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La lecture m'a rappelé le livre “Les disparus” de Mendelssohn paru il y a une dizaine d'années sur un sujet voisin, la quête des disparus dans l'Holocauste. Je crois me souvenir d'un souffle plus puissant dans “Les disparus”, peut-être à cause d'un centrage plus explicite sur la mémoire familiale.
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L'an dernier j'avais mis « la Filière » dans le mois de littérature allemande organisé par « Et si on bouquinait un peu », cette fois je mets celui-ci qui m'a absolument passionnée. Vous me disiez dans vos commentaire, à propos de « La filière » que, pour beaucoup d'entre vous, ce livre-ci était une lecture qui vous avait marqués. Je suis entièrement d'accord avec vous, je n'oublierai jamais la qualité du travail de Philippe Sand.

Cet auteur mêle ses recherches personnelles autour du destin de sa propre famille qui est originaire à Lviv (autrement nommé Lwow et Lemberg du temps de l'occupation nazie) et une enquête minutieuse sur deux hommes liés à cette même ville, dans laquelle ils ont tous les deux commencé à étudier le droit : Hersh Lauterpacht et Raphael Limkin.

Philippe Sand enquête également sur le passé du dirigeant Nazi, Hans Frank, et rassemble toutes les preuves dans son rôle sur la volonté d'exterminer tous les Juifs qui étaient sous sa juridiction en Pologne dont les parents et toute la famille des grands parents de l'auteur. La symbiose de son histoire familiale et de l'histoire du Nazisme est d'autant plus intéressante que s'y mêlent aussi les histoires familiales de Lauterpacht et Limkin, deux des éminents juristes qui ont contribué aux procès de Nuremberg.

Toute cette partie du livre est sous entendu par ce débat juridique : quelle notion est la plus pertinente pour protéger un homme contre la barbarie d'un état ?

La notion de crime contre l'humanité défendu par Lauterpacht.
Où la notion de génocide défendu par Limkin.
Les deux personnalités de ces grands juristes étaient très opposées, Lauterpacht était un important juriste et chercheur en droit de l'Angleterre et un fou de travail, mais il était devenu aussi complètement britannique et ne montrait jamais ses émotions. Il ne voulait surtout pas que l'on puisse l'accuser d'avoir oeuvré en tant que juif. Alors que pendant le procès de Nuremberg il apprendra la fin tragique de ses propres parents restés à Lviv. S'il rejetait la notion de génocide, c'est qu'il craignait que cette notion se retourne contre ceux qu'on voulait défendre en les faisant appartenir à un groupe. Pour lui le carcatère humain était plus important que l'appartenance à une communauté juive.

Limkin avait fui aux États-Unis, et sa personnalité est très différente, il a un caractère bouillant et agace souvent les juges par son côté obsessionnel . Il tenait absolument à la notion de génocide car cela permettait de comprendre que les crimes des Nazis n'étaient pas liés à la guerre et avaient commencé bien avant. Lui aussi découvrira ce qui était advenu à sa propre famille pendant le procès de Nuremberg.

Tout est passionnant dans ce livre autant la façon dont Léon, son grand père et Rita sa femme ont survécu et comment sa mère a été arrachée de justesse aux griffes des nazis par une femme remarquable une missionnaire anglaise :Miss Tilney à qui Israël a donne le tire de « Juste ». Comme souvent le petit-fils veut tout savoir et s'est heurté au silence de ses grands parents. La vérité du destin de ces familles étaient trop dure à raconter, de plus plane un certain mystère que la façon dont ils ont fui Vienne séparément, Léon d'abord puis la petite Ruth – la mère de l'auteur- et enfin Rita qui semblait avoir du mal à quitter Vienne pas seulement pour des raisons administratives. L'auteur n'élucidera pas complètement ce mystère.

Le moment le plus difficile à supporter, pour moi, fut ce témoignage à Nuremberg de ce juif qui raconte ce qui s'est passé dans les fosses communes autour de Lviv le récit de ces gens qui étaient tués par balle , vieillards, hommes, femmes, enfant, bébés, et absolument insoutenable. Ce qui rend la lecture possible, c'est la taille des chapitres qui sont assez courts et on peut donc reprendre son souffle.

Quel travail ! Oui c'est un très grand livre qui fourmillent d'informations. J'en donne une au passage : le pape XII est intervenu personnellement pour éviter la peine de mort à Hans Frank responsable de Treblinka et du Ghetto de Varsovie et de sa liquidation, de la mort de tant de Juifs et de Polonais pour lesquels le pape n'a jamais rien dit mais pour cet horrible criminel de guerre il s'est fendu d'une lettre ! ! ! !
Lien : https://luocine.fr/?p=16580
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Tout est passionnant dans l'enquête menée par philippe Sands, juriste international franco-anglais dans retour à Lemberg. C'est le hasard qui le met sur les traces de son histoire familiale, sur celle des juristes internationaux qui ont créé les notions de génocide et de crie contre l'humanité et le gouverneur général de la Pologne sous domination nazie. Un vrai talent de conteur pour restituer dans les moindres détails ses recherches qui en deviennent passionnantes, ses compétences en droit international qui nous permettent de suivre ces deux juristes et le procès de Nuremberg, la rencontre des descendants, les histoires extraordinaires de ceux qui ont survécu et même le mystère qui demeure sur certaines circonstances de leurs vies.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Je termine en bout de confinement un livre que j'ai mis du temps à lire. C'est d'ailleurs amusant de constater que cette période de vie où nous avons été forcés de demeurer à domicile, covid oblige, m'a éloigné de la lecture alors que je l'apprécie tant dans ma vie bousculée où le temps semble se dérober tant il coule vite, comme si ce moment de repli sur soi me semblait trop calme pour me plonger dans les heures douces d'un ouvrage à découvrir.

L'auteur de l'ouvrage, Philippe Sands, mène un double récit, il revient sur les traces de sa famille, juive, et décimée en Ukraine en début de guerre lorsque l'ogre hideux du nazisme commettait ses innommables atrocités dont je m'interroge toujours sur le comment du possible. A côté de cela, il nous conte l'histoire de deux imminents juristes, Hersch Lauterpacht et Raphaël Lemkin qui développèrent des concepts nouveaux en droit international, ceux-là même de crime contre l'humanité et de génocide. Ces concepts nous explique l'auteur s'opposent contrairement à ce que notre intuition pourrait nous suggérer mais furent déterminants au procès de Nuremberg. En effet, il a fallu cet épisode pour qu'enfin le droit international puisse accuser un individu de crime d'horreurs sans que celui-ci se retranche derrière une factice impunité due à son obéissance au droit souverain de son pays.

Il y a des passages vraiment érudits et passionnants , le développement intellectuel est rigoureux et enrichissant. Il y a aussi des longueurs où je ne vous cache pas me perdre un peu dans les détails de sa famille; Certes , ce jeu de piste pour recomposer une famille anéantie dont quelques pièces de vie d'un puzzle éparse subsistent à travers le monde mais certains chapitres sont malheureusement un peu ennuyeux tandis que d'autres passionnent , en particulier ce qui concerne Hans Frank , gouverneur général de la Pologne, responsable de la mort de millions de juifs et pourtant éminent juriste dont l'aberrante cécité face à sa responsabilité nous plonge dans la plus totale incompréhension.
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Philippe Sands est avant tout un enquêteur. Il partage avec nous les pistes, les photographies, les indices, les frustrations. Les moments où il parvient à la vérité sont lumineux, terrifiants et fascinants. La quête est aussi personnelle qu'historique, juridique. Elle passionnera les férus d'histoire et de Droit. Les histoires de famille toucheront les autres. Une lecture recommandée pour ceux qui s'intéresse à cette ville magnifique souvent négligée, LVIV..
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C'est une enquête très intéressante et émouvante parce que l'auteur marche dans les pas de son grand-père, Léon Buchholz qui échappa à l'Holocauste. La ville de Lemberg est le point commun à l'étude qu'il mène pour retrouver l'histoire de sa famille mais également pour suivre deux juristes qui apportèrent deux concepts nouveaux dans l'élaboration de la justice internationale, celui de « crime contre l'humanité » avancé par Hersch Lauterpacht et de « génocide » proposé par Raphaël Lemkin , liés eux aussi à la ville de Lemberg, ville dans laquelle Hans Franck, le juriste d'Hitler, proposa la « solutiôn finale ». Cependant je mets un bémol sur le style qui parfois est un lourd: dans son souci de rapporter les faits, l'auteur se perd dans des détails qui l'alourdissent le récit.
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Philippe Sands est un juriste international spécialisé dans la défense des droits humains et qui a travaillé pour le Tribunal Pénal International. En 2010 il est invité à Lviv, en Ukraine, pour y faire une conférence sur ses travaux concernant le génocide et les crimes contre l'humanité. Avant la seconde guerre mondiale la ville s'appelait Lemberg et elle appartenait à la Pologne. C'est à l'université de Lemberg que Hersch Lauterpacht (1897-1960), créateur du concept de crime contre l'humanité, et Raphaël Lemkin (1900-1959), inventeur de la notion -et du mot- de génocide, ont fait leurs études. C'est aussi à Lemberg qu'est né Léon Buchholz (1904-1997), grand-père maternel de l'auteur. La conférence est pour Philippe Sands l'occasion d'enquêter et d'en apprendre plus sur ces trois hommes. le quatrième personnage important du livre est Hans Frank (1900-1946), Allemand et nazi, gouverneur général de la Pologne occupée et qui fut condamné à mort au procès de Nüremberg.





Léon Buchholz ne parlait pas de sa jeunesse et de sa famille. Sa fille, la mère de l'auteur, était ignorante de beaucoup de choses concernant l'histoire de ses parents et la sienne propre quand elle était toute petite. Léon est né à Lemberg mais, quand il a dix ans, son père meurt et sa mère s'installe alors à Vienne où vit déjà sa fille aînée. Après l'Anschluss, en 1938, Léon quitte l'Autriche pour Paris. Sa fille l'y rejoint en 1939, sa femme en 1941, à la veille de la fermeture des frontières au Juifs. Pourquoi ces départs en ordre dispersé ? En s'appuyant sur des documents de famille conservés par sa mère, en les complétant par des recherches en archives et en faisant appel à une détective privée, l'auteur découvre une nombreuse famille presque entièrement disparue lors de la shoah, un secret de famille et l'existence d'une Miss Elsie Tilney qu'il a fait reconnaître plus tard comme Juste parmi les nations.





L'objet de l'ouvrage est aussi de présenter un aperçu de l'histoire de la défense des droits humains par le droit international. Les prémices en remontent aux traités de la première guerre mondiale mais les choses ont surtout avancé à partir du moment où les Alliés ont eu connaissance des crimes nazis. Je pensais que le génocide était "le crime des crimes" et se situait, en matière de gravité, un cran au-dessus du crime contre l'humanité. En fait ce n'est pas ainsi que l'ont pensé les concepteurs de ces notions. Les juristes juifs Lauterpacht et Lemkin ont cherché tous les deux une réponse à la même question : "comment le droit peut-il faire en sorte de prévenir les assassinats de masse", comment faire pour que les Etats ne puissent plus maltraiter impunément leurs populations ? Pour Lauterpacht il faut placer la protection de l'individu au coeur de l'ordre juridique international en s'appuyant sur une charte ou des conventions des droits de l'homme. Pour Lemkin les Arméniens, les Juifs, ont été assassinés parce qu'ils étaient Arméniens ou Juifs. Il faut donc protéger les groupes. Ces deux conceptions se sont affrontées. Les défenseurs de la notion de crime contre l'humanité pensaient que parler de génocide c'était adopter une pensée biologisante et enfermer les individus dans leur groupe, ainsi que l'avaient fait les bourreaux. Ils craignaient aussi une concurrence entre victimes. L'opposition entre ces deux conceptions est due aussi aux personnalités de leurs auteurs : Lauterpacht était rigoureux tandis que Lemkin était plus expansif, avait tendance à embellir des épisodes de sa vie et parlait parfois à tort et à travers, choses pas toujours appréciées chez les juristes.





Lauterpacht et Lemkin ont chacun tenté de faire prévaloir leur conception lors du procès de Nüremberg qui se déroule de novembre 1945 à octobre 1946. Les principaux chefs nazis encore en vie -et sur lesquels on a pu mettre la main- y sont jugés par les Alliés américains, britanniques, français et soviétiques. Les accusations de crime contre l'humanité et de génocide y apparaissent toutes les deux bien que la seconde ne soit utilisée que de façon très limitée. Ce procès -et auparavant son organisation- apparaît comme un moment clé de la mise en place d'une justice internationale. Les débats d'idées qui ont accompagné la construction de cette justice, la quantité de travail et l'importance du droit sont bien montrés.





Au cours de son enquête Philippe Sands a visité les lieux où les événements dont il parle se sont déroulés et il a tenu à rencontrer des témoins quand ils étaient encore en vie ou des personnes qui les avaient connus. Sa rencontre la plus intéressante est celle avec Niklas Frank, le fils de Hans Frank, avec qui il s'est lié d'amitié. Niklas Frank est un des premiers enfants de dirigeant nazi à avoir écrit un livre très critique sur son père. Il dit : "Je suis contre la peine de mort, sauf pour mon père". L'auteur a aussi beaucoup échangé avec Horst von Wächter, le fils de Otto von Wächter, un autre criminel nazi, mais qui lui cherche à excuser son père. Quels que soient ses interlocuteurs Philippe Sands apparaît comme à l'écoute et capable d'empathie mais sans renoncer à son but. C'est son talent de s'appuyer sur les histoires personnelles de ses personnages, sur l'histoire de sa propre famille, sur les péripéties de son enquête et sur ses rencontres pour rendre vivant et accessible le récit de la construction de la justice internationale. J'ai trouvé cette lecture fort intéressante.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Un très précieux travail de mémoire, d'enquête et d'analyse. Un chef d'oeuvre.
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Philippe Sands, avocat spécialisé dans la défense des droits de l'homme, pointe tout cela dans cet extraordinaire témoignage où s'entrecroisent une enquête palpitante et une réflexion profonde sur le pouvoir de la mémoire.
Le premier versant de ce livre est une enquête familiale autour de Leon Buchholz et son épouse Rita, qui parcoururent la Pologne, l'Empire Austro-hongrois, la France, au gré des guerres et conflits, en fonction, également, des menaces qui pesèrent sur eux et qui terminèrent leur vie à Londres.
Le second est l'enquête sur les deux juristes et leur combat afin de développer le droit international en matière de droits de l'homme.
La troisième, enfin, s'oriente vers Hans Frank, le Gouverneur général de la Pologne occupée. Hans Frank, l'amateur d'art, l'homme qui adorait la musique. On apprend que son fils Niklas, devenu un ami de l'auteur, est d'une sévérité absolue envers son père et sa mère qui joua un rôle intense dans la dérive nazie de son mari.
Ce livre est passionnant, nécessaire aussi pour appréhender certains pans d'Histoire qui ne sont pas les plus appris, expliqués et compréhensibles.
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L'auteur en partant à la recherche de la famille de son grand-père maternel, se retrouve à étudier et à croiser l'itinéraire de quatre hommes pour lesquels la ville de Lemberg a été déterminante. Son Grand-père, qui y naquit et y vécut comme Raphael Lemkin (1900-1959) qui a forgé le concept de "génocide", et Hersch Lauterpacht qui a introduit la notion juridique de "crime contre l'humanité" et finalement Hans Franck, ami et avocat d'Hitler, gouverneur général de la Pologne basé à Lemberg durant la Seconde guerre mondiale, qui met en place la Solution finale depuis cette ville et connu sous le surnom de "boucher de Varsovie" au procès de Nuremberg.
La différence entre crime contre l'humanité et génocide selon Philippe Sands: Imaginez le meurtre de 100'000 personnes du même groupe. Pour Lauterpacht , le meurtre d'individus, s'il relève d'un plan systématique, est un crime contre l'humanité. Pour Lemkin, le meurtre d'un grand nombre d'individus mais avec l'intention de détruire le groupe auquel ils appartiennent, est un génocide.
Le grand-père et les 2 juristes fréquentèrent les mêmes institutions scolaires et universitaires, ils étaient juifs tous les trois et sont tous les trois les seuls survivants de leur famille respective.
C'est un livre passionnant grâce au talent de conteur de Sands, car fondamentalement c'est un livre juridique, dont chaque assertion est accompagnée de sa référence source en fin de livre. Et pourtant il nous fait partager l'acharnement des deux juristes qui se sont battus toute leur vie adulte,
pour faire reconnaître au Monde que le régime Nazi était entrain d'exterminer systématiquement des populations entières d'Europe. Ils se sont battus pour donner au Tribunal International de Nuremberg les outils juridiques pour condamner ceux des cadres du nazismes qui ne s'étaient pas lâchement suicidés.
Et puis il y a l'histoire de la famille de Philippe Sands, ces grands-parents vivant dans un petit appartement parisien, si tristes et silencieux sur leur "vie d'avant" et la découverte de l'auteur du pourquoi de ce silence et de cette tristesse. Un beau livre qui n'est pas un roman, qui n'est pas totalement et seulement un livre juridique, qui n'est pas totalement historique, qui démarre comme une quête à la Daniel Mendelshon dans "Les Disparus" en 2007, et qui se double d'un livre de référence concret et précieux.
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