On ne sait pas vraiment où l'on est, ni à quelle époque. C'est presque en passant que l'on apprend que l'action se situe dans l'Empire de la Rose, où l'on vénère quatre-vingts soleils.
Mais cela n'a aucune importance.
Wan ShaiLu est une faussaire. Une faussaire de génie, qui maîtrise un art aussi complexe que magique, considéré comme une abomination morale par les dirigeants de l'Empire. La falsification consiste à concevoir des tampons dont le sceau, appliqué sur un objet, en modifie l'histoire, le transformant ainsi en une autre version de lui-même.
(J'adore l'idée, basée sur le principe que les objets ayant une perception d'eux-mêmes, il s'agit de les convaincre d'en changer en les trompant sur leur propre nature).
Mais Wan ShaiLu est pour l'heure en mauvaise posture. Condamnée à mort pour avoir tenté de voler un célèbre tableau en le remplaçant par un faux, elle attend son exécution dans une geôle du palais impérial.
Son talent va peut-être la sauver… A la suite d'une tentative d'assassinat, l'Empereur Ashravan est réduit à l'état de légume. Les Eminents, membres du gouvernement, lui proposent un marché : sa libération contre l'élaboration d'une nouvelle âme pour l'Empereur. Un tel défi, lancé pour la première fois à un faussaire, doit nécessiter des années de préparation. On lui donne trois mois.
C'est le début d'un compte à rebours aussi oppressant pour notre héroïne qu'haletant pour le lecteur.
Wan ShaiLu s'investit dans sa tâche avec ardeur, sous la supervision de Gaotona, un Eminent qui semble plus difficile à manipuler que prévu… car elle n'est pas dupe, et ne croit pas une seule seconde que ses adversaires honoreront leur part du marché. Aussi, en même temps qu'à la fabrication de l'âme impériale, elle réfléchit à un plan d'évasion. L'échéance du délai imparti se rapprochant, elle est déchirée entre la nécessité de sa fuite, et l'envie de voir l'accomplissement de la plus grande oeuvre de sa vie.
Le face-à-face avec Gaotona est également palpitant, confronte deux intelligences subtiles et patientes. le respect est mutuel, et malgré leurs antagonismes, impose une certaine forme de sincérité. Les échanges entre l'Eminent et la faussaire ouvrent une réflexion sur la définition et le sens de l'art : réside-t-il dans son élaboration même ou dans l'oeil de celui qui le regarde ? Et dans quelle mesure l'artiste est-il influencé par l'idée de ce regard qui sera porté son oeuvre ?
Un roman inventif, très habile, et surtout impossible à lâcher !
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