Pour nos ancêtres, la peste était le pire des fléaux, le mal par excellence, le symbole de la mort que l'on compare au lion de l'Ecriture "qui rôde et cherche à dévorer" sa proie. Sa présence, quasi constante depuis la terrible peste noire de 1348, constituait une menace obsessionnelle : on cherchait à comprendre d'où elle venait, pourquoi elle frappait et comment la combattre.
Depuis la "peste noire" de 1346 jusqu'à l'épisode provençal de 1720-1722, il n'est pas un village, une ville, un "pays" ou une province qui n'ait eu à souffrir du "fléau de Dieu". Ainsi, à chaque génération, nos ancêtres ont été confrontés à la réapparition de la maladie contagieuse avec plus ou moins d'intensité et de violence selon les régions.
Pour les chrétiens, la peste était une punition exemplaire envoyée par Dieu, le signe de la colère et de la vengeance divines provoquées par les péchés et les vices des humains.
Ainsi, en 1667, le prélat Nicolas Pavillon écrit dans ses Instructions du rituel d'Alet : "Dieu envoie la peste pour punir toutes sortes de péchés, mais principalement ceux qui sont publics et scandaleux, comme les blasphèmes, les jurements, les adultères, les concubinages, et autres impiétés publiques, la sensualité, et l'excès dans les festins, la fréquentation des cabarets, les pompes, les spectacles, les dissolutions notables dans les habits, les profanations des fêtes, et généralement tous les péchés qui scandalisent le public". Pour apaiser la colère de Dieu, le pasteur doit exhorter le peuple à suivre "une vraie pénitence et une confession sincère de ses péchés."