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Critique de JeanLouisBOIS


N'est pas Orwell qui le désire !
En 1948, George Orwell fait paraître 1984, une dystopie alimentée par les régimes totalitaires politiques (communistes ou fascistes) et manifeste les excès irréversibles vers lesquels ces sociétés risquaient de se diriger. Dans les pas d'Orwell, Boaulem Sansal avec 2084 tente une réécriture de 1984. Remise au goût du jour, la dystopie est devenue une évolution d'un totalitarisme religieux à forte composante musulmane. En effet, l'auteur semble voir dans l'islam une des pires craintes surgissant du chaos de ce début de siècle et un système des mieux armés pour prendre le contrôle de l'occident et peut-être du monde. Heureusement, il y a toujours un réfractaire : ici, c'est Ati qui nous permet de naviguer dans les différentes composant ce macrocosme : les renégats, les soumis et les dirigeants. Son seul espoir se résume à trouver une frontière pour pouvoir fuir vers un hypothétique étranger. Une aventure à rebondissements où l'on découvre l'organisation de cette dystopie avec sa langue particulière l'Abilang qui sert aussi bien à manipuler qu'à contrôler les masses, ses codes sociaux (ici religieux essentiellement), ses vérités flottantes(textes sacrés, Histoire, mythes, ennemis, …). Finalement, rien de très nouveau dans l'imagination des écrivains depuis les années 1950 sauf la nature exclusivement religieuse de cette dystopie.
Pourtant, c'est peut-être là que le bât blesse : l'auteur semble confondre la religion avec les excès et les détournements dont elle a été historiquement et est encore l'objet. Il suffit de relire l'épigraphe pour en être convaincu : « La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité. » La religion (ici toute religion par le fait même d'exister) apparaît foncièrement blâmable et nocive, elle doit être combattue comme essentiellement antihumaniste. le roman s'attaque surtout à la religion musulmane ce qui reste trop sommaire. On sait très bien qu'il n'y a pas un seul mais de multiples rites de confessions musulmanes de par le monde, qui ne s'entendent pas toujours entre elles et qui, du fait même de leur proximité, sont parfois prêtes à en découdre. Même si les religions sont de plus en plus mobilisées pour rassembler des peuples et parfois avec une certaine complaisance de leur part, elles sont rarement la cause principale, première ou même, déterminante des conflits ; c'est bien le pouvoir temporel, quel qu'en soit la forme, qui est le but ultime. C'est pourquoi il me semble qu'un totalitarisme uniquement religieux ne soit pas envisageable en tant que tel et passe à côté de l'essentiel. Heureusement, 2084 se lit facilement et avec grand plaisir quant à la réflexion sur les pouvoirs et les individus ce qui rattrape partiellement sa lacune fondamentale.



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