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EAN : 9782843048449
Zulma (03/01/2019)
3.72/5   49 notes
Résumé :
[La guérisseuse, sa petite-fille et le chanteur de tango] La puissante Mano Santa est appelée au chevet de Carlos Gardel, l’icône du tango, à la veille de sa tournée dans les Caraïbes. La guérisseuse emmène avec elle sa petite-fille Micaela, étudiante infirmière silencieuse et appliquée, à qui elle confie Gardel.

[Tout sur Gardel] Sous l’emprise du cœur-de-vent, décoction bleue agissant comme un sortilège, Gardel se raconte : son enfance pauvre à Toul... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Un grand merci aux éditions Zulma pour ce beau partage et à Babelio qui m'a permis de recevoir ce livre.

Avant tout, je félicite les éditions Zulma pour leurs superbes couvertures, c'est toujours appréciable d'avoir cet assortiment coloré, original et chaleureux dans une bibliothèque. Pour un peu, on deviendrait collectionneur des livres Zulma rien que pour les couvertures et en faire une immense fresque.

Après, j'apprécie presque toujours, les auteurs qui ont la chance d'être retenus, car ils offrent aux lecteurs une parenthèse de voyage, d'originalité, et de grande qualité.

Présentement, nous partons dans les îles caraïbes, au rythme du tango et son roi Carlos Gardel, né Charles Romuald Gardés à Toulouse et oui point Argentin juste immigrant vers ce pays qui l'a formaté au son du tango.
Le roman nous permet de faire un bout de chemin sur les traces de ce chanteur, et de découvrir par la même occasion la pauvreté et les difficultés de tout un peuple miséreux.

Puis par le biais de la maîtresse nous pénétrons dans un autre univers, celles des guérisseuses et toute la panoplie qui va avec, les herbes, les potions et autres remèdes et connaissances qui se transmettent de génération en génération gardés bien jalousement. C'est d'ailleurs grâce à ce secret que la grand-mère va pouvoir faire un marché afin que sa petite fille puisse accéder aux portes de l'université et devenir médecin.
Ce n'est pas une mince affaire à cette époque, plusieurs barrières à franchir dont certaines semblent impossibles : être femme de peau noire, pauvre et habitée sur une île !
C'est aussi le début des contrôles des naissances avec des expérimentations plus ou moins bien menées.

J'ai bien apprécié le parcours de Micaela, son courage et sa détermination.
J'ai moins aimé le personnage de Carlos Gardel.

J'ai peiné à pénétrer au coeur du roman par un début lent, puis le rythme s'est accéléré et les différents sujets m'ont intéressée.
Par ailleurs, il y a de très beaux passages poétiques. Dans l'ensemble je me suis laissée porter par la plume agréable et sensible de l'auteure.
Une très belle découverte pour résumer aux couleurs du tango et des Caraïbes.
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Voilà un roman qui m'a beaucoup plu mais dont j'ai un mal fou à commencer la critique. Va savoir pourquoi.
C'est l'histoire de Calos Gardel
C'est l'histoire de Micaela
Et ça se passe dans les Caraïbes
Carlos Gardel, on connait, au moins de nom, le célèbre chanteur de tango.
Micaela, on la découvre.
Petite fille d'une guérisseuse, elle suit des études d'infirmière à l'école de médecine tropicale.
Sa grand-mère étant appelée au chevet de Carlos Gardel, elle l'accompagne pour l'assister.
Entre le chanteur et la jeune fille, il se passe quelque chose de fort, et Micaela le suit dans son tour de chant pendant quelques semaines.
Parenthèse sensuelle et paradisiaque dans sa vie.
Ҫa foisonne de détails. Senteurs, paysages, musique, plantes…..
Un dépaysement total, c'est tellement bien écrit qu'on s'évade littéralement le temps de la lecture.
Si j'ai trouvé intéressante cette biographie de Carlos Gardel, la vie de Micaela m'a fascinée.
Quel parcours atypique !
Sa condition de femme, noire de surcroit, rend bien difficile son ascension professionnelle et sociale en 1935.
Sa relation avec sa grand-mère est d'une force attendrissante.
Tradition et modernité se côtoient.
La question de la régulation des naissances dans les pays pauvres est le cheval de bataille de sa vie.
Pas un moment d'ennui, un régal pour les passionnés de plantes, un magnifique portrait de femme….. et j'en oublie
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Ce livre est un enchantement ! Dès les premières pages, on est plongés dans l'atmosphère et les paysages de Porto Rico, la petite île où Micaela a grandi. Protégée par une grand-mère guérisseuse qui a su l'initier aux secrets des plantes tout en se battant pour qu'elle puisse continuer ses études malgré leur grande pauvreté, Micaela , jeune étudiante infirmière, va voir sa vie bouleversée par une rencontre inattendue, celle de Carlos Gardel qu'elle va être amenée à soigner et qui deviendra son amant le temps d'une tournée dans l'île.
Malgré son rythme lent et son intrigue loin de notre vie et nos préoccupations habituelles, ce roman m'a tout de suite happée. L'auteur a une écriture très poétique et sait en peu de phrases nous faire partager les sensations et les ressentis de son héroïne. L'ambiance est mystérieuse, l'atmosphère étrange entre cette grand-mère guérisseuse et ce patient inconnu à soigner. On a l'impression d'entrer dans la vie de Micaela et les scènes où elle est rejetée du fait de sa couleur de peau dans cette île où une subtile hiérarchie s'établit entre blancs et noirs, riches et miséreux, nous révoltent et nous font ressentir intimement toute son humiliation et la difficulté à se faire une place dans la société de l'époque.
L'évocation de la vie de Carlos Gardel nous fait basculer dans un autre monde mais est passionnante aussi. C'est un autre point de vue sur la légende du tango et les fragilités d'un homme qui lui aussi s'est battu pour sortir de la misère et passera sa vie à essayer de se venger des humiliations subies pendant l'enfance.
Et puis il y a les plantes : nourricières, guérisseuses, mystérieuses, exubérantes. L'étrange coeur de vent et ses propriétés médicinales si convoitées par les médecins qui forcera Micaela à devoir choisir entre les deux facettes de sa vie, le savoir ancestral de sa grand-mère ou les études de médecine qui devraient la sortir de la pauvreté. Les paysages de l'île si beaux malgré la misère ambiante. Les sons, les couleurs, les odeurs des Caraïbes. Et peut être bien une société qui est en train de disparaître au nom de la modernité et du progrès.
Mention spéciale aussi pour les éditions Zulma et les magnifiques livres-objets qu'elles nous proposent : la couverture est superbe, la mise en page aérée et agréable et le papier de qualité, ce qui augmente encore le plaisir de lecture. Cela m'a donné envie d'acheter d'autres livres de cette collection juste pour le plaisir de les avoir en main !
Une très belle lecture, très originale, que je vous recommande chaudement... à découvrir.
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C'est dans un dernier tango que Micaela Thorné se lance au soir de sa vie, un tango des souvenirs, de sa jeunesse comme jeune élève infirmière qui rêve de devenir médecin, ayant tant appris de sa grand-mère qui connaît le secret des plantes et remèdes qu'elle accompagne régulièrement dans ses consultations mais aussi de sa rencontre avec celui dont la voix faisait chavirer les coeurs : Carlos Gardel, l'homme aux multiples surnoms : El Zorzal, El Bardo ou El Morocho....

Je ne connaissais pratiquement que de nom Carlos Gardel car j'ai, je dois l'avouer une petite aversion pour le tango et donc ma culture dans ce domaine est assez limitée. Mais ayant reçu ce roman suite à un concours, je trouvais l'occasion belle de m'y plonger et peut-être d'avoir un autre regard sur cette musique.

C'est une lecture agréable mais je suis restée malgré tout assez à distance des personnages peut-être toujours un peu réticente quand il s'agit d'un roman qui mêle une histoire d'amour pour évoquer un sujet ou un personnage. La première partie est surtout axée sur les médecines, le savoir de Mano Santa, la grand-mère de Micaela, et en particulier l'aide et les guérisons qu'elle apporte grâce aux plantes . On ressent tout l'attachement à cette mère de substitution qui deviendra son modèle. Ensuite c'est surtout sa relation à Carlos Gardel qui a duré le temps de la tournée qu'il effectue sur l'île de Porto Rico en 1935 soit vingt sept jours d'amour rythmés par les représentations et les voyages de ville en ville

Le récit "danse" sur plusieurs thèmes, plusieurs tempos, avec un démarrage assez lent, une évocation de la condition féminine de l'époque, des pratiques médicales, de l'admiration et l'observation que porte Micaela sur sa grand-mère, sur ses gestes et ses pratiques, sachant déjà que son but serait un jour de devenir celle qui aiderait les femmes. le tempo s'accélère et devient plus fiévreux dans la deuxième partie, mais je n'ai pas pour ma part, été transporté par leur relation. J'ai trouvé le personnage de Carlos Gardel  peu sympathique. J'ai été troublé par son comportement assez "macho", sans élégance et j'ai trouvé que Micaela était bien soumise voir naïve.

Il n'en reste pas moins que j'ai découvert les origines de Carlos Gardel, son parcours et ses relations avec musiciens et compositeurs, sa proximité avec les "petites gens", n'hésitant pas apparemment à chanter pour eux mais aussi (mais est-ce vrai ou imaginé pour le roman) la maladie qu'il contracta à la fréquentation de prostituées. 

C'est une lecture agréable mais pour moi finalement assez neutre, sans réelle émotion, peut-être parce que c'est une musique, le tango, dont je n'ai jamais ressenti ni compris la sensualité. J'ai à plusieurs reprises trouvé que l'auteure hésitait sur l'orientation de son récit : romance ou pratiques médicales par les plantes, avec un style très différent quand il s'agit de parler de la partie médecine ou de la partie romance. Ce fut pour moi, malgré tout et c'est déjà beaucoup, la découverte d'un univers, d'un personnage dont je connaissais peu de chose, d'une ambiance et cela reste malgré tout positif.

Je ne suis pas sûre d'être réconciliée avec le tango mais par contre la détermination dont fait preuve Micaela à franchir toutes les étapes pour devenir médecin, son regard sur les femmes, leur entraide, leurs maternités et sur son île m'ont beaucoup plus intéressée.

"La tristesse est cette note qui s'étire comme un bandonéon. Elle fait grandir l'appel quand la distance se relâche, grandir la voix quand l'objet du désir est loin. C'est de là que viennent ce soupir et cette cassure dans la voix. C'est vers ce lieu-là qu'il faut tendre, faire battre le coeur, pour que la nostalgie atteigne ce qu'on a perdu et le fasse revive dans la poitrine. (p168)"
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Nous sommes en 1935, à Porto Rico, une île pauvre parmi les pauvres des Caraïbes, sous administration américaine. A cette époque, les naissances ne sont évidemment pas contrôlées, les femmes pauvres mettent au monde de nombreux enfants qui finissent le ventre gonflé de vers (comme leurs mères) et les médecins formés aux Etats-Unis voient cette population grouillante comme « un nid de mouches ». de retour de New York, Carlos Gardel, qui mourra bientôt en juin 1935 dans un accident d'avion à Medellin en Colombie, a entrepris une grande tournée en Amérique latine et passe par Porto Rico. C'est là que vivent Micaela Thorné et sa grand-mère Mano Santa, une jeune étudiante infirmière et une guérisseuse, la meilleure de l'île, celle qui connaît le secret du coeur-de-vent, une plante « miraculeuse », mais qui a aussi fait de nombreux sacrifices pour que sa petite-fille fasse des études et sorte de son milieu. C'est à Mano Santa que va faire appel l'entourage de Gardel, incapable de chanter à cause de la syphilis qui le ronge.

Et c'est ainsi que Micaela, qui a accompagné sa grand-mère pour soigner Gardel, va être en quelque sorte réquisitionnée par le chanteur pour l'accompagner dans sa tournée portoricaine. Vingt-sept jours d'évasion, de désir brûlant, pendant lesquels Gardel va raconter sa vie à Micaela et où, surtout, la jeune femme va se demander ce qu'est être une femme à Porto Rico en 1935 : doit-elle répondre à l'exigence de procréer de son milieu pauvre, noir ? Peut-elle s'en affranchir et a-t-elle le droit de faire des études, d'intégrer l'univers de l'Ecole de médecine tropicale et de l'Office d'hygiène maternelle et de salubrité publique ? Comment se situer entre le docteur Romeu, forte de son savoir mais attirée par le savoir des plantes médicinales, et Mano Santa, gardienne du secret du coeur-de-vent ? Toutes ces questions, Micaela se les pose encore au soir de sa vie, quand elle est revenue vivre seule dans la maison de sa grand-mère.

Les pages sensuelles de ce roman rempli de plantes, de soleil et de tango se tournent toutes seules. Je ne sais pas si Carlos Gardel, le « Zorzal Criollo » (la grive chanteuse créole), le « Morocho de l'Abasto » (le brun de l'Abasto, le quartier de Buenos Aires où les tangueros se produisaient), si Gardel donc a vraiment eu la syphilis, en tout cas, après avoir triomphé à Paris et à New York, il a vraiment fait une tournée latino-américaine en 1935, qui devait le ramener en Argentine, pays auquel il était si attaché et qu'il ne reverra jamais. Ce prétexte pour une rencontre entre lui et Micaela donne un roman où deux thématiques, celle du tango et celle du féminin, celle de la tradition et celle de la modernité, se croisent et s'entrecroisent, non sans douleur ni trahison. Mayra Santos-Febres, poète et romancière née à Porto Rico en 1966, est l'image de l'émancipation de ces femmes dont elle conte si bien l'histoire.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les musiciens ont achevé d’accorder leurs guitares sur scène. Alors Gardel a chanté.

Miel épais. Densité du muscle. Les ondes de sa voix m’ont enveloppée, comme un bain d’onguents, la caresse d’un baume. Ce n’était pas l’égratignure lointaine qui faisait grésiller les disques sur les gramophones de Campo Alegre. Ce n’était pas non plus la voix radiophonique qui nous obligeait à nous concentrer sur les messages et les mélodies. Cette nuit-là au Paramount, la voix de Gardel était vivante. La réverbération de sa voix était robuste, mais claire, armée de dents et de griffes qui ne cherchaient ni à déchirer ni à dévorer, mais invitaient à poser le pied, tout le corps sur l’air, pour voyager très loin au fond de nous. Elle donnait envie de se laisser emporter jusqu’en ce lieu sombre et protégé, d’où on est sorti il y a des années et dont on se souvient à peine. Et cette voix était aussi le regret qui efface tout chemin dans la mémoire. On doit retourner à cet endroit vrai, à soi. On doit en revenir, brisé, en lambeaux, mais être de retour. Tel était le sens de sa voix. (p. 98)
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C'était bien cela, le repos de moi-même s'était achevé. Ces jours de fête avec Gardel m'avaient permis cela. Cesser d'avoir continuellement à me protéger du monde, de ma grand-mère qui ne comprenait pas ce que signifiait être la petite-fille de la plus célèbre sorcière de l'île, de Mercedes et de ses tentatives de se faire de l'argent a détriment de ma grand-mère, de dona Martha et ses grands ambitions médicales, qui dépendaient du secret de ma grand-mère, de l'Ecole où je n'avais pas ma place, où j'étais une fille, certes avec du potentiel, mais pauvre, noire et donc incapable de vraiment s'intégrer dans le monde de la science, de la médecine, et la vérité, du progrès. Entre les draps des hôtels où il fouillait en moi, Gardel m'avait un moment donné des vacances de ce monde, fait oublier qui était Micaela Thorné et qui elle prétendait devenir.
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La réverbération de sa voix était robuste, mais claire, armée de dents et de griffes qui ne cherchaient ni à déchirer ni à dévorer, mais invitaient à poser le pied, tout le corps sur l’air, pour voyager très loin au fond de nous.
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La tristesse est cette note qui s'étire comme un bandonéon. Elle fait grandir l'appel quand la distance se relâche, grandir la voix quand l'objet du désir est loin. C'est vers ce lieu-là qu'il faut tendre, faire battre le cœur, pour que la nostalgie atteigne ce qu'on a perdu et le fasse revivre dans la poitrine.
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Je ne voulais penser à rien. Mais la plante m'a emportée. Jusqu'aux rives du Sinù, elle m'a fait voyager. Jusque chez les indiens Zenus. Jusqu'à Mercuriana de los Llanos Yabo fuyant l'échafaud. Elle m'a ramenée aux lits partagés avec Gardel.
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La maîtresse de Carlos Gardel.
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