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Citations sur Comment le peuple juif fut inventé : De la Bible au sio.. (46)

L'absence de séparation entre l'État et le rabbinat en Israël n'est jamais venue de la puissance réelle de la religion, dont les fondements profonds et authentiques se sont au contraire amenuisés au fil des ans. Cette absence de séparation résulte directement [...] de la faiblesse intrinsèque d'une idée nationale précaire qui, faute de mieux, a emprunté à la religion traditionnelle et à son corpus textuel la plupart de ses représentations et de ses symboles, dont elle est restée, pour cette raison notamment, entièrement prisonnière.
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Il est vrai qu'à l'origine de toute nation « occidentale » et en fait dans l'évolution de toute idéologie nationale on retrouve des mythes ethnocentristes qui se concentrent autour d'un groupe culturel et linguistique dominant, idolâtré comme le peuple-race originel.
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Le caractère jusqu'au-boutiste du sionisme qui cimenta peu à peu les lois de l'État se révéla quatre ans plus tard. Oswald Rufeisen, plus connu comme « le frère Daniel », déposa en 1962 une plainte auprès de la Haute Cour de justice en vue de faire reconnaître par l'État sa nationalité juive. Rufeisen était né en 1922 en Pologne dans une famille juive et avait rejoint un mouvement de jeunesse sioniste. Durant la conquête nazie, il devint un partisan courageux et sauva bon nombre de juifs. À un moment donné, il se réfugia dans un monastère afin d'échapper à ses persécuteurs, et se convertit au christianisme. Après la guerre, il devint prêtre et entra comme moine dans l'ordre des carmélites, avec l'intention d'émigrer en Israël - où il arriva en 1958 -, car il avait souhaité partager la destinée des juifs et se considérait comme sioniste. Après avoir renoncé à la nationalité polonaise, il sollicita la citoyenneté israélienne en se fondant sur la loi du retour, arguant du fait que, même si sa foi était catholique, sa « nationalité » restait juive. Sa demande ayant été repoussée par le ministère de l'Intérieur, il fit donc appel à la Haute Cour de justice, qui décida, à une majorité de quatre voix contre une, que Rufeisen ne pouvait pas être considéré comme juif d'après les lois de l'État. Il reçut bien une carte d'identité israélienne, mais elle portait la mention « Nationalité : pas claire ».
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Pour forger un collectif homogène, à l'époque moderne, il était nécessaire de formuler une histoire multiséculaire cohérente destinée à inculquer à tous les membres de la communauté la notion d'une continuité temporelle et spatiale entre les ancêtres et les pères des ancêtres. Parce qu'un tel lien culturel étroit, censé battre au cœur de la nation, n'existe dans aucune société, les « agents de la mémoire » ont dû s'employer durement à l'inventer. Toutes sortes de découvertes ont été révélées par l'intermédiaire d'archéologues, d'historiens et d'anthropologues. Le passé a subi une vaste opération de chirurgie esthétique ; les rides profondes ont été dissimulées par des auteurs de romans historiques, des essayistes et des publicistes. C'est ainsi qu'a pu être distillé un portrait national du passé, fier, épuré et de belle prestance.
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La prise de conscience du fait que la pièce "Jules César" de Shakespeare ne nous apprend presque rien sur la Rome antique mais beaucoup sur l'Angleterre de la fin du XVI siècle ne diminue en rien la puissance de l'œuvre ; elle ne fait que placer sa valeur de témoignage historique sous un éclairage totalement différent. De même que "Le Cuirassé Potemkine" de Sergueï Eisenstein, bien qu'il relate les événements de la révolution de 1905, nous renseigne peu sur la révolte du début du siècle, mais bien plus sur l'idéologie du régime bolchevique en 1925, année de la production du film. Ainsi doit-il en être pour la Bible. Il ne s'agit pas d'une narration susceptible de nous inculquer des connaissances sur l'époque qu'elle relate, mais d'un impressionnant discours théologique didactique, qui peut constituer éventuellement un document sur l'époque de sa rédaction.
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L'idée que la religion juive ne s'est jamais livrée au prosélytisme est profondément ancrée au sein du grand public, avec celle selon laquelle, quand de temps en temps des non-juifs rejoignaient les rangs du « peuple juif », celui-ci les acceptait visiblement sans réelle bonne volonté.
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L'éducation générale et la création de codes culturels communs furent la condition du progrès de la spécialisation complexe dont la division moderne du travail avait besoin. C'est pourquoi tout État « nationalisé », qu'il soit plutôt autoritaire ou parfaitement libéral, fit de l'éducation primaire un droit pour chacun. Plus encore, il n'existe pas de nation « mûre » sans une éducation obligatoire qui impose à ses membres de regrouper leurs enfants entre les murs de l'école. Cette institution, qui devint un agent idéologique central que seules l'armée et la guerre pouvaient concurrencer, transforma le dernier des sujets en citoyen, c'est-à-dire en individu conscient de son appartenance nationale . Et si le philosophe conservateur Joseph de Maistre affirmait en son temps que le bourreau est le support le plus important de l'ordre social dans le royaume, Gellner, en un trait provocateur, émit l'idée que ce rôle primordial était tenu, dans un État-nation, par nul autre que le professeur. De là découle l'idée que le nouveau citoyen national, avant d'être dévoué à ses dirigeants, est tout d'abord fidèle à sa culture.
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La politique, qui a toujours comporté une dimension de mise en scène, s’est désormais transformée en grand spectacle dépourvu de toute dimension critique.
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Le racisme et le séparatisme juifs d'aujourd'hui ne résultent pas uniquement des persécutions et des souffrances subies; ils se nourissent aussi copieusement de mythologies et d'historiographies ethnocentristes qui, venues de loin, continuent de façonner la mémoire collective. Rares sont en Israël, hélas, les professeurs d'histoire qui assument cette fonction pédagogiques "à haut risque" : dévoiler les mensonges convenus sur le passé. C'est pourquoi il m'était de plus en plus difficile de continuer à vivre en Israël sans écrire ce livre.
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Derrière chacun des actes étatiques en matière de politique identitaire en Israël, on voit encore se profiler la longue ombre noire de l’idée d’un peuple-race éternel.
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