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Citations sur Consuelo (92)

On a dit avec raison que le but de la musique, c'était l'émotion. Aucun autre art ne réveillera d'une manière aussi sublime le sentiment humain dans les entrailles de l'homme; aucun autre art ne peindra aux yeux de l'âme, et les splendeurs de la nature, et les délices de la contemplation, et le caractère des peuples, et le tumulte de leurs passions, et les langueurs de leurs souffrances. Le regret, l'espoir, la terreur, le recueillement, la consternation, l'enthousiasme, la foi, le doute, la gloire, le calme, tout cela et plus encore, la musique nous le donne et nous le reprend, au gré de son génie et selon toute la portée du nôtre. Elle crée même l'aspect des choses, et, sans tomber dans les puérilités des effets de sonorité, ni dans l'étroite imitation des bruits réels, elle nous fait voir, à travers un voile vaporeux qui les agrandit et les divinise, les objets extérieurs où elle transporte notre imagination.
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Prenez-la donc, cette âme sans tache, cette intelligence sans souillure ; jetez-la aux chiens, et livrez-la aux bêtes, puisque telle est la destinée du génie au temps où nous sommes.
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Déjà nous séparer ! déjà quitter cet asile sacré où Dieu seul est entre nous, cette cellule que je chéris depuis que tu m'y es apparue, ce sanctuaire d'un bonheur que je ne retrouverai peut-être jamais, pour rentrer dans la vie froide et fausse des préjugés et des convenances ! Ah ! pas encore, mon âme, ma vie ! encore un jour, encore un siècle de délices. Laisse moi oublier ici qu'il existe un monde de mensonges et d'iniquité, qui me poursuit comme un rêve funeste ; laisse moi revenir lentement et par degrés à ce qu'ils appellent la raison. Je ne me sens pas encore assez fort pour supporter la vue de leur soleil et le spectacle de leur démence. J'ai besoin de te contempler, de t'écouter encore. D'ailleurs, je n'ai jamais quitté ma retraite par une résolution soudaine et sans de longues réflexions ; ma retraite affreuse et bienfaisante, lieu d'expiation terrible et salutaire, où j'arrive en courant et sans détourner la tête, où je me plonge avec une joie sauvage, et dont je m'éloigne toujours avec des hésitations trop fondées et des regrets trop durables ! Tu ne sais pas quels liens puissants m'attachent à cette prison volontaire, Consuelo ! tu ne sais pas ce qu'il y a ici un moi que j'y laisse et qui est le véritable Albert, et qui n'en saurait sortir ; un moi que j'y retrouve toujours et dont le spectre me rappelle et m'obsède quand je suis ailleurs. Ici est ma conscience, ma foi, ma lumière, ma vie sérieuse en un mot. J'y apporte le désespoir, la peur, la folie ; elles s'y acharnent souvent souvent après moi et m'y livrent une lutte effroyable. Mais vois-tu, derrière cette porte, il y a un tabernacle où je les dompte et où je me retrempe. J'y entre souillé et assailli par le vertige ; j'en sors purifié, et nul ne sait au prix de quelles tortures j'en rapporte la patience et la soumission. Ne m'arrache pas d'ici, Consuelo ; permets que je m'en éloigne à pas lents...
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Moi, je m'imagine qu'une belle fleur ne végète pas stupidement, sans éprouver des sensations délicieuses. Passe pour ces pauvres petits chardons que nous voyons le long des fossés, et qui se traînent là poudreux, malades, broutés par tous les troupeaux qui passent ! Ils ont l'air de pauvres mendiants soupirant après une goutte d'eau qui ne leur arrive pas ; la terre gercée et altérée la boit avidement sans en faire part à leurs racines.
Mais ces fleurs de jardin dont on prend si grand soin, elles sont heureuses et fières comme des reines. Elles passent leur temps à se balancer coquettement sur leurs tiges, et quand vient la lune, leur bonne amie, elles sont là toutes béantes, plongées dans un demi-sommeil, et visitées par de doux rêves. Elles se demandent peut-être s'il y a des fleurs dans la lune, comme nous autres nous nous demandons s'il s'y trouve des êtres humains. Allons, Joseph, tu te moques de moi, et pourtant le bien-être que j'éprouve en regardant ces étoiles blanches n'est point une illusion. Il y a dans l'air épuré et rafraîchi par elles quelque chose de souverain, et je sens une espèce de rapport entre ma vie et celle de tout ce qui vit autour de moi.
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Alors, ne pouvant être monarques, nous sommes artistes, et nous régnons encore. Nous chantons la langue du ciel, qui est interdite aux vulgaires mortels; nous nous habillons en rois et en grands hommes, nous montons sur un théâtre, nous nous asseyons sur un trône postiche, nous jouons une farce, nous sommes des histrions ! Par le corps de Dieu ! le monde voit cela, et n'y comprend goutte ! Il ne voit pas que c'est nous qui sommes les vraies puissances de la terre, et que notre règne est le seul véritable, tandis que leur règne à eux, leur puissance, leur activité, leur majesté, sont une parodie dont les anges rient là-haut, et que les peuples haïssent et maudissent tout bas. Et les plus grands princes de la terre viennent nous regarder, prendre des leçons à notre école; et, nous admirant en eux-mêmes, comme les modèles de la vraie grandeur, ils tâchent de nous ressembler quand ils posent devant leurs sujets. (...)
Oh ! quand je suis au théâtre, je vois clair, moi! L'esprit de la musique me dessille les yeux, et je vois derrière la rampe une véritable cour, de véritables héros, des inspirations de bon aloi; tandis que ce sont de véritables histrions et de misérables cabotins qui se pavanent dans les loges sur des fauteuils de velours. Le monde est une comédie, voilà ce qu'il y a de certain, et voilà pourquoi je te disais tout à l'heure : Traversons gravement, ma noble fille, cette méchante mascarade qui s'appelle le monde.
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Nul ne sait où je suis! Certes c'est une pensée d'isolement qui a son charme, un charme inexprimable, féroce en apparence, légitime et doux dans le fond. Nous sommes faits pour vivre de la vie de la réciprocité. La route du devoir est longue, rigide et n'a d'autre horizon que la mort, qui est peut-être à peine le repos d'une nuit. Marchons donc, et sans ménager nos pieds ! Mais si, dans des circonstances rares et bienfaisantes, où le repos peut être inoffensif, et l'isolement sans remords, un vert sentier s'offre sous nos pas, mettons à profit quelques heures de solitudes et de contemplation. Ces heures nonchalantes sont bien nécessaires à l'homme actif et courageux pour retremper ses forces; et je dis que, plus votre coeur est dévoré du zèle de la maison de Dieu (qui n'est autre que l'humanité), plus vous êtes propre à apprécier quelques instants d'isolement pour rentrer en possession de vous-même. L'égoïste est seul et toujours partout. Son âme n'est jamais fatiguée d'aimer, de souffrir, de persévérer; elle est inerte et froide, et n'a pas plus besoin de sommeil et de silence qu'un cadavre. Celui qui aime est rarement seul, et, quand il l'est, il s'en trouve bien. Son âme peut goûter une suspension d'activité qui est comme le profond sommeil d'un corps vigoureux. Ce sommeil est le bon témoignage des fatigues passées, et le précurseur des épreuves nouvelles auxquelles il se prépare.
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Il y a tant de gens qui croient se grandir en outrageant les autres qu'il n'en manque pas qui croient se grandir en les protégeant
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C'est qu'un comédien n'est pas un homme, Consuelo ; c'est une femme. Il ne vit que de vanité maladive ; il songe qu'à satisfaire sa vanité ; il ne travaille que pour s'enivrer de vanité. La beauté d'une femme lui fait du tort; Le talent d'une femme efface ou conteste le sien. Une femme est son rival, ou plutôt il est la rivale d'une femme ; il a toute les petitesses, tous les caprices, toutes les exigences, tous tes ridicules d'une coquette.
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On avait choisi cette farce pour plaire à Stefanini, qui y était d’un comique excellent. Il fallut que Consuelo s’évertuât à faire rire ceux qu’elle avait fait pleurer. Elle fut brillante, charmante, plaisante au dernier point avec la mort dans l’âme. Deux ou trois fois des sanglots remplirent sa poitrine et s’exhalèrent en une gaieté forcée, affreuse à voir pour qui l’eût comprise! En rentrant dans sa loge elle tomba en convulsions. Le public voulait la revoir pour l’applaudir; elle tarda, on fit un horrible vacarme; on voulait casser les banquettes, escalader la rampe. Stefanini vint la chercher à demi vêtue, les cheveux en désordre, pâle comme un spectre; elle se laissa traîner sur la scène, et, accablée d’une pluie de fleurs, elle fut forcée de se baisser pour ramasser une couronne de laurier.
Ah! les bêtes féroces! murmura-t-elle en rentrant dans la coulisse.
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Consuelo, toujours confiante, et ne devinant rien de ce qui se passait autour d’elle, accepta, remercia, et abandonnant son joli coude arrondi à la main du comte, elle sauta dans la gondole sans cérémonie. Alors un dialogue muet, mais énergique, s’établit entre le comte et Anzoleto. Le comte avait un pied sur la rive, un pied sur la barque, et de l’œil toisait Anzoleto, qui, debout sur la dernière marche du perron, le toisait aussi, mais d’un air farouche, la main cachée dans sa poitrine, et serrant le manche de son couteau. Un mouvement de plus vers la barque, et le comte était perdu. Ce qu’il y eut de plus vénitien dans cette scène rapide et silencieuse, c’est que les deux rivaux s’observèrent sans hâter de part ni d’autre une catastrophe imminente. Le comte n’avait d’autre intention que celle de torturer son rival par une irrésolution apparente, et il le fit à loisir, quoiqu’il vît fort bien et comprît encore mieux le geste d’Anzoleto, prêt à le poignarder. De son côté, Anzoleto eut la force d’attendre sans se trahir officiellement qu’il plût au comte d’achever sa plaisanterie féroce, ou de renoncer à la vie.
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