La Micaela Thorné de ces années-là ne pouvait s’empêcher de penser à cette chose fragile qu’elle était, cet ange à deux têtes qui ne pourrait jamais devenir une seule et même personne. Etre quelque chose; une personne en soi, pour soi. Citoyenne, professionnelle, une unité tout entière. La fille que j’avais été autrefois avait réagi à tout ce qui pouvait l’engloutir : la couleur de sa peau, la pauvreté de son île, les corps qui la contenait, les connaissances inutiles de sa grand-mère.