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Brandon Sanderson est un auteur de fantasy que j'ai découvert quand il a repris et terminé La roue du temps, un des cycles phares de mon adolescence. J'ai par la suite voulu découvrir son oeuvre plus personnelle. J'ai lu et apprécié Elantris et adoré sa trilogie Fils-des-Brumes. Ce furent à chaque fois des lectures où les systèmes de magie étaient originaux, les univers recherchés même s'ils reposaient sur des bases classiques et surtout où les scènes d'action étaient très cinématographiques. Il s'est donc facilement hissé dans le top de mes auteurs de fantasy préférés.

Warbreaker est un roman bien épais de près de 1000 pages qu'il a écrit en 2009, juste après Fils-des-Brumes. On y suit deux soeurs, princesses, dont l'une est envoyée épouser le roi voisin à la place de son aînée pour éviter une guerre entre les deux royaumes. Sauf que ce roi est un Dieu-Roi mystérieux à la tête d'un pays dirigé par un clergé très présent, qui croit en des hommes morts et réincarnés qui peuvent manipuler une magie le "Souffle" qui permet d'insuffler la vie à tout, hommes et objets. Mais ils ne sont pas les seuls, les habitants de ce pays qui les vénèrent se sont eux aussi mis à utiliser le Souffle. Et au milieu de cette cacophonie, on va peu à peu découvrir qu'un complot se trame pour pousser le Dieu-Roi à attaquer ses voisins.

Au début, j'ai été enchantée par cet univers. J'ai aimé découvrir un nouveau style de magie, original, comme souvent avec l'auteur et surtout très visuel, reposant sur le Souffle, c'est-à-dire en quelque sorte l'âme des gens mais aussi les couleurs qui les habitent. J'ai aimé également l'idée de s'en servir pour animer des objets, en particulier des tissus, mais également des hommes morts, ce qui donnait un petit côté armée de zombies à l'histoire. Ça me plaisait aussi de suivre des personnages considérés comme des Dieux parce qu'ils s'étaient réincarnés. Bref, il y avait tout un décor très séduisant autour de cette histoire.

Les personnages étaient également variés. On avait deux princesses aux personnalités radicalement différentes échangeant leur place. L'une devenant très vite ma chouchou, tandis que l'autre qui avait pourtant les aventures les plus prometteuses, s'est révélée plus fade donc décevante. On a également un Dieu-Roi très mystérieux qui se révèle surprenant et touchant. Des Dieux qui n'ont rien de divin à qui on découvre un caractère très humain. Des membres de leur entourage qui sont toujours présents pour les aider et qui réservent bien des surprises. Et surtout une belle gamme de hors-la-loi bons pour se fourrer dans les mauvais coups. Tout ce petit monde était également prometteur au début mais des défauts sont vite apparus dont je vais vous parler très vite.

Le gros problème de l'histoire, c'est que malgré la plume pleine d'allant de l'auteur, on se rend très vite compte qu'elle n'avance pas. On a entre les mains une brique de près de 1000 pages où l'histoire traine et traine en longueur pour ne se réveiller que dans les 100 dernières. C'est extrêmement dommage. On me rétorquera que c'est bien aussi de voir un auteur bâtir un univers original et cohérent comme celui-ci, c'est vrai. Mais il y a beaucoup trop de répétitions dans les scènes, beaucoup trop de tergiversations chez certains personnages, voire de lamentations et ça lasse au bout d'un moment. Ainsi malgré le fait que j'adore la plume de Sanderson et que je trouve son univers passionnant ici, j'ai trouvé la lecture de ce titre fort longue pour un résultat final bien bref, d'où une certaine frustration ressentie en refermant le tome.

Il en ressort un récit où l'auteur prend le temps d'habillement nous plonger au fil des pages dans un univers inconnu qui nous devient pourtant très familier. On a l'impression d'avoir toujours connu ce monde, ce qui est très bien joué de la part de Sanderson. L'intrigue met du temps à s'en dégager du coup. On suit les péripéties d'une princesse dans la ville mais on s'y perd un peu. On voit bien qu'il est question de la préparation d'une guerre, mais on ne voit pas trop pourquoi. On comprend qu'il y a des intrigues de Palais mais on ne saisit pas bien les motivations de chacun des protagonistes parce que cela semble bien trop simple au premier abord pour un tel auteur et qu'on se dit que ça cache quelque chose. du coup, on suit avec curiosité ce qui se prépare dans et hors le Palais, car en effet le titre est très centré sur la ville de T'Telir. Ça donne un récit très resserré qui manque souvent d'allant et dans lequel on étouffe un peu. Il y a des éléments qu'on voit comme des promesses d'une intrigue élargie et qui finissent malheureusement lettre morte. C'est assez troublant parce que l'auteur m'avait habituée à des choses plus franches.

En conclusion : J'ai beaucoup aimé découvrir l'univers de Warbreaker. Comme toujours avec Sanderson, il y a plein de riches idées, un système de magie original et une mise en scène percutante. Sauf que ça traine beaucoup trop en longueur. L'histoire centrale aurait gagné à être condensée et la fin développée. C'est vraiment maladroit, surtout quand on connait ce dont il est capable dans Fils-des-Brumes. Ce récit ne fut donc pas le coup de coeur attendu mais juste une lecture moyenne et divertissante.
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Quel mélange étonnant et incroyable. Quelle imagination de la part de l'auteur. C'est brillant, bluffant et totalement addictif. Comme toujours, la plume de l'auteur nous entraîne, sans nous laisser de répit. Elle nous rend totalement prisonnier du récit, fluide et vive. Les surprises s'enchaînent, le rythme s'accélère crescendo jusqu'au dénouement final. Je me souviens de Blackwolf me disant qu'à un moment le roman accélérait un peu trop et je comprends tout à fait sa remarque. En effet, vu la richesse du monde crée par Brandon (y'a pas de raison que Olya l'appelle Brandon et pas moi, non mais! :)), il y avait matière à écrire une trilogie de dingue dans la droite lignée de Fils-des-brumes, mais non, toute l'histoire tient en un seul et unique volume. du coup, on se sent parfois un peu frustré, le récit se déroule trop vite, on aimerait en savoir plus sur certains personnages (en particulier Vasher justement). Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on les retrouvera dans une autre aventure. Bientôt ou un peu plus tard ... Parce que créer un tel univers, une telle magie et de tels personnages, juste pour un one-shot, je ne peux pas y croire et donc je croise les doigts pour qu'on les retrouve bientôt car il y a encore bien des choses à dire et à lire à leur sujet et ces choses seront forcément passionnantes.


Une fois de plus Sanderson crée un monde étonnant et original, un système de magie bien à lui et crée des personnages et une ambiance hors du commun. Il est vraiment un des auteurs les plus attendus dans le monde de la Fantasy à juste titre. Chacun de ses romans est toujours une merveilleuse découverte et Warbreaker ne fait pas exception à la règle. Un coup de coeur dès la première page et qui ne s'est pas démenti jusqu'à la dernière.
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Voici un roman qui présente plein de qualités, mais également un gros défaut qui rend, à mon grand regret, la lecture assez laborieuse en cours de route, alors que tout commence si bien… Brandon Sanderson est un excellent conteur, on ne peut pas lui enlever ça, car on garde, grâce à sa plume fluide et visuelle, une bonne impression de notre lecture, malgré les longueurs qui viennent encombrer le récit et le déséquilibre flagrant que l'on ne peut que relever entre la mise en place de l'intrigue et son dénouement, somme toute, peu satisfaisant.

Parlons d'abord des choses positives. L'auteur a créé un monde extraordinaire où la magie repose sur le Souffle, une énergie que chacun possède et qui rend la vie littéralement plus colorée. Chaque individu a la faculté de renoncer à ce Souffle au profit d'une autre personne, voire d'en cumuler de grosses quantités pour s'en servir en tant qu'Éveilleur. L'Éveilleur dispose de facultés sensorielles et psychiques accrues, en plus de pouvoir animer les objets à sa guise, sa maîtrise reposant sur le niveau d'Élévation qu'il a atteint, et qui dépend étroitement du nombre de Souffles qu'il possède. Brandon Sanderson a pensé à tout techniquement parlant, et il est généreux en explications qui nous captivent autant que la mise en pratique de la magie biochromatique efficacement décrite à l'aide du ressenti physique des personnages, et de leur perception changeante des tons de la réalité. C'est beau, très beau.

Dans cet univers, on apprécie tout particulièrement la place de la religion avec trois peuples, dont deux plus exploités, qui s'opposent radicalement depuis la fin d'une guerre qui les a divisés. L'histoire d'Idris et d'Hallandren est passionnante, et les préjugés qu'elle a ancrés dans l'esprit des protagonistes que nous suivons sont très crédibles. La quête de Siri pour découvrir la vérité sur les origines de cette inimité titille agréablement notre curiosité, encore plus quand on voit les bâtons dans les roues qu'on essaie de lui mettre.

Disons-le, les personnages sont assez clichés, entre la princesse guindée qui va se retrouver obligée de faire des entorses monumentales à ses principes, pour finalement se rendre compte que cela ne lui pose pas tant de problèmes, la seconde princesse plus légère qui va s'affirmer, la bande de mercenaires qui aiment cogner et semer la zizanie. Mais, et c'est un grand mais, l'auteur leur a donné un bon quota de sympathie qui nous pousse à nous impliquer dans leurs péripéties respectives. Il a également mis en place une jolie romance qui nous touche grâce au personnage masculin, Susebron, de prime abord mystérieux et qui se révèle d'une belle sensibilité.

Le texte n'est pas dénué d'humour, plus prégnant par moments pour coller au tempérament du protagoniste que l'on suit. On relèvera plus particulièrement la présence d'un personnage léger, assez cocasse et décalé dans ce monde de fantasy, je parle de Chanteflamme le hardi, dieu malgré lui, qui apporte beaucoup de désinvolture au texte. D'ailleurs, c'est de loin celui qui nous surprend le plus…

C'est vraiment dommage que l'auteur ait étiré son histoire, au point de rendre certaines scènes répétitives. Même les grands discours qui nous parlaient tant au début deviennent rapidement indigestes… le lecteur a l'impression de s'enliser dans une intrigue dont il a pourtant compris les ficelles, car s'il est vrai que les événements comportent quelques petites surprises relatives aux personnages, les grandes lignes du dénouement, elles, sont visibles depuis le début.

Un bon livre de fantasy, finalement assez classique, qui souffre de longueurs inutiles, ce qui fait râler quand on voit l'originalité de l'univers et la magie d'un style qui parvient à rester fluide, même lorsqu'on aborde la technicité du Biochroma.

NB : L'épée Saignenuit nous rappelle furieusement celle tout aussi maudite, Stormbringer, du Elric de Moorcock.
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Ça fait un moment qu'il trainait, le titre me rebutait : warbreaker, ça donne un peu la sensation d'être le dernier film d'un Stallone ou d'un Schwarzenegger, un peu comme le terme Biochroma très souvent utilisé qui me sort complètement d'un univers fantasy pour me plonger davantage dans de la science-fiction… c'est le goût amer que ça m'a laissé. J'ai décidé de passer outre.
Le dernier détail qui m'a bloquée et je pense définitivement que le problème principal venait de là : l'édition. La typographie ne m'a pas plu, et la mise en page est beaucoup trop compacte ce qui fait que même lorsque l'histoire me plaisait et que j'avançais bien, je ne lisais finalement que peu de pages… c'était décourageant au possible.

'histoire en elle-même semblait sympathique mais arrivée à la page 231, j'avais toujours la sensation d'en être restée à une introduction… un peu longue à mon goût…
Les personnages m'ont posé souci. Parfois un même personnage me plaisait bien, me faisait rire, rendait la lecture plus sympathique et fluide, et quelques pages plus loin, j'avais juste envie de le buter. Ils ne sont pas légèrement bipolaires à tout hasard ? Si ça ne m'avait fait cette impression que sur un personnage, ça aurait pu passer… mais ils sont tous comme ça, sauf peut-être Denth et Tonk Fah, les deux seules raisons qui m'ont poussée à aller si loin, mais on tarde trop à en savoir davantage sur leur passé. Ça m'a lassée.

J'aurai pu continuer cette lecture, prolonger la torture, perpétrer ce crime contre mon envie de lire et me dégouter de ce passe-temps… non ! Définitivement non. Je préfère arrêter et passer à autre chose de plus facile et plaisant à lire…
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment avec ce livre à l'intrigue vraiment prenante, palpitante et construite qui nous surprends aux moments où on s'y attends le moins, des personnages denses et attachants, un univers efficace et un système de magie et de religion vraiment originaux et intéressants le tout porté par une plume toujours aussi fluide et efficace. Je reprocherai juste une accélération de l'histoire un peu trop rapide vers la fin et aussi le personnage de Siri qui m'a paru pas vraiment des plus utiles.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog
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Pour préserver son pays de la guerre , un roi marie sa fille au Prince du royaume voisin comme prévu 20 ans plus tôt. Sauf que au dernier moment le roi envoie sa plus jeune fille à la place de la “”promise”. Cet échange entre les deux soeurs , l'une préparée depuis son enfance et l'autre insouciante, et naïve en politique, va perturber
les plans des différentes factions.
Dieux, prêtres, Prince super puissant, mercenaires, épée magique, complots politiques ... ça remue beaucoup dans ce livre.
J'ai beaucoup aimé, d'abord l'intrigue, puis les rebondissements. J'ai apprécié de voir les 2 soeurs évoluer chacune dans leur personnalité et suivi avec plaisir leurs aventures. Les personnages sont bien décrits, on les apprécie ou les déteste mais ils nous laissent pas indifférents. J'ai trouvé ce monde original et haut en couleurs !
Un petit bémol pour la fin un peu trop rapide et qui m'a semblé vite expédiée , alors que certains autres moments étaient beaucoup développés. L'écriture est simple , la lecture fluide.
Un bon livre qui se lit d'une traite en vibrant. C'est dépaysant et plein d'imagination.
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Ayant énormément apprécié la trilogie Fils des Brumes du même auteur, c'est donc avec plaisir que je me suis lancé dans la lecture de ce one shot.

J'ai retrouvé tous les éléments qui m'avaient convaincu dans Fils des Brumes : des personnages marquants et travaillés, un système de magie original (qui se base cette fois-ci sur les couleurs et sur les "souffles"), et un univers maîtrisé.

L'intrigue peut paraître simple à première vue : une menace de guerre entre deux royaumes et un mariage pour essayer d'arranger tout ça. Mais on se rend vite compte que tout est un peu plus compliqué que cela et que les trahisons et les surprises seront aux rendez-vous.

Brandon Sanderson nous prouve avec Warbreaker que l'on peut faire d'un one shot une histoire complète et originale.
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Encore un roman qui pour moi confirme le talent de conteur de Brandon Sanderson en heroïc fantasy : le monde est solidement campé (surtout l'aspect magique), l'intrigue plutôt fouillée, les personnages complexes.
Bref, il y a du suspense, de l'action, de sombres complots, de l'humour et une touche de romance; le cocktail pour passer un excellent moment.

Avec ce roman, Sanderson nous donne également sa version en heroïc fantasy de la créature à la mode : le mort-vivant.
Evidemment, c'est plus compliqué que cela mais ces Rappelés sont en effet des gens "revenus d'entre les morts" et la magie repose sur l'animation des éléments organiques (de l'anima grecque qui signifie justement "souffle"; ce "supplément d'âme" qui donne une perception accrue du monde et permet de prolonger l'existence).

La narration suit d'un chapitre à l'autre les destinées de Siri, princesse mariée contre son gré au dirigeant ennemi, de Vivenna, sa soeur qui la rejoint pour tenter de la délivrer et de Chanteflamme, un Rappelé, dieu enfermé dans un palais.

En résumé, encore un roman qui fait de Brandon Sanderson une valeur sûre si on veut lire du fantastique d'aventure.
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Il paraît que Brandon Sanderson a tendance à retomber dans un schéma narratif similaire d'un livre à l'autre. C'est peut-être justement ce qui m'a motivée à me lancer le défi de lire toutes ses oeuvres. Car j'ai adoré Fils-des-Brumes, et lire des romans qui y ressemblent ne me dérange pas du tout.
Mais décidément, que cet auteur est prolifique ! Son premier roman, Elantris, est paru en 2005 aux États-Unis. Depuis, seize livres adultes ont été publiés en anglais (si je compte bien. Il n'y en a pas autant en français, hélas !). En une décennie, plus d'un livre et demi par an ! Et vu l'épaisseur desdits bouquins, ce n'est pas une mince affaire !
Je vais avoir de quoi m'occuper…

Bref, Warbreaker est la première marche de mon objectif, et une marche plutôt solide, luxueuse et agréable à regarder. En marbre rose, je dirais, avec plein de motifs mystiques sculptés et argentés. Comprenez : c'était une lecture vraiment sympa, avec plein de mystères, de rebondissements, d'intrigues de cour, et même de l'humour – un sacré bonus par rapport à Fils-des-Brumes !
Comme pour la trilogie, l'auteur s'est basé sur un principe original pour construire son monde. Mais au lieu d'imaginer un univers agonisant recouvert de cendres avec des personnes ayant la capacité de « brûler » le métal pour devenir plus forts, il a créé une magie basée sur la couleur qui divise deux royaumes. Tout comme Fils-des-Brumes, il y a des intrigues, la recherche du pouvoir, et surtout, des enquêtes pour comprendre comment et pourquoi cette magie est arrivée et fonctionne.

Vivenna est la fille aînée du roi d'Idris, un pays aux principes très moralisateurs qui refuse la magie du Souffle – et donc, la couleur. Depuis son enfance, elle est destinée à épouser le Dieu-Roi d'Hallandrène, la nation ennemie qui menace de les envahir. Elle a été formée à la politique hallandrène, aux règles qui régiront son quotidien, et à l'éventualité de sa mort prochaine. Or, son père ne peut renoncer au sacrifice de son enfant préféré. À la place, il envoie Siri, la cadette – la rebelle, celle qui n'écoute jamais ses leçons et qui n'en fait qu'à sa tête. Emprisonnée à la cour des dieux, la jeune fille perd tous ses repères. Elle va devoir faire face à toute la noirceur de la politique : les complots, les trahisons, les secrets… Car rien n'est ce qu'il semble être à la Cour des Dieux.
Mais au passage, Vivenna la sage ne l'entend pas de cette oreille et entreprend de tirer sa soeur de ce guêpier. Sauf que rien n'est plus éloigné de la pratique que la théorie, et elle sera rapidement prise au dépourvu malgré ses plans et ses années de formation.

Les deux soeurs sont les personnages principaux, mais il y en a deux autres que la narration suit : Chanteflamme, le dieu plein d'humour qui ne croit pas en sa propre divinité, et Vasher, un homme mystérieux doté d'une épée tout aussi mystérieuse et qui poursuit des objectifs encore plus mystérieux. Leur lien avec les deux princesses est invisible au début, mais va finir par se dessiner lentement. Il y a aussi tous les secondaires : Denth le mercenaire moqueur, Llarimar, le prêtre qui semble en savoir bien plus sur son dieu que ce qu'il n'en dit (un homme à la patience d'ange et au stoïcisme imperturbable face aux pitreries de Chanteflamme. Tous les deux forment un duo très amusant !), Tissepourpre l'intrigante, qui voit arriver les événements d'un oeil inquiet, Susebron, Bleudoigt… Et pleins d'autres !
Chaque personnage est attachant, à sa manière. Certains pour leurs répliques drôles (Tissepourpre et Chanteflamme sont mythiques !), d'autres pour leur innocence ou leur bonne volonté, d'autres encore pour leurs mensonges et leur méchanceté (eh oui ! Sanderson a su les rend attrayants parce qu'ils ne sont pas manichéens).
Et en effet, RIEN n'est ce qu'il semble être à la Cour des Dieux. Tous les personnages ont des secrets, savent des choses qu'ils auraient dû ignorer et qui change la donne. À tel point que j'ai eu l'impression de m'être faite menée en bateau par l'auteur, car chaque grosse révélation bouleverse le point de vue qu'on a sur les dieux/ la magie/la religion/la société hallandrène (barrer la mention inutile).

Tous ces personnages se posent des questions, intriguent, cherchent à comprendre des choses qui les dépassent et qui étaient là bien avant leur naissance. Leurs actions entrainent des conséquences qu'ils ne maitrisent pas, et grâce à cela, on peut voir que l'univers de Brandon Sanderson est extrêmement bien ficelé – tout comme Fils-des-Brumes. La magie, surtout, a des principes et des règles complexes dont les révélations tombent au fur et à mesure.
Du fait des épreuves qui barrent leur route, les deux soeurs vont beaucoup évoluer. On s'en rend compte surtout à la fin, quand elles se retrouvent et qu'elles sont obligées de se considérer avec un oeil neuf. Cette évolution se fait en douceur et je ne l'ai pas vu arriver.

La quête de vérité des protagonistes conduit le lecteur sur des pistes de questionnement qui semblent récurrentes chez l'auteur : la religion, la morale, le bien et le mal… Tout cela était déjà présent dans Fils-des-Brumes. Par exemple : une religion peut-elle être bonne si elle ment pour le bien de tous ? À quoi sert de diaboliser des personnes différentes de soi, si ce n'est pour justifier son propre mode de vie ?
J'aime bien ce genre de réflexion. de toute façon, pour moi un livre n'est vraiment abouti que s'il pousse son lecteur à voir le monde différemment et à s'interroger.

La seule chose qui ne m'a pas plu, c'est la fin. Elle est trop floue et on ne sait pas ce que vont devenir plusieurs personnages (enfin, on s'en doute un peu, mais ce n'est pas dit explicitement). Que va devenir le royaume d'Hallandrène maintenant que la vérité est dévoilée ? Que va devenir le Dieu-Roi après ce qu'il s'est passé ? Comment les gens peuvent-ils être Rappelés ? Pourquoi ont-ils besoin d'un Souffle par semaine ?
C'est une fin absolument différente de celle de Fils-des-Brumes, qui est totalement fermée, apporte toutes les solutions à nos questions (et même aux questions qu'on ne s'était pas posées).

En fait, je trouve qu'il n'y a pas vraiment de ressemblance de fond entre la trilogie et Warbreaker. Les personnages sont très différents, ils ne forment pas une équipe soudée qui a pour but de renverser le pouvoir en place et ne se connaissent même pas, l'intrigue n'est pas du tout la même, les magies ne se ressemble absolument pas… le parallèle peut se trouver dans la construction, dans la forme : les univers et les magies sont très approfondis, le cheminement des personnages et leur multiplicité les conduisent à évoluer, les retournements de situation se ressemblent (les choses ne sont jamais ce qu'elles semblent être, chez Sanderson, et j'ai pu anticiper une ou deux révélations), et les réflexions sur la morale et la religion sont les mêmes.
Bref, Warbreaker était suffisamment différent de Fils-des-Brumes pour me satisfaire, mais suffisamment ressemblant pour qu'on y voit la patte de l'auteur. Peut-être que je me lasserai si je lis plus de livres de lui.
Ou peut-être pas.
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Comme Elantris, Warbreaker est un stand-alone, ce qui est déjà une immense qualité en soi. En fait, du propre aveu de l'auteur, les deux livres se correspondent sur plus d'un point, car ils utilisent certains thèmes communs, pour en exploiter des aspects différents, ou laissés de côté dans Elantris. le ton, le style, l'approche, paraîtront familiers aux lecteurs d'Elantris, qui retrouveront ici ce qui leur a plu (ou déplu). Il s'agit d'une intrigue urbaine, centrée sur des individus pris dans des intrigues qui les dépassent, avec en toile de fond un système de magie original.
Hallandra est une cité-Etat flamboyante, située dans sous les tropiques, dirigée par des dieux incarnés, humains morts héroïquement revenus à la vie pour guider leurs concitoyens. Ses visées impérialistes menacent un petit royaume de montagne aux habitants rudes et austères, qui envoient à leur dieu-roi une princesse pour tenter de sauver une paix de plus en plus précaire. le lecteur suit quatre personnages : Lightsong, un dieu du panthéon d'Hallandra, sybarite et désinvolte; Siri, la petite princesse sans éducation qui arrive en ville; sa soeur Vivenna qui fugue pour tenter de la sauver; et Vasher, un anti-héros aux buts mystérieux, magicien plus que capable et doté d'une épée intelligente dont la ressemblance avec Stormbringer de Moorcock n'est pas fortuite.
Le système de magie, parlons-en justement : comme dans tous les romans de Sanderson, celui-ci est une figure central du récit, car il repose sur une cosmologie sophistiquée et est à la base du pouvoir qui permet aux protagonistes d'agir - quand il n'est pas lui-même un enjeu de lutte. Dans Warbreaker, les magiciens usent le "Souffle BioChromatique" qui leur permet d'animer des objets en drainant les couleurs alentours. Sachant que la puissance d'un magicien est liée directement au nombre de Souffles qu'il a stockés, et que chaque homme possède à la base un Souffle, la magie possède un côté vampirique accentué par le fait que les dieux d'Hallandra ont besoin de nouveaux Souffles régulièrement pour survivre. En fait, le coup des couleurs est presque accessoire, juste là pour le côté visuel.
L'autre aspect majeur des romans de Sanderson, c'est le soin à faire de chaque personnage un stéréotype cohérent, incarnation parfaite d'un ensemble de principes et de valeurs dont le récit prouvera la justesse ou non. On a donc la petite princesse insolente, inculte et indocile, qui va apprendre le sens des responsabilités; sa soeur, cultivée, éduquée, mais trop sûre d'elle et pleine de préjugés, qui va finalement s'ouvrir à l'autre et l'altérité; et le sycophante humoriste qui finira politicien responsable capable de mourir pour ses idéaux.

Tout ce que j'ai dit sur Elantris, je pourrais donc le répéter pour Warbreaker. Outre ces stéréotypes et le soin apporté à concevoir un système de magie original, on retrouve les cliffhangers de fin de chapitre, les retournements de situation tarabiscotés, et les personnages prévisibles à force d'être cohérents. de plus, si la première partie (l'exposition) du roman est trop longue, et la deuxième (la résolution) trop courte. Malgré tout, et comme pour Elantris ou Mistborn (1, 2 et 3), Warbreaker impressionne par le travail de l'auteur, sa précision maniaque, et le respect qu'il a du lecteur. Ses quelques défauts ne l'emportent pas sur ses nombreuses qualités, ce qui en fait un excellent choix pour le roman que vous emporterez à la plage.
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