur la mémoire. Monica Sabolo ne se cache plus derrière une atmosphère onirique et éthérée comme dans ses précédents romans. Ici, tout est clair, explicite, sans fard. Et c'est très touchant de lire avec quelle délicatesse et sincérité elle se livre pour évoquer le mécanique de dissociation qui s'est mis à l'oeuvre en elle pour surmonter l'inceste, tout comme il s'est mis à l'oeuvre auprès des ex-membres d'Action directe qui continuent à vivre en ayant tué. Comme son père, ils ne regrettent rien.

Dans cette quête intime, Monica Sabolo se laisse porter par les voix de ceux qu'elle rencontre pour s'échapper loin de la violence et toucher à la possibilité de pardonner. Je referme ce livre totalement convaincue alors que j'ai passé au moins la moitié de ma lecture dans le brouillard.

Commenter  J’apprécie          14110
De la mémoire collective à la mémoire intime, du traumatisme collectif au trauma intime.
Le point de départ de ce touchant et troublant roman est le désir de Monica Sabolo d'écrire sur un fait divers, une histoire qui serait « éloignée d'elle ». Après avoir écouté un épisode « d'affaires sensibles » sur France Inter elle comprend qu'elle tient son sujet et commence à enquêter sur le groupe terroriste d'extrême gauche Action directe qui a sévi en France à partir de 1979, dans la fièvre contestataire des années de plomb, jusqu'à l'assassinat du PDG George Besse en 1986. Au fil de l'enquête elle trouve pourtant une résonance avec son histoire personnelle : « Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et l'écho de la violence ».

Deux voies vont progressivement s'ouvrir à elle : celle du récit sur AD et un autre plus intime, une enquête sur ses origines. En plus de se documenter sur le groupuscule et d'interroger certains de ses membres, en parallèle elle observe fiévreusement les photos familiales et déterre des souvenirs ensevelis. Aspirée dans une matrice qui la ramène vers le passé, elle va exorciser un mal lié à son énigmatique père Yves S. Elle étudie communément les photos des membres d'AD surtout celles de Nathalie Menigon et Joëlle Aubron en s'interrogeant sur les raisons qui ont poussé ces deux femmes dans la spirale terroriste au point d'en devenir sanguinaires.

Peu à peu la vitre embuée qui la sépare d'elles devient plus nette alors qu'inversement la limite entre le bien et le mal se trouble. La trajectoire de l'écrivaine, bien que différente, se superpose à celle des protagonistes et dans un jeu de miroirs déroutant leurs émotions se reflètent.

L'auteure nous touche de par ses doutes, sa sensibilité, ses maladresses, les questions existentielles qu'elle soulève, la résurrection de sa mémoire enfouie. On assiste à la genèse du roman et comment petite et grande Histoire finissent par se confondre avec comme liants le silence, la transgression, la vie clandestine.

« Serait-il possible que l'Histoire ne parle en vérité que de nous-mêmes ? ».
Monica Sabolo y répond avec grâce.
Commenter  J’apprécie          1278
Alors qu'avec l'intention d'y consacrer un roman, elle enquête sur l'histoire du groupe terroriste d'extrême gauche Action Directe, l'auteur est bientôt prise, au dépourvu, d'un immense trouble. Plus elle avance dans ses recherches, plus sa propre histoire resurgit, marquée par un traumatisme d'enfance et trouée par les secrets d'une famille au double fond clandestin.


C'est d'abord son enquête, plus complexe que prévu, qui la déstabilise, au fur et à mesure qu'elle « s'infiltre » au plus près des membres d'Action Directe, et qu'incapable de comprendre comment des gens apparemment normaux - en particulier les deux jeunes filles qu'étaient Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron lorsqu'elles ont abattu Georges Besse - ont pu tuer de sang-froid, elle finit pourtant par en dresser des portraits humains, éclairés par les idéaux qui les ont menés au choix des armes et de la violence meurtrière. « Je n'arrive pas à me faire d'opinion ni sur les êtres, ni sur leurs actes. » « Je ne sais toujours pas qui ils sont, tous, mais je dois faire face à une idée troublante : entre eux et moi, un lien se tisse. Ils ne me sont pas aussi étrangers que je le voudrais. » « M'apparaît désormais cette dangereuse éventualité : celle de les comprendre, ou même, à certains égards, de leur ressembler. »


Car, pis encore pour l'auteur, cette violence assumée, sans remords ni regrets, la ramène inexorablement aux décombres de son propre vécu, enfouis sous les couches sédimentées du silence familial. Comme les terroristes d'Action Directe lui paraissent errer « dans les souterrains du monde », elle-même vient « d'un lieu de ténèbres », clandestinement tapi sous les apparences les plus banales. Clandestine, sa naissance à Milan dans les années soixante, d'un homme marié qui abandonne sa mère. Clandestine, son adoption à ses trois ans par le mari de sa mère, Yves S., un spécialiste de l'art précolombien aux activités elles aussi entachées de mystère, qu'on lui fera prendre pour son père jusqu'à ce qu'elle soit presque trentenaire. Clandestine enfin, cette chose innommable entre elle et cet homme qui se met bientôt à abuser d'elle.


Alors, pendant qu'elle s'interroge à double titre sur le crime et le passage à l'acte, sur la culpabilité et le pardon – Yves S. ne lui a-t-il pas asséné bien des années plus tard, quand enfin elle avait osé lui parler, que « ce genre de choses [l'inceste] arrivait tout le temps, dans les familles », que « c'est très courant » –, les deux strates de son récit, enquête documentaire et introspection personnelle, finissent par se fondre en un seul cheminement, à la recherche d'une réponse autant individuelle qu'universelle à ces questions : comment en sommes-nous arrivés là ? Que faire pour ne pas nous laisser dévorer par notre part de nuit ?


Confondant de sincérité autant que de finesse de réflexion et de somptuosité d'écriture, ce livre vous happe pour ne plus vous lâcher que suspendu entre émotion et admiration. Un ouvrage de grande facture, assurément. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          824
Une autrice en mal d'inspiration cherche désespérément le sujet de son prochain livre. Elle s'appelle Monica Sabolo et nous partage dans un long prologue son désarroi.

Tout est bon à saisir au passage dans cette recherche d'inspiration : l'achat d'une buse naturalisée, un appartement dévasté par les eaux, l'évocation d'un pigeon voyageur, comme tout ceci est beau déjà à la manière d'un continent englouti où il faut revenir à la surface.

Tout est bon à saisir, le sujet d'une famille par exemple... Lorsqu'on est en mal d'inspiration, quoi de mieux que d'aller convoquer la plus belle scène de tragédie qui soit au monde : j'ai nommé la famille ! Parfois cela peut donner aussi dans le tragi-comique. Chez Monica Sabolo, la famille ressemble à quelque chose qui tient de la vie clandestine, comme elle, comme sa mère, comme son père biologique et comme celui qui la reconnaîtra... Un lieu de ténèbres, un monde creusé de galeries, hanté par les secrets qui suintent sur les parois... C'est le monde d'où surgit Monica Sabolo et dans lequel elle nous invite à entrer.

Mais cela ne suffit pas pour en écrire un livre. À la faveur d'une émission de radio écoutée sur France Inter, - Affaires sensibles et l'indicible phrasé mélodramatique de Fabrice Drouelle, elle va avoir comme une révélation... L'Assassinat de Georges Besse en 1986 par Action Directe, un groupe révolutionnaire d'extrême gauche. Elle tient son sujet, elle peut avancer à présent, peut-être pas encore dans la lumière qu'il faut apprendre, réapprendre à apprivoiser, elle a encore quelques comptes à régler avec son passé, le passé familial.

« le livre que j'écris est une arme de destruction massive ».

Après, ce sera peut-être une autre histoire...

Le livre, - roman, enquête, autobiographie ? un peu tout cela sans doute, dans lequel nous entraîne avec fulgurance Monica Sabolo, est une plongée dans le récit d'un groupe terroriste des années 80.

Le 17 novembre 1986, le groupe abat froidement Georges Besse, P-DG de Renault, patron qu'on dit juste et respecté, père de famille, époux comblé. Ce n'est pas leur premier assassinat...

Ils sont jeunes et vont devenir les ennemis publics n°1, ce seront alors à cette époque parmi les personnes les plus recherchées par toutes les polices de France.

De cette période violente, sanglante et tragique dont je me souviens bien car j'avais vingt-quatre ans, Monica Sabolo va en faire une oeuvre romanesque, éblouissante, majestueuse.

Oui, je me rappelle leurs quatre visages qu'on voyait affichés un peu partout, à l'entrée des bureaux de poste, des mairies, de tous les lieux publics et même des grandes surfaces : Joëlle Aubron, Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani. Impossible d'oublier ces noms.

La vie clandestine peut commencer, la sienne, celle des siens, celle des autres, celle de ces quatre fugitifs à la belle idéologie de justice et de fraternité au départ, qui vont devenir des assassins.

On ne sait pas où commence, où finit l'imaginaire de Monica Sabolo ? Quelle est la part de vérité dans tout cela ? Et la vérité des uns est-elle la vérité des autres ?

Elle est alors aspirée vers cette histoire et nous y entraîne comme dans une spirale vertigineuse et sidérante.

« le réel s'adresse-t-il toujours à une part secrète, inconnue de nous, qui nous mène exactement là où elle désire ? Serait-il possible que L Histoire ne parle en vérité que de nous-mêmes ? »

Je me souviens de cette époque où j'avais dix-huit ans. J'ai voté pour la première fois de ma vie en 1981, l'année du changement. On évoquait déjà les combats d'Action Directe. Je cherchais à me construire une opinion politique. Je n'ai jamais aimé la violence. Mais vouloir changer le monde, combattre les injustices sociales, chercher à prendre comme modèle quelqu'un comme Ghandi plutôt que Che Guevara, je trouvais que cela avait plus de sens, - l'a toujours, même si à l'époque les affiches du Che punaisées dans des chambres d'ados étaient davantage monnaie courante...
Le dessein d'Action Directe était aussi de vouloir changer le monde. Il pouvait être séduisant, épris de justice sociale, de solidarité, de fraternité... Mais voilà ! Ils ont choisi un itinéraire de violence et de sang que j'ai toujours désapprouvé. Monica Sabolo aussi, mais elle veut comprendre, aller plus loin.

« Cette histoire est bien trop complexe, je n'arrive à me faire d'opinion ni sur les êtres ni sur leurs actes. »

Très vite, on comprend l'objet de la trame narrative : osciller entre ces deux histoires, y dresser des passerelles, peut-être aussi des souterrains, c'est plus pratique pour opérer en clandestinité, Monica Sabolo contourne les pièges de l'exercice avec brio, ne pas rendre ces personnages plus sympathiques qu'ils ne le sont, pas moins non plus, ne pas en faire des figures romantiques. En faire des êtres humains, ce qu'ils sont, les restituer ainsi, puisqu'ils ont assumés leur peine...

« Ces personnages insaisissables, avec la douleur qui est la leur et celle qu'ils ont infligée. »

En faire des êtres solidaires, c'est clair, on ne pourra jamais leur reprocher cela durant leur procès. Ils feront la démonstration d'une loyauté sans faille entre eux, un papier à cigarette n'aurait pas pu passer entre eux... Jamais on ne saura par exemple qui a tué Georges Besse...

« Il y a là toute la superbe de l'honneur et de la fraternité, quelque chose d'insensé et de crépusculaire aussi, l'adieu à un monde auquel on a renoncé. »

Et comment ne pas se laisser au passage surprendre par quelques personnages étonnants comme cette octogénaire, libraire libertaire, sorte de Ma Dalton façon Mesnilmontant... Ce qui donne envie de la rencontrer, c'est sa manière claire et sans ambiguïté de s'être inscrite en faux contre la violence sanguinaire d'Action Directe, tout en sillonnant inlassablement la France en train durant plus de 20 ans pour rendre visite à ses membres au parloir des prisons...

Monica Sabolo veut savoir comment on vit avec cela, pendant et après...

Elle enquête alors à sa manière...

« La clandestinité n'est pas aussi romantique qu'on pourrait le croire : on imagine une vie trépidante, loin de la cité et des institutions, un lieu sauvage que l'on habiterait tel un bois, comme le font les amants, les druides et les poètes. En réalité, ce n'est pas l'expérience de la liberté mais celle de l'entrave. »

Monica Sabolo dévoile la vie clandestine de ces quatre jeunes gens. Elle creuse, elle creuse sous terre comme une fourmi frénétique, elle creuse des galeries vers son histoire familiale...

Dans une écriture en cavale, quasiment lyrique, éblouie de la lumière des mots, Monica Sabolo convoque les ténèbres pour nous entraîner dans les méandres d'une forme de désarroi profond, évoque dans ce chemin le poisseux, l'indicible et surtout peut-être l'inavouable...

Entre eux et elle, un lien se tisse ; la mémoire du passé surgit, dans son corps aussi.

C'est magnifique.

« Je cours après une histoire engloutie à la suite d'un tremblement de terre ou d'un raz-de-marée. »

La prose de Monica Sabolo est percutante, lumineuse, s'enroule comme des lianes et nous enroule avec elle aussi. J'ai adoré cette écriture qui m'a envoûté. C'est une écriture belle et cruelle, qui nous invite à fouiller dans nos vies familiales...

Ici l'intérêt du texte n'est pas à proprement dit cette enquête tirée d'une chronique judiciaire, - bien qu'elle tente d'effleurer l'insondable de ces âmes en cavale, non c'est bien un autre récit qui tient lieu de paysage, le désordre d'un coeur, celui de l'autrice où viennent se mêler des pas égarés dans l'entrelacement de deux histoires.

La mémoire est une porte secrète et fragile qui s'ouvre sur d'autres portes ténébreuses et violentes. C'est depuis cette rive d'où elle écrit cette histoire que Monica Sabolo nous tend la main.

« Nous nous débattons, tous autant que nous sommes. Nous cherchons un sens aux choses que nous avons faites , et à celles que l'on nous a faites, nous sommes entortillés dans le passé comme dans un drap mouillé. Les visages s'effacent, mais le chagrin demeure. Il irradie, il voyage, d'une génération à l'autre, d'un coeur à l'autre. L'histoire s'insinue en nous, elle se recompose, se déplace et se transforme, renvoyant des ondes et une énergie nouvelles, sans même que nous sachions à quoi elles font écho.
Je sais désormais que le temps ne passe pas. »

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour cette belle et surprenante découverte en avant-première de la rentrée littéraire, dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée.
Commenter  J’apprécie          7216
J'avais découvert Monica Sabolo avec son livre "Summer" il y a quelques années mais je ne m'attendais pas à la découvrir sous un angle totalement différent ici, beaucoup plus complexe mais tellement vraie. Lorsque j'ai reçu la proposition de babelio pour s'inscrire pou une Masse critique privilégiée, je n'ai pas hésité longtemps mais il était bien spécifié qu'il y avait un embargo pour ce livre et qu'aucune critique ne devait être publiée avant le 15 août. C'est bon, nous sommes le 16, contrat respecté ! J'ai fait traîné ma lecture pour cette raison il est vrai mais également car, avec cette lecture, qui d'après ce que j'ai vaguement constaté, en a enthousiasmé plus d'un (je n'ai pas encore eu le temps de lire les autres critiques mais je ne manquerai pas de le faire mais seulement après avoir publié la mienne) mais j'avoue que j'ai parfois été un peu perdue dans les faits politiques qui sont retranscrits ici (et le fait que je venais à peine de naître au moment des faits n'excuse pas cette ignorance).
Tout d'abord, avant de rentrer plus dans les détails, je remercie chaleureusement babelio ainsi que les éditions Gallimard pour l'envi de cet ouvrage et le fait de m'avoir incité à sortir un peu de mon ignorance.

Monica est en quête d'un sujet pour son nouveau livre et, en panne d'inspiration, elle décide de s'attaquer à un sujet qu'elle croit bien connaître : à savoir un parallèle entre sa famille et les actions du parti d'extrême-gauche Action directe qui a beaucoup fait parler de lui dans le années '80.
Plus que tout, elle va s'intéresser au cas de deux femmes exactement, à savoir Joëlle Aubron et Nathalie Ménignon. Deux femmes que tout oppose et qui pourtant n'ont jamais été aussi proches dans leurs idées et les idéaux qu'elle défendent à tout prix. Luttes armées, violence envers les forces de l'ordre mais aussi contre les représentants d'un esprit capitaliste, braquages de banque et j'en passe, c'est tout cela qui est décrit en filigrane ici. Certes, ces deux femmes n'agissent pas seules mais sont un parfait exemple du fait que dans cette organisation (terroriste ?), les femmes elles aussi sont en première ligne. Monica Sablo les compare quelquefois à sa mère qui a disparu de leurs vies, de la sienne et de celle de don frère, du jour au lendemain, sans laisser d'explication, et qui a trop souvent fermé les yeux, sur les actions qu'Yves S. son père sur le papier certes puisqu'il l'a officiellement reconnue à l'âge de 3 ans (vous aurez donc bien compris que ce dernier n'était pas son père biologique mais au fond, cela a t-il réellement de l'importance ?) , avait sur elle, petite fille encore, lorsqu'il venait dans sa chambre d'enfant, tous les matins, soit disant pour admirer les poissons qui nageaient tranquillement dans l'aquarium qu'elle possédait alors.

Monica Sabolo est ici étrangement attirée, aimantée par les actions d'Action directe mais qui est-elle pour juger. Elle est obsédée par la vie de taularde, délinquante et tueuse de Nathalie Ménignon mais au moment où elle s'apprête enfin à faire sa connaissance, toutes ses ambitions disparaissent et elle perd tous ses moyens, car, malgré tout ce qu'elle a pu lire sur cette dernière, un détail d'importance était omis : Nathalie était avant tout un être humain avec ses forces certes, ses convictions plus qu'engagées mais aussi ses faiblesses !

Un ouvrage poignant, même si, comme j'ai pu le constater, j'ai beaucoup de lacunes sur le sujet que je compte bien combler petit à petit ou vie personnelle et politique se confondent et s'entremêlent. Un ouvrage extrêmement bien écrit et que je ne peux que vous recommander !
Commenter  J’apprécie          651
Monica Sabolo est en manque d'inspiration et ne trouve pas de sujet pour son prochain livre. Elle tombe sur un reportage lié au groupe terroriste 'Action directe' , groupe qui a écumé les banques , plastiqué les ministères et aléatoirement tué quelques fonctionnaires ou chef d'entreprise.
Bingo , elle tient son thème.Et mieux que ça , elle va s'offrir une thérapie.

Bon , n'y a t il que moi pour trouver le parallèle entre cette bande de terroristes , idéalistes certes, mais terroristes quand même et la vie personnelle de l'auteure tiré par les cheveux ?
Le cheminement personnel de l'auteure, sa reconstruction sur les lambeaux de sa famille , très bien.
La plongée dans l'univers d'Action directe, pourquoi pas . Mais le lien entre les deux , ces deux vies clandestines m'a paru grossier.
Je ne parle même pas de l'empathie, voire du respect, éprouvée par l'auteure pour les membres d'action directe, présentés , certes plus de 30 ans après les faits et quelques années sous les barreaux, sous des traits plus que sympathiques. Des gens avec qui on rêve de partager un verre et d'écouter leurs histoires et leur vision de la justice. Les familles des morts aiment ça.
Au delà de ça , on est dans la vraie littérature française , bien écrite mais qui fatigue les lecteurs au petit niveau littéraire comme moi. ça se regarde le nombril, ça se torture . Et on n'avance pas .Ou très peu.
Pas grave , j'aurai au moins appris des choses sur Action directe, notamment que ses membres sont devenus des êtres recommandables , je suis content que l'auteure aille mieux.. Comme quoi, il y a un peu de positif dans ce livre.
Commenter  J’apprécie          6410
Cette vie clandestine évoquée dans le titre de ce roman récit, c'est à la fois celle des activistes d'Action directe et celle de l'autrice qui revient sur les secrets enfouis de sa famille.
« Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et l'écho de la violence. »
C'est en cherchant le sujet de son prochain roman que Monica Sabolo s'intéresse aux meurtres et aux actions violentes perpétrées par Action directe, organisation terroriste d'extrême gauche très active dans les années 1980. Ce qui l'attire et la fascine plus précisément, ce sont les personnalités de deux jeunes femmes coupables de l'assassinat du grand patron de Renault, Georges Besse, devant son domicile parisien en novembre 1986. Que sait-on vraiment de Nathalie Ménigon et de Joëlle Aubron, la première d'origine modeste et la seconde issue d'une famille bourgeoise de Neuilly-sur-Seine ?
C'est un véritable travail journalistique que va entreprendre Monica Sabolo afin de retracer le parcours de ces jeunes femmes avec leurs idéaux qui les mènent à la violence et la clandestinité. Elle sera amenée à rencontrer d'anciens militants de l'organisation terroriste et à partager avec eux des moments d'échanges et de convivialité. Après leurs années de lutte et de clandestinité, ont-ils fini par trouver l'apaisement ?
Dans le même temps, elle fouille sa mémoire, retrace son enfance entourée du mensonge et du silence des adultes. Elle avait 15 ans lorsqu'elle découvre que son père, Yves S, n'est pas son père biologique. Elle tente de reconstituer le puzzle de la vie de sa famille à travers souvenirs et photos et se pose d'innombrables questions. Quelle était la relation entre ses parents ? Quel était vraiment le métier de Yves S, souvent absent ? Et comment évoquer l'inceste alors qu'elle n'était qu'une gamine ? Elle pense aussi à sa mère, son frère, comment vont-ils réagir à ses révélations ?
« Je redoute la blessure que leur causera ce livre. ! je suis une profanatrice. Une fois encore, je mène une double vie. »

Monica Sabolo mêle habilement l'histoire documentée des terroristes d'Action directe et celle, plus intime, de son enfance et sa jeunesse dans une famille bâillonnée par le secret et les non-dits. On assiste, médusés, impressionnés, au processus de construction d'un roman à la fois enquête journalistique et quête personnelle sur son vécu familial. C'est un vrai travail d'équilibriste, qui fait alterner les deux récits sans jamais nous perdre et tout en racontant avec beaucoup de questionnements et de sensibilité les secrets qui entourent son enfance.
Ce livre à l'écriture sensible, juste, est aussi une sorte de résurgence, de mise en lumière de ce passé qui est « un lieu de ténèbres » Et Monica Sabolo peut enfin écrire : « J'en ai fini avec le caché, et avec le silence. …je ne veux plus être coupable, ni avoir honte. »
Un récit qui nous touche et nous impressionne. du grand art.


Commenter  J’apprécie          570
«  Chacun est victime et coupable » .
« Le bien et le mal se dévorent l'un l'autre . le jour fait pâlir la nuit, puis la nuit avale le jour » .
«  La recherche de la véracité était une manière petite - bourgeoise d'envisager la vie tandis que celle de la vérité sous entendait l'acceptation du mystère , d'un sens qui se dérobe » .
La véracité était une mule , besogneuse et bornée et la vérité un cheval majestueux, mais indomptable » …

Quelques citations extraites de ce récit construit à partir des souvenirs de l'auteure , qui se dit «  Un témoin défectueux qui chemine pour éclairer sa propre histoire » ..

En fait , une fresque majestueuse, grandeur nature d'une époque , du réel où abondent à travers cette belle oeuvre de littérature ,questions existentielles posées à l'infini qui oscillent entre récit , enquête et autobiographie .

L'auteure revient sur la naissance d'Action Directe jusqu'à. son anéantissement , la fièvre contestataire des années 70,: brigades rouges, assassinats, époque sanglante ,conduite révolutionnaire violente, sombre processus funeste, infinité de nuances et les ramifications de ces mouvements révolutionnaires et ce qui la constitue , elle : le Secret , le SILENCE et L''ECHO de la violence …

Elle recherche ses origines , mène une enquête avec les moyens du bord , les chapitres du livre alternent entre les activités des membres d'Action Directe , ce groupe terroriste d'extrême gauche et le retour sur sa propre vie , elle revisite avec sensibilité , intelligence , pertinence , grâce , profondeur , humilité , son enfance bourgeoise et son parcours , à l'ombre d'un père aux activités occultes , disparu sans un mot d'explication ….

Au moment où surgit l'organisation d'Action Directe , à la fin des années 70, un monde s'effondre , un autre naît .
À l'espoir engendré , exalté qu'a suscité Mai 68, succède une rage froide , tout est fragile, instable , brutal .
Quelque chose se défait et se résigne.
.
Action Directe apparaît : «  Personne ne parle d'amour dans la lutte révolutionnaire ,pourtant il croît , comme une fleur discrète entre les pavés » Nathalie Menigon
issue d'un milieu populaire——ayant vécu dans un quartier où se côtoyaient deux mondes , celui de la bourgeoisie traditionnelle et celui des foyers populaires qui ne partent jamais en vacances ——-a découvert la violence des inégalités sociales et Jean - Marc Rouillan seront inséparables dans les actions , les cavales , les braquages , les planques . Ils se marieront en prison en 1999.

Joëlle Aubron Jeune fille de bonne famille ,bourgeoise, catholique , dans son château familial se mariera aussi avec Régis -Schleicher, autre membre du groupe , en prison également .
Le 17 novembre 1986, le soir , Aubron et Menigon assassinent
le patron de la régie Renault Georges Besse,, père de cinq enfants , en bas de chez lui , elle l'atteignent de trois balles , une à la tête une à la poitrine , l'autre à l'épaule .

Elles s'enfuient à pied en direction du Boulevard Raspail.
Ce groupe avait déjà assassiné près de deux ans auparavant , le Général Audran.
On tue , on meurt , des êtres humains disparaissent au profit d'un symbole , d'une idée plus importante que la vie .

Aucune émotion ne transparaît chez ces individus .
Ils traversent les jours sans mémoire ni conscience .

Mais que se passe t- il dans la tête de celle où celui qui décharge trois balles ?
Comment vit- on avec cela ? .
Et les attentats se succèdent : bombes posées ,attaques au bazooka, bureau d'un ministre criblé de balles .
Pourquoi font- ils ce qu'ils font? .
En janvier 1989 les membres d'Action Directe refusèrent de répondre à la moindre question , ne donnèrent aucune explication lors du procès , ils furent condamnés à perpétuité

Nathalie Menigon vivrait quelque part aujourd'hui dans le Sud - Ouest …..
Qu'est ce qui est le plus moral ,créer une banque ou l'attaquer ?
Se demande Bertolt-Brecht.
Tout au long de cet ouvrage l'auteure tentera de percer la complexité d'êtres tels que ces membres d'AD , ayant commis l'irréparable ….
En même temps que son propre passé ? .

Que sait - on vraiment des individus porches de nous et que nous croyons connaître ?
Revisiter les traces d'un passé disparu ?
Que sont les figures du dissocié qui reconnaît tous les délits qui lui sont imputés et le repenti , qui en échange d'informations voit sa peine réduite ou effacée ? .
En fait , l'auteure happée par cette époque se demande si le réel qu'elle reproduit avec plus ou moins de fragilité , de parcellaire révèle une part secrète d'elle même , inconnue d'elle qui l'a mené , exactement là où elle le désirait , au fond?
En vérité , cette'idéologie , de crime et de spectaculaire ne parlerait en vérité que d'elle? .
Qu'est ce qu'elle cherchait vraiment ? .
Une thérapie ? .
«  Toute mémoire est une eau trouble » : fantasme , légende ,, retour sur soi….

Double fond dans une valise…

Autant de questions insondables , de réflexions aux marges du monde , de face à face avec le passé , de questions sans réponses à propos de la violence et de la possibilité du pardon…

Très beau livre dense , complexe , difficile à critiquer à propos d'une époque reconstituée avec soin malgré les brisures et les fêlures du temps ….
Grand récit pétri d'émotions , de mystères à propos d'une époque presque oubliée ……
Acceptation du mystère , de quelque chose de plus grand que soi .
Travail de mémoire et de clandestinité; blessures béantes et temps suspendu, aux marges du monde, dédale de chemins , volonté d'en découdre , doutes, vides et impasses, chocs , douleurs …..
«  Nous étions différents jours, et différentes nuits » .Nathalie Menigon .
"Mais pourquoi allez-vous toujours vers les plus dangereux ?.

Je remercie chaleureusement l'équipe de Babelio pour l'envoi de ce livre .


Commenter  J’apprécie          503
J'ai bien aimé ce livre. Je l'annonce d'entrée, car je vais émettre quelques réserves qui pourraient faire croire le contraire. D'abord, je n'éprouve aucune curiosité pour les secrets malsains, pour les histoires sordides que des victimes dissimulent, puis qu'elles révèlent un jour à demi-mot, sans vraiment le dire, tout en le disant. Ensuite, je considère que les malheurs personnels des gens qui me sont inconnus ne me regardent pas, dès lors que je ne puis pas faire grand-chose pour eux. En tant que lecteur, j'ai donc un a priori de méfiance à l'égard des romans qui traitent des souffrances intimes des écrivains ou qui leur servent à régler des comptes avec des proches.

Pourquoi alors avoir choisi de lire le dernier roman de Monica Sabolo, me direz-vous ? En feuilletant rapidement les sujets abordés par les ouvrages sélectionnés pour le Goncourt, j'avais cru comprendre que La vie clandestine révélait des actes criminels du père de l'auteure, liées à ceux du groupe Action directe et leur apportant un éclairage nouveau. Ça m'intéressait… Certes, le prologue du livre évoquait quelques problèmes existentiels, mais quand je suis engagé dans une lecture, je ne construis pas mon avis dès ses premières pages. J'ai donc mis du temps à me rendre compte de mon contresens.

Action directe ! Comment des idéalistes aspirant à oeuvrer au bonheur de l'humanité ont-ils été amenés à basculer dans la clandestinité, à devenir des hors-la-loi, des assassins ? Après avoir purgé leur longue condamnation, comment ont-ils assumé leur statut d'anciens terroristes ? Se sont-ils sentis coupables d'avoir tué des êtres humains ou regrettent-ils juste d'avoir tout raté dans leur vie ?

Au fil de ma lecture de la vie clandestine, je comprends que les forfaits commis par l'homme dénommé Yves S. n'ont rien à voir avec le terrorisme. Ça me contrarie un peu, mais je suis captivé par les deux enquêtes parallèles que l'auteure me fait suivre, d'un côté sur les traces des membres d'Action directe, de l'autre sur sa propre naissance, sur son enfance et son adolescence.

Quels sont les ponts entre les deux histoires ?

Le secret est le propre de la vie clandestine ; celui que cultivent les membres d'AD pour se rendre invisibles ; celui dans lequel l'auteure baigne depuis l'enfance ; celui des activités illicites d'Yves S., des turpitudes cachées qui conduisent l'homme qu'elle appelle son père à disparaître et à ne réapparaître que pour mourir ; des conséquences qui l'amènent, elle, à occulter une part d'elle-même.

Plus grave est l'indicible, l'impardonnable, l'indélébile. Pour y survivre, coupables et victimes se rejoignent, parce qu'inconsciemment, ils doivent chacun fabriquer des souvenirs falsifiés acceptables, respirables. Une part du passé disparaît de la surface de leur mémoire, s'enfouissant dans une sorte de clandestinité mentale.

On a tous sa part d'ombre, on a tous fait du tort à autrui, on s'est tous un jour comporté d'une façon dont on n'est pas fier. Mais il y a une gradation dans le mal que l'on peut commettre. le meurtre, l'inceste sont des actes dont les coupables ne peuvent pas s'exonérer. Il est insupportable d'entendre d'anciens terroristes dire trente ans plus tard quelque chose du genre « c'était l'époque qui voulait cela », ou un père ayant violé sa fille prétendre : « c'est courant dans les familles ».

Les victimes ont besoin de tourner la page pour survivre. Je comprends donc la réaction de la narratrice devant la tombe de son père. Elle prononce en silence ces mots : « Je te pardonne, et je ne te pardonne pas ». Elle est victime. En revanche, je n'aime pas l'empathie, qu'en tant qu'enquêtrice, elle éprouve pour les anciens d'AD, au point de préférer les qualifier de « combattants révolutionnaires » plutôt que de terroristes ou d'assassins.

Mais l'écriture de Monica Sabolo est très belle, lyrique, envoûtante. Ses métaphores sont magnifiques. Elle se laisse parfois aller à l'autocompassion — c'est agaçant ! — mais on est agréablement emporté par la narration attachante et mélodieuse de ce livre, qui n'est pas vraiment un roman.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          494
L'autrice traverse une crise : elle qui s'est toujours réfugiée dans la littérature, la voilà incapable de lire et d'écrire. Elle jette son dévolu sur un sujet aussi éloigné d'elle que possible : le groupe armé Action directe et l'assassinat de Georges Besse, PDF de Renault, en 1987. Mais voilà que la vie clandestine qui se dessine au fil de son enquête résonne de manière inattendue avec sa propre histoire…

Les événements déroulés au fil des chapitres m'en ont appris un rayon sur Action directe. L'autrice sonde les personnalités des protagonistes et leur époque « crépusculaire » marquant la fin d'un rêve et l'impuissance à en nourrir de nouveaux. Elle cherche à identifier l'origine de la violence – violence individuelle de celles qui ont tiré sur un père de famille ? Violence d'un système qui broie des existences au profit de la rentabilité ?

Mais l'essentiel n'est pas vraiment là. Il y a surtout des parallèles qui se multiplient entre l'histoire de l'autrice et celle d'Action directe. Dans les deux cas, les informations sont rares et fragmentaires. le vrai s'imbrique avec le faux. Certaines choses sont tues, d'autres impossibles à entendre. Les faits se dérobent, semblent se décliner en plusieurs interprétations fragmentaires. Monica Sabolo est habitée par le doute. Elle questionne ses souvenirs avec beaucoup d'humilité, en explore désespérément les différentes facettes. Elle puise la force d'affronter leurs zones d'ombre dans son enquête et dans la rencontre avec plusieurs anciens d'AD.

Alors c'est troublant de voir ces derniers décrits comme désarmants d'humanité. Mais on comprend de toute son âme pourquoi sonder leur coeur et leurs regrets réconforte l'autrice.

Un texte intime, déroutant par sa cible mouvante, mais très bien écrit et touchant.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
Commenter  J’apprécie          453





Lecteurs (1541) Voir plus



Quiz Voir plus

Monica Sabolo

Dans quelle ville Monica Sabolo voit-elle le jour?

Paris (France)
Buenos Aires (Argentine)
Lugano (Suisse)
Milan (Italie)

10 questions
22 lecteurs ont répondu
Thème : Monica SaboloCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..