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Critique de fanfanouche24


Je suis toujours un peu hésitante, lorsque déjà, des chroniques épatantes d'un texte ont été faites... ce qui est le cas pour ce livre autobiographique... mais cette fois, j'ai des éléments que j'ai envie de rajouter....sur l'éditeur, sur la présentation du texte , en lui-même…sur le parcours de l'auteure.
Un long moment que je souhaite lire « l'Art de la joie »… et finalement mon premier texte de cette écrivaine aura été ce récit autobiographique, qui a été un vrai coup de coeur. le mérite de ce texte est de transformer la « détention » de G. Sapienza, en une pause positive, qui lui ouvre les yeux sur certaines réalités sociales et humaines. Une expérience si enrichissante qu'elle nomme « la prison », « Université »…Un mélange de réflexions, de dialogues avec les autres détenues….

La maquette de ce récit personnel est très réussi, expressif et sobre à la fois. En couverture, un portrait « gris et blanc » de l'auteur…et à la fin de ce récit, l'éditeur a eu l'excellente idée de proposer un livret « biographique », avec des photos de la vie de l'auteure… la présentation très personnalisée de son parcours, nous apprend des choses incroyables… des parents socialistes , très engagés, dans la misère…des épreuves… dont l'arrêt très prématuré des études pour Goliarda Sapienza, le théâtre, ses interprétations des pièces de Pirandello, son travail d'assistante auprès de L. Visconti, plusieurs crises profondes et tentatives de suicide, une hospitalisation et une série d'électrochocs.

Goliarda Sapienza meurt dans l'anonymat, en 1996.Elle ne trouve la reconnaissance qu'après sa mort, avec le succès en 2005 de la traduction de « L'Art de la joie » aux éditions Viviane Hamy. L'importance de son oeuvre est subitement reconnue et donne lieu à un extraordinaire succès tant critique que public.. .

Les éditions « le Tripode » exprime le projet d'entreprendre désormais la publication de ses oeuvres complètes…

Ce récit autobiographique rend compte d'un épisode fâcheux survenu à l'auteure : après un vol, elle fut détenue dans une prison de Rome, qualifiée par Goliarda Sapienza d' »Université de Rebibbia » tant cette expérience lui a fait rencontrer des femmes de tous les horizons, de toutes les classes sociales…une certaine solidarité, complicité…la confortent

« Je voulais seulement, en entrant ici, prendre le pouls de notre pays, savoir à quel point en sont les choses. La prison a toujours été et sera toujours la fièvre qui révèle la maladie du corps social (…)

Et aucune télévision ou radio installée dans chaque cellule ne peut effacer l'horreur d'être expulsé de la société humaine et laissé à moisir dans ces lieux que dehors on croit conçus seulement pour quelques repris de justice, et que, quand on est dedans, on découvre être de vrais grandes villes, ou camps de concentration, si le mot n'impressionne pas trop. "(p.178)

Il est aussi question de la vie communautaire, de ses inconvénients, comme de ses côtés constructifs… où des femmes trop isolées, à l'extérieur, retrouvent des liens, des camaraderies qui les aident à se reconstruire, à tel point, que dans certains cas, la « sortie »… n'est pas aussi attendue que cela…

« Moi aussi, maintenant, j'ai tellement hâte de sortir parce que ça fait un an que je suis dedans, mais au bout de deux ou trois mois de liberté dans l'anonymat- liberté qui a pour seul avantage qu'on vous laisse mourir seul-je sais que me reprendra le désir d'ici. Il n'y a pas de vie sans communauté, on le sait bien: ici on en a la contre-épreuve, il n'y a pas de vie sans le miroir des autres.. ».(p.220)

Dans la lancée de cet enthousiasme, je viens de débuter un recueil de deux autres textes personnels, "Le Fil d'une vie" (Viviane Hamy, 2008), comprenant "Lettre ouverte" et "Le fil de midi"....





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