AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Mémoires, tome 1 (91)

"[...] ... On voulut être éclairci : une servante qui portait le pain et les herbes fut suivie de si près et si adroitement qu'on entra avec elle. Mme Guyon fut trouvée et conduite sur le champ à la Bastille, avec ordre de l'y bien traiter, mais avec les plus rigoureuses défenses de la laisser voir, écrire ni recevoir des nouvelles de personne. Ce fut un coup de foudre pour M. de Cambray, et pour ses amis, et pour le petit troupeau qui ne s'en réunit que davantage ... [...]"
Commenter  J’apprécie          10
"[...] ... On sut qu'elle continuait à voir sourdement du monde à Paris ; on le lui défendit sous de si grandes peines qu'elle se cacha davantage, mais sans pouvoir se passer de dogmatiser bien en cachettes, ni son petit troupeau de se rassembler par parties autour d'elle, en différents lieux. Cette conduite, qui fut éclairée, lui fit donner ordre de sortir de Paris. Elle obéit ; mais incontinent après, elle vint se cacher dans une petite maison obscure du faubourg Saint-Antoine.

L'extrême attention avec laquelle elle était suivie fit que, ne la dépistant de nulle part, on ne douta pas qu'elle ne fût rentrée dans Paris, et, à force de recherches, on la soupçonna où elle était, sur le rapport qu'on eut des voisins des mystères sans lesquels cette porte ne s'ouvrait plus. ... [...]"
Commenter  J’apprécie          10
[...] ... Mme de Maintenon fut étrangement surprise de tout ce qu'il lui apprit de sa nouvelle école, et plus encore de ce qu'il lui en prouva par la bouche de ses deux affidées et parce qu'elles en avaient mis par écrit. Mme de Maintenon interrogea d'autres écolières : elle vit par leurs réponses que, plus ou moins instruites et plus ou moins admises dans la confiance de leur nouvelle maîtresse, tout allait au même but, et que ce but et le chemin étaient fort extraordinaires. La voilà bien en peine, puis en grand scrupule : elle se résolut à parler à M. de Cambray. Celui-ci, qui ne soupçonnait pas qu'elle fût si instruite, s'embarrassa et augmenta les soupçons.

Tout à coup, Mme Guyon fut chassée de Saint-Cyr, et on ne s'y appliqua plus qu'à effacer jusqu'aux moindres traces de ce qu'elle y avait enseigné. On y eut beaucoup de peine : elle en avait charmé plusieurs, qui s'étaient véritablement attachés à elle et à sa doctrine, et M. de Chartres en profita pour faire sentir tout le danger de ce poison et pour rendre M. de Cambray fort suspect. Un tel revers, et si peu attendu, l'étourdit, mais il ne l'abattit pas : il paya d'esprit, d'autorités mystiques, de fermeté sur ses étriers ; ses amis principaux le soutinrent. ... [...]
Commenter  J’apprécie          10
"[...] ... Dès qu'il eut le vent de cette doctrine étrangère, [M. de Chartres] fit en sorte d'y faire admettre deux dames de Saint-Cyr sur l'esprit et le discernement desquelles il pouvait compter, et qui pourraient faire impression sur Mme de Maintenon. Il les choisit surtout parfaitement à lui, et les instruisit bien. Ces nouvelles prosélytes parurent d'abord ravies et peu à peu enchantées. Elles s'attachèrent plus que pas une à leur nouvelle directrice, qui, sentant leur esprit et leur réputation dans la maison, s'applaudit d'une conquête qui lui aplanirait celle qu'elle se proposait. Elle s'attacha donc aussi à gagner entièrement ces filles : elle en fit ses plus chères disciples ; elle s'ouvrit à elles , comme aux plus capables de profiter de sa doctrine et de la faire goûter dans la maison. Elle et M. de Cambray, qu'elle instruisait de tous ses progrès, triomphaient, et le petit troupeau exultait.

M. de Chartres, par le consentement duquel Mme Guyon était entrée à Saint-Cyr et y était devenue maîtresse extérieure*, la laissa faire. Il la suivait de l'oeil : ses fidèles lui rendaient un compte exact de tout ce qu'elles apprenaient en dogme et en pratique ; il se mit bien au fait de tout, il l'examina avec exactitude, et, quand il crut qu'il était temps, éclata. ... [...]"
Commenter  J’apprécie          10
"[...] ... il travailla à persuader Mme de Maintenon de faire entrer Mme Guyon à Saint-Cyr, où elle aurait le temps de la voir et de l'approfondir tout autrement que dans de courtes et rares après-dînées à l'hôtel de Chevreuse ou de Beauvillier. Il y réussit : Mme Guyon alla à Saint-Cyr deux ou trois fois ; ensuite, Mme de Maintenon, qui la goûtait de plus en plus, l'y fit coucher ; et de l'un à l'autre, mais près à près, les séjours s'y allongèrent, et, par son aveu, elle s'y chercha des personnes propres à devenir ses disciples, et elle s'en fit.

Bientôt il s'éleva de Saint-Cyr un petit troupeau tout à part, dont les maximes, et même le langage de spiritualité, parurent fort étrangers à tout le reste de la maison, et bientôt fort étrange à M. de Chartres [Godet-Desmarais] ... [...]"
Commenter  J’apprécie          10
"[...] ... Godet, évêque de Chartres, tenait à [Mme de Maintenon] par les liens les plus intimes : il était diocésain de Saint-Cyr, il en était le directeur* unique, il était de plus celui de Mme de Maintenon ; ses moeurs, sa doctrine, sa piété, ses devoirs épiscopaux, tout était irrépréhensible ; il ne faisait à Paris que des voyages courts et rares, logé au séminaire de Saint-Sulpice, se montrait encore plus rarement à la cour, et toujours comme un éclair, et voyait Mme de Maintenon longtemps et souvent à Saint-Cyr, et faisait d'ailleurs par lettres tout ce qu'il voulait.

C'était donc là un étrange rival à abattre ; mais quelque ancré qu'il fût, son extérieur de cuistre [rassura M. de Cambrai] : il le crut tel à sa longue figure malpropre, décharnée, toute sulpicienne, un air simple, aspect niais, et sans liaison qu'avec de plats prêtres. En un mot, il le prit pour un homme sans monde, sans talents, de peu d'esprit et court de savoir, que le hasard de Saint-Cyr établi dans son diocèse avait porté où il était, noyé dans ses fonctions, et sans autre appui ni autre connaissance. ... [...]"
Commenter  J’apprécie          10
"[...] ... Le nouvel archevêque de Cambrai s'applaudissait cependant de ses succès auprès de Mme de Maintenon : les espérances qu'il en concevait , avec de si bons appuis, étaient grandes, mais il crut ne les pouvoir conduire avec sûreté jusqu'où il se le proposait, qu'en achevant de se rendre maître de son esprit sans partage. ... [...]"
Commenter  J’apprécie          10

"[...] ... [Le duc de Beauvillier] le vit, en fut charmé, le fit précepteur. [Fénelon] le fut à peine qu'il comprit de quelle importance il était pour sa fortune de gagner entièrement celui qui venait de le mettre en chemin de la faire, et le duc de Chevreuse, son beau-frère, avec qui [le duc de Beauvillier] n'était qu'un, et qui tous deux étaient au plus haut point de la confiance du Roi et de Mme de Maintenon. Ce fut là son premier soin, auquel il réussit tellement au-delà de ses espérances qu'il devint très-promptement le maître de leur coeur et de leur esprit, et le directeur de leurs âmes. ... [...]"
Commenter  J’apprécie          10
"[...] ... Dans ce temps-là, obscur encore, il entendit parler de Mme Guyon, qui a fait depuis tant de bruit dans le monde qu'elle y est trop connue pour que je m'arrête sur elle en particulier. Il la vit : leur esprit se plut l'un à l'autre, leur sublime s'amalgama. Je ne sais s'ils s'entendirent bien dans ce système et cette langue nouvelle [le Quiétisme] qu'on vit éclore d'eux dans les suites ; mais ils se le persuadèrent, et la liaison se forma entre eux. Quoique plus connue que lui alors, elle ne l'était pas néanmoins encore beaucoup, et leur union ne fut point aperçue, parce que personne ne prenait garde à eux, et Saint-Sulpice l'ignora. ... [...]"
Commenter  J’apprécie          10
"[...] ... La duchesse du Lude n'ignorait pas qu'outre le nombre des prétendantes, il y en avait une, entre autres, sur laquelle elle ne pouvait espérer la préférence ; elle eut recours à un souterrain. Mme de Maintenon avait conservé près d'elle une vieille servante qui, du temps de sa misère et qu'elle était veuve de Scarron, à la Charité de sa paroisse de Saint-Eustache, était son unique domestique ; et cette servante, qu'elle appelait encore Nanon, comme autrefois, était pour les autres Melle Balbien, et fort considérée par l'amitié et la confiance de Mme de Maintenon pour elle.

Nanon se rendait aussi rare que sa maîtresse, se coiffait et s'habillait comme elle, imitait son précieux, son langage, sa dévotion, ses manières. C'était une demi-fée, à qui les Princesses se trouvaient heureuses quand elles avaient l'occasion de parler et de l'embrasser, toutes filles du Roi qu'elles fussent, et à qui les ministres qui travaillaient chez Mme de Maintenon faisaient la révérence bien bas.

Tout inaccessible qu'elle fût, il lui restait pourtant quelques anciennes amies de l'ancien temps, avec qui elle s'humanisait, quoique rarement, et, heureusement pour la duchesse du Lude, [celle-ci] avait une vieille mie [= gouvernante] qui l'avait élevée, qu'elle avait toujours gardée et qui l'aimait passionnément, qui était de l'ancienne connaissance de Nanon, et qu'elle voyait quelquefois en privance. La duchesse du Lude la lui détacha, et finalement vingt mille écus comptant firent son affaire, le soir même du samedi que le Roi avait parlé à Monsieur, le matin, avec tant d'éloignement pour elle.

Et voilà les cours ! Une Nanon qui en vend les plus importants et les plus brillants emplois ; et une femme riche, duchesse, de grande naissance par soi et par ses maris, sans enfants, sans liens, sans affaires, libre, indépendante, a la folie d'acheter chèrement sa servitude ! Sa joie fut extrême ; mais elle sut la contenir, et le nombre d'amis et de connaissances particulières qu'elle avait su toute sa vie se faire et s'entretenir à la ville et à la cour, entraînèrent le gros du monde à l'applaudissement de ce choix. ... [...]"
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (281) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3190 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}