Vous, je ne sais pas, mais moi je suis incapable d'affronter l'été sans un bon pavé de 700 pages minimum, bien dense, et sur lequel je puisse m'endormir du sommeil du sage, repue de culture quoique enduite de monoï.
Si cette édition ne comporte que des morceaux choisis, l'oeuvre originale comporte plus de 5000 pages. La région de Saint-Étienne (où se déroule le roman) n'est certes pas très riche en plages, mais le plongeon de Céladon dans le Lignon nous rappellera opportunément de surveiller les enfants du coin de l'oeil, même le nez dans les livres.
Il y a moins de pages dans ce livres que de plages italiennes, mais enfin on lit très mal sous le soleil de la botte: trop de cailloux, pas assez de sable. On se consolera en songeant que "Quo vadis" est aussi le nom d'une agence de voyages romaine.
Quoi, y'a pas de plage en Eure-et-Loir? Mais c'est un departement riche en plans d'eau aux bords desquels installer sa serviette. Un conseil: freiner sur les madeleines avant l'épreuve du maillot de bain.
Quoi de plus snob que de frissonner d'horreur à Old Orchard Beach, une des plages du Maine, l'État où se déroulent la plupart des oeuvres de King? Attention à ne pas attraper froid au fil des 1500 pages.
La plus belle plage des États-Unis serait la Ocracoke Lifeguarded Beach, avec une mention spéciale pour sa côte inexploitée, son sable blanc et son charmant village. Ça tombe bien, c'est en Caroline du Nord que se déroulent les 1000 pages de cette satire de la vie estudiantine.
Mais si, il est possible de se prélasser au soleil de la Manche. Au pire, on peut lire les 969 000 mots de ce roman confortablement installé devant une tasse de thé.
Le plus difficile est de trouver la plage tranquille où pouvoir installer sa serviette. Mais à défaut de villégiatures irakiennes, rien n'empêche de savourer ces contes sur les plages de la Mer Rouge.
Luxe, calme et volupté à Manzanillo: cette plage mexicaine founira le cadre idéal à la lecture de ce (petit) pavé de moins de 1000 pages. En revanche, y dévorer "2666" serait du dernier mauvais goût.
(Auteur suggéré par Centrino)
Ah! Les plages immaculées de Cumberland Island! Avec les aventures de la géorgienne Scarlett au fond du sac, entre les tongs et l'huile solaire... Et si on trouve le livre un peu court, on peut lire la suite: "Scarlett", justement, d'Alexandra Ripley.
Certes, l'histoire se déroule en grande partie à Prague (où se trouve un château, à défaut de sable), mais elle débute à Venise et passe par Berlin et rien n'empêche de lire ce roman auprès du Schlartensee ou du Müggelsee.
Cervantes aurait pu faire un effort: son livre est trop court au regard de toutes les plages espagnoles où il est si agréable de se vautrer en écartant les doigts de pied.
1140 pages qu'il sera difficile de lire sur une plage de Dublin. Mais on peut contourner le problème et emporter ce livre en Grèce, parce que bon, c'est quand même une réécriture de l'Odyssée. Et vous en connaissez, vous, des pavés qui ont la Grèce pour cadre?