Citations sur Alcatraz, tome 1 : Alcatraz contre les infâmes biblioth.. (33)
Peut-être qu'on vous a déjà donné des conseils de lecture. Peut-être même que des amis, des parents, des profs vous ont mis un bouquin entre les mains en vous disant : « Tu dois lire ça. » Ces livres sont systématiquement décrits comme « importants », ce qui, d'après mon humble expérience, signifie qu'ils sont d'un ennui mortel. (Des mots comme « significatif » ou « réfléchi » sont aussi de bons indices.)
(autre digression du personnage).
Au Chutland (cet ensemble de nations contrôlées par les Bibliothécaires, comme les États-Unis, le Canada ou la France), ce livre sortira dans la catégorie Fantasy. Ne vous laissez pas abuser ! Ceci n'est pas un ouvrage de fiction et je ne m'appelle pas Brandon Sanderson. Il ne s'agit que d'un subterfuge, afin que ce livre n'apparaisse pas sur le radar des agents Bibliothécaires.
(Avertissement de l'auteur...)
- Je... commençai-je.
- Dois-je te rappeler, Alcatraz, que ce n'est pas beau de dire des gros mots ? coupa le grand-père. Nous sommes en retard ! En route !
Je tiquai. Quels gros mots ?
- (…) À ton avis, où les Anglais et les Américains ont-ils été chercher leur langue ?
- Ben... en Grande-Bretagne ?
Sing ricana. (…)
- Tu crois qu'une petite île de rien du tout a répandu la langue la plus usitée dans le monde ?
Vous voyez, le dernier chapitre se terminait sur un suspense terrible. À présent, il est sans doute très tard dans la nuit et vous avez décidé de veiller afin de lire ce livre alors que l'heure de l'extinction des feux est passée. Si tel est le cas, je vous félicite : vous êtes tombés dans mon piège ! Ça fait partie des grands plaisirs de l'écrivain d'apprendre qu'une de ses œuvres a tenu un lecteur éveillé jusqu'à l'aube. Ça a à voir avec la méchanceté des romanciers, qui se délectent des souffrances d'autrui. Et aussi, les producteurs de café nous filent un pot-de-vin.
(digression de l'auteur au milieu d'une scène intéressante...)
Je m'étais toujours imaginé dans le rôle du rebelle. En réalité, je n'étais qu'un pleurnichard qui piquait des colères et cassait pour blesser les autres avant qu'ils ne le blessent. Fichue humilité ! Elle produisait des effets vraiment bizarres. J'aurais dû me sentir écrasé sous le poids de la honte, tel un misérable vermisseau. Curieusement, ce ne fut pas le cas.
Apparemment, dans les Royaumes Libres, on considérait les armes à feu ou les voitures, par exemple, comme « primitives ». Complètement ridicule ! Ça n'avait rien d'antique, c'était... c'était ce que je connaissais. Pour moi qui avait grandi aux États-Unis, tout ce que j'avais (et tout ce que je faisais) était ce qui se trouvait de mieux, de plus perfectionné, de plus nouveau sur la planète.
Je me tue à vous expliquer que je ne suis pas quelqu'un de très courageux. Néanmoins, d'après ma longue expérience, se montrer brave, c'est un peu comme dire une ânerie.
Ça sort souvent tout seul.
Certains d'entre vous pensent sans doute que j'invente. Que tout dans ce bouquin n'est que bêtise et imagination.
Rien n'est plus inexact.
Ceci est un livre sérieux. Terriblement sérieux. Votre scepticisme est le résultat d'une vie entière passé dans le système éducatif dirigé par les Bibliothécaires, un système qui vous farcit la tête de mensonges.
- Tu trébuches chaque fois qu'il y a du danger ? interrogeai-je le Mokien.
- Bien sûr que non. Uniquement quand il y a du danger et que trébucher sert à quelque chose. Enfin, c'est le principe en tout cas.
(logique, non?)