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Critique de Brooklyn_by_the_sea
Voilà bien un ouvrage curieux et inclassable, et pourtant, qu'est ce que je l'ai aimé !
Déjà, j'apprécie énormément les romans de Monica Sabolo, sa façon de recréer des univers éthérés et fantasmagoriques, la délicatesse de sa narration et la force de ses élans libérateurs. J'ai retrouvé tout cela dans ce récit qui n'est pas une fiction, et la juxtaposition des faits relatés et de son écriture à la fois ciselée et vaporeuse m'a enchantée.
Dans ce livre, Monica Sabolo raconte deux histoires : la sienne et celle d'Action Directe. Il n'y a pourtant aucun rapport entre le groupuscule "terroriste révolutionnaire" et l'auteur, qui avait 8 ans lors de sa création en 1979, et pratiquait alors la danse classique en gentille petite fille de la bourgeoisie suisse. Mais à l'aube de la cinquantaine, en proie à des phénomènes domestiques inexpliqués et à l'angoisse de la page blanche, la voici tout à coup happée par la voix de Fabrice Drouelle qui, sur France Inter, raconte l'assassinat de Georges Besse par Action Directe. Captivée, Monica Sabolo se lance alors dans de multiples recherches sur l'épopée d'AD, tandis qu'affluent les souvenirs de son enfance et de son adolescence. Et c'est tout cela qu'elle retranscrit dans ce livre.
J'avoue ne pas avoir une prédilection pour l'autofiction, j'ai trouvé le début du livre un peu brouillon (mais où veut en venir l'auteur ?), et je n'ai pas toujours bien saisi l'articulation entre l'aventure d'Action Directe et la propre vie de Monica Sabolo -mais tout s'explique à la fin.
Cependant, j'ai été touchée par la façon dont elle relate son enquête consciencieuse sur ce groupuscule autonome, elle qui peine à distinguer les différentes nuances de l'extrême-gauche, et j'ai été émue par la pudeur avec laquelle elle évoque ses souvenirs et ressentis personnels. Car même s'il est question de terrorisme politique, cet ouvrage traite avant tout de l'humain, de la solitude, du silence, du remord et du pardon, et de l'idée de résistance en dépit du cynisme des années 80. J'ai été très sensible à cette démarche, et par la manière dont l'auteur assume ses doutes et maladresses.
Au final, c'est un livre attachant (Monica Sabolo, I love you), audacieux, fragile et puissant, émouvant et chaleureux, introspectif (forcément) et révolté, où, sans se départir de sa délicatesse, l'auteur a sorti ses tripes. J'ai adoré.
Alors n'hésitez pas à entrer dans ce drôle de livre, vous aussi, osez découvrir l'univers étrange de Monica Sabolo (même lorsqu'elle se confronte au réel) ; vous en ressortirez doucement perturbé -et n'est ce pas le but de la littérature ?
Je remercie Babelio et les Editions Gallimard pour l'envoi de ce beau cadeau, dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée.
Déjà, j'apprécie énormément les romans de Monica Sabolo, sa façon de recréer des univers éthérés et fantasmagoriques, la délicatesse de sa narration et la force de ses élans libérateurs. J'ai retrouvé tout cela dans ce récit qui n'est pas une fiction, et la juxtaposition des faits relatés et de son écriture à la fois ciselée et vaporeuse m'a enchantée.
Dans ce livre, Monica Sabolo raconte deux histoires : la sienne et celle d'Action Directe. Il n'y a pourtant aucun rapport entre le groupuscule "terroriste révolutionnaire" et l'auteur, qui avait 8 ans lors de sa création en 1979, et pratiquait alors la danse classique en gentille petite fille de la bourgeoisie suisse. Mais à l'aube de la cinquantaine, en proie à des phénomènes domestiques inexpliqués et à l'angoisse de la page blanche, la voici tout à coup happée par la voix de Fabrice Drouelle qui, sur France Inter, raconte l'assassinat de Georges Besse par Action Directe. Captivée, Monica Sabolo se lance alors dans de multiples recherches sur l'épopée d'AD, tandis qu'affluent les souvenirs de son enfance et de son adolescence. Et c'est tout cela qu'elle retranscrit dans ce livre.
J'avoue ne pas avoir une prédilection pour l'autofiction, j'ai trouvé le début du livre un peu brouillon (mais où veut en venir l'auteur ?), et je n'ai pas toujours bien saisi l'articulation entre l'aventure d'Action Directe et la propre vie de Monica Sabolo -mais tout s'explique à la fin.
Cependant, j'ai été touchée par la façon dont elle relate son enquête consciencieuse sur ce groupuscule autonome, elle qui peine à distinguer les différentes nuances de l'extrême-gauche, et j'ai été émue par la pudeur avec laquelle elle évoque ses souvenirs et ressentis personnels. Car même s'il est question de terrorisme politique, cet ouvrage traite avant tout de l'humain, de la solitude, du silence, du remord et du pardon, et de l'idée de résistance en dépit du cynisme des années 80. J'ai été très sensible à cette démarche, et par la manière dont l'auteur assume ses doutes et maladresses.
Au final, c'est un livre attachant (Monica Sabolo, I love you), audacieux, fragile et puissant, émouvant et chaleureux, introspectif (forcément) et révolté, où, sans se départir de sa délicatesse, l'auteur a sorti ses tripes. J'ai adoré.
Alors n'hésitez pas à entrer dans ce drôle de livre, vous aussi, osez découvrir l'univers étrange de Monica Sabolo (même lorsqu'elle se confronte au réel) ; vous en ressortirez doucement perturbé -et n'est ce pas le but de la littérature ?
Je remercie Babelio et les Editions Gallimard pour l'envoi de ce beau cadeau, dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée.
