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Critique de Fabinou7


Champêtre, bucolique, Virgilien…tout a été dit sur ce succès littéraire de la Dame de Nohant, paru en 1846.

Je ne pensais pas être friand de l'intrigue, cousue de fil blanc… sans doute l'intérêt n'est pas dans le dénouement mais dans le récit laudatif d'une paysannerie vertueuse, dans l'hommage au Berry et ses paysans que Sand côtoie et admire.

“Le rêve de la vie champêtre a été de tout temps l'idéal des villes”. Sand veut faire entrer la campagne dans les villes. Les citadins et campagnards ne doivent pas se faire peur car, pour celle qui naquit Aurore Dupin, “la peur ne guérit pas de l'égoïsme, elle l'augmente.”Comme souvent, Sand fut visionnaire: à l'heure où les villages, si agréables, se vident au profit des périphéries, alors que dans le même temps les transports en commun sont toujours plus rapides le télétravail rebat les cartes et les citadins rêvent de grands espaces et de vie de quartier.
Mais hélas « l'homme de loisirs » lorsqu'il vient en rase campagne, ce n'est pas pour participer à l'effort paysan ou faire communauté avec un terroir mais pour se mettre au vert (ou au bleu des piscines de jardin) ! Ce fantasme de la vie simple chez les plus fortunés n'est pas nouveau, on se souvient de la Reine de France jouant à la bergère dans les jardins du Trianon !
“Pourquoi dirait-on que le travail des bras est exclusif des fonctions de l'âme ? Sans doute cette exclusion est le résultat général d'un travail excessif et d'une misère profonde”, s'interroge l'écrivaine, engagée à gauche en politique.

Mais, au-delà de la dualité « rat des villes et rat des champs », les paysans du village berrichon sont mis en valeur par contraste avec les autres dont les manières sont plus rustres, plus factices. C'est une époque où chaque village a son patois, que Sand elle-même avoue ne pas connaître « ces gens-là parlent trop français pour nous, et, depuis Rabelais et Montaigne, les progrès de la langue nous ont fait perdre bien des vieilles richesses », Michel de Montaigne disait lui-même : « que le gascon y aille si le français ne veut pas y aller ».
Mais c'est aussi un art de vivre et de festoyer paysan, également décrit dans « Sylvie » de Gérard de Nerval, qui rappelle encore les traditions des fêtes de villages qui perdurent aujourd'hui dans nombre de nos régions « sans parler des jours complémentaires affectés à la digestion plus ou moins laborieuse de l'ivresse morale et physique que laisse une fête. »

L'ouvrage est empreint de sensualité… Enfin pour dire les choses de façon très prosaïque, c'est un peu le rencard idéal, la forêt, la nuit, la jeune et fraiche Marie, le beau, fort et très obligeant Germain, l'enfant est couché…et le lecteur dans l'expectative !
Est-ce son homme idéal qu'essaye de dépeindre George Sand à travers la pureté et la naïveté des traits et du caractère de Germain ?

Outre l'image d'Épinal, la Mare au Diable invite peut-être aussi à mieux contempler le monde immédiat qui nous entoure, à ne pas vouloir « aller chercher bonheur » lorsque l'on a pourtant, si près de soi, des êtres inestimables auprès desquels tant est possible. L'expérience nous l'instruit.

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