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En périphérie parisienne, non loin des pavillons cossus et du bois des Tantes, rendez-vous privilégié des homos, coincé entre deux voies ferrées, des cabanons, faits de bric et de broc, ont surgi là au fil des ans. Des hommes et des femmes sont passés par là. A la rue, après avoir été au placard. Les Gueux, comme on les appelle, vivent de petits riens. La manche parfois, le jardin qu'ils cultivent. Ils ne dérangent pas trop, ils sont tolérés par les voisins et les voyageurs dans le train. En ce moment, ils sont six, deux femmes et quatre hommes. Mais, avec ce qui se passe en ce moment, Luigi préfère partir, au grand désarroi de Môme. Avec son passé de taulard, les bleus penseront certainement que c'est lui le coupable. de tout ça, de ces trois corps de jeunes femmes retrouvées sur la voie ferrée. Jetées du même pont. Suicides ou meurtres? L'on parle ici et là d'un dingue qui rôde. Mais, le capitaine Evariste Blond n'en sait foutre rien. Flanqué d'une jeune stagiaire, le flic va devoir aller tâter le terrain...

Bienvenue au quai des Gueux... Bocuse, aux cuisines, saura vous concocter un plat de saison tandis que Krishna méditera, que Capo s'en filera une énième, que Môme pleurera son Luigi ou que Betty Boop médira... Hervé Sard nous plonge dans les coins les plus reculés de la banlieue parisienne, un endroit où vivent les reclus de la société. le capitaine Blond a sur les bras une bien étrange affaire puisque l'on a retrouvé des corps décapités sur la voie ferrée. Trop près du quai des Gueux selon lui pour les disculper, d'autant que Luigi a déjà mis les voiles et qu'il n'a pas les mains propres. L'auteur, visiblement impliqué et appliqué sur son sujet, nous offre une galerie de personnages véritablement touchants revendiquant à tour de bras leur liberté. Alternant judicieusement les chapitres entre la fuite de Luigi, les Bleus et les Gueux, l'auteur donne du souffle à ce roman sombre et pesant, allégé notamment grâce aux dialogues teintés d'humour.

Le crépuscule des gueux... pour nuit blanche...
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Le Crépuscule des Gueux est un polar sans en être vraiment un, un vrai roman noir, et surtout un bouquin truculent et plein d'humanité. Un roman qui nous narre une tranche de vie :

des laissés pour compte sur qui il faut pourtant compter,
des affligés qui vivent dans notre affligeante indifférence,
des cloportes qui vivent à nos portes,
des bélîtres qu'on imagine uniquement se noyer dans leurs litres,
des claque-faim qui surfent dangereusement avec le clap de fin,
des parias de Paris (ou d'ailleurs),
des traîne-misère qui traînent leurs savates à deux pas de chez nous,
des pouilleux, dépouillés de leur dignité,
des va-nu-pieds qui sont tout sauf des va-t-en-guerre,
des êtres humains surtout…

Certains écrivains du siècle dernier étaient payés à la ligne. Si Hervé Sard était payé pour chaque bon mot, il serait millionnaire.

L'auteur nous conte un bout d'histoire de ces femmes et de ces hommes laissés au bord de la voie (ferrée), dans un roman qui ne tombe jamais dans le misérabilisme. Il nous colle la tête dans la vase, mais il écrase les stéréotypes du talon. Oui, ses personnages sont en marge de la société et pourtant il semblent (ils sont ?) plus heureux que beaucoup d'entre nous.

N'allez pas croire que ce roman n'est qu'une charge contre l'indifférence, loin de là ! C'est un vrai roman noir, un polar qui nous colle aux basques d'un duo (trio ?) d'enquêteurs hauts en couleur. C'est une enquête en marge de ce sujet sensible, avec une vraie idée originale à la base (même s'il elle aurait mérité d'être davantage exploitée).

Un récit qui fait la part belle aux personnages, tous plus étonnants les uns que les autres, tantôt émouvants, drôles, énervants, mais surtout vivants. le genre de tronches qui ne passent pas inaperçues, le genre de caractères marqués vraiment marquants. Des accidentés de la vie, pour plein de bonnes ou de mauvaises raisons (ou le parfait exemple qu'un mal de toi peut aboutir à un mal de toit).

Et puis il a (surtout, oh oui surtout) cette plume magnifique, expressive, drôle, virulente, vitupérante, poétique, créative, décalée… Une écriture vraiment unique, bien mise au service de cette histoire où l'intrigue n'est pas l'essentiel, mais qui met admirablement en lumière les différents points de vie de ces « héros » du quotidien.

Une belle façon de prendre son pied de lecteur tout en le prenant (le dit pied) dans la tronche, avec ce qui n'est rien de moins qu'un scandale national.

Magnifiques miséreux que nous dépeint Hervé Sard, magnifique roman qui ne laissera personne de marbre. Un beau divertissement d'utilité publique.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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Prenez un îlot en bordure de Paris et proche des voies ferroviaires qui chaque jour délivrent des tombereaux de travailleurs et de besogneux comme de jeunes sur la capitale et installez-y une petite communauté de 5 âmes de marginales et marginaux, vous savez celles et ceux que d'ordinaire on ne veut pas voir, par peur ou par incompréhension, et vous voilà au coeur des Gueux. Sous la férule de Capo, le leader, Krishna (philosophe à ses heures), Luigi (à peine sorti de prison), Boc (le cuisinier pragmatique), Mome (à la mémoire malade) et Boop (la plus fardée), elles et ils vivent en bonne intelligence avec ses affinités net ses opposition jusqu'à ce que la répétition d'un drame avec la mort étrange de deux jeunes filles vienne à nouveau bousculer le quotidien très réglé des Gueux avec l'enquête plus ou moins infiltrée de la police et des RG pour comprendre les raisons de ce nouveau drame (meurtre ou suicide ?)

On retiendra de ces 44 chapitres, un roman noir singulier, outre le titre à consonance très wagnérien et nietzschéen, des dialogues parfois à la "audiard" mais avant tout avant tout un témoignage très humain de la vie et des personnalités de cette petite communauté très soudée à la marge de nos sociétés modernes et une enquête très soft , entretenant soigneusement suspense, hypothèses et rebondissements.

L'enquête mené par le flic Blond, sa jeune stagiaire apprentie magistrate, son homologue féminine de la DCRI n'est qu'une ficelle, un fil conducteur et porte essentiellement sur de la déduction, des pistes suivies, des phénomènes très actuels de mise en scène médiatique de volonté de se faire peur et du support effectif et objectif du numérique et des sites Internet plus ou moins glauques.... L'intérêt reste sur la description de cette étrange communauté sympathique alors qu'elle est à la veille de gros bouleversements qui pourraient briser cette fusion d'âmes.

Inutile d'y chercher de l'action, de la violence physique ou du gore, la violence c'est dans l'histoire de ces êtres, leurs liens que l'on peut la trouver. Une belle histoire noire donc, rendue par un style aiguisé, humaniste et précis.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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J'avais découvert Hervé Sard au travers de l'embaumeur et j'attendais de le rencontrer pour découvrir son univers. Chose faite avec le Crépuscule des Gueux. Là Hervé Sard nous fait partager une tranche de vie de ces gueux, pas une plongée larmoyante mais un voyage haut en couleurs. Les personnages sont si bien campés que l'humour des situations donne un peu de légèreté à ce qui aurait pu être lourd et étouffant. L'intrigue n'est qu'un prétexte pour nous faire réfléchir et puis on s'attache à la Môme, Boc , Capo , Luigi et Krischna...et on s'attache aussi à l'équipe d'enquêteurs..... je vais vous avouer que la dernière phrase m'a fait pousser un soupir: pas envie de les quitter
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Qui sont les Gueux ? Ce sont ces hommes, ces femmes qui vivent en bordure des voies du RER , ceux qu'on ne voit pas ou qu'on ne veut pas voir et pourtant ils sont bien réels. Parmi ces Gueux il y a Môme qui perd la mémoire suite à un accident survenu il y a plusieurs années. Il y a Bocuse dit Boc' qui cuisine ce que ces comparses lui rapportent…vous savez le contenu de nos poubelles qui contient de si honteux gâchis. Boc' lui accommode les quelques légumes cultivés. Il y a Krishna, le penseur qui regarde tout ça de sa petite planète. Il a Capo qui assume le rôle d'organisateur et puis Betty Boop, l'écervelée à la langue trop pendue. Et puis Luigi, qui sort de prison après avoir purgé une peine pour un meurtre qu'il a avoué.
Mais voilà qu'il y a de nouveau des cadavres près des Gueux, un premier suicide et deux femmes qui n'ont plus leur tête …Luigi est bien vite soupçonné, qui s'enfuit en traînant son caddie, lui qui ne rêve que de retrouver sa Lula.

Evidemment » les bleus » s'intéressent de très près aux Gueux et Blond, le flic, assisté de Christelle stagiaire au franc-parler vont mener l'enquête.

Voilà brièvement pour l'histoire.

Ce roman d'Hervé Sard est un bijou de sensibilité et d'humanisme. Il nous fait regarder en face cette misère que nous côtoyons sans ( vouloir ) la voir. Il dépeint des Gueux bien plus dignes que beaucoup de « bons bourgeois » Ses personnages sont attachants, l'histoire prenante et surprenante même. Il nous ballade tout au long de ce livre avec un langage que j'admire, des pointes d'humour très appréciables, et vraiment, vraiment je vous le conseille car l'histoire est superbe de tendresse.

J'aime aussi les intitulés de chapitres qui plantent le décors : Quand on est mort on a la belle vie, Dieu ? Qu'il aille au diable ! etc
Lien : http://dzahell.fr/?p=259
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Excellent roman, une immersion dans le monde des Gueux où l'enquête policière passe presque au second plan tellement les personnages sont touchants. L'écriture de l'auteur, notamment les conversations, rend le tout très humain et réel.
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Intrigues, caractérisation des personnages, dialogues, titres des chapitres, rythme, propos, messages, développements et conclusion de l'intrigue : tous les compteurs sont au vert dans ce nouveau roman de Hervé Sard. Foncez tête baissé sur la nouvelle pépite d'un excellent raconteur d'histoire.
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Coincée entre la voie ferrée du RER C et le bois des Tantes le bien nommé, entre Viroflay et Chaville, s'étend une bande de terre transformée en jardins ouvriers. Cinq cabanes de jardin construites à l'aide matériaux de récupération, un potager, du linge qui sèche sur un fil tendu entre deux poteaux.

L'endroit a été surnommé le Quai des Gueux, un terrain appartenant à la SNCF qui dans sa grande mansuétude tolère cet aménagement. Cela dure depuis vingt ans, depuis que Luigi a aménagé ce camp de fortune. Capo, Krishna, Bocuse, Betty Boop et la Môme vivent dans une entente parfaite et presqu'en autarcie. Ils n'ont pas l'électricité et ont raccordé l'eau courante à un point d'eau. Parfois Bocuse, qui est le cuistot, d'où son surnom, effectue des remplacements dans une supérette tandis Betty Boop récupère les détritus dans les poubelles. Pas n'importe quoi, juste ce qu'il leur faut pour vivre. Pas de gâchis non plus chez eux. Ce sont des SDF. Sans Domicile Fiable. A moins que ce sigle signifie Sans Doute Foutus. Allez savoir.

Luigi est de retour depuis quelques mois après avoir purgé dix-sept ans de prison pour un meurtre qu'il a avoué. Il se trimballe avec un chariot de supermarché, dans lequel il emmagasine quelques bricoles. Et ce jour-là, alors qu'il rentre tranquillement, la Môme lui dit de dégager rapidement. Ce n'est pas parce qu'elle est fâchée, mais juste pour le prévenir. Trois Bleus sont venus peu auparavant et elle a peur que Luigi soit incarcéré de nouveau. le motif réside en trois corps de jeunes femmes retrouvées sur les rails, en piteux état. En pièces détachées, très exactement. Pour la Môme c'est un dingue qui a accompli ce forfait mais elle a peur pour Luigi, à cause de ses antécédents.

Trois femmes, à quelques jours de distance. L'inspecteur Evariste Blond (prononcez Blonde comme James Bond) du 36 quai des Orfèvres hérite de l'enquête. Il en profite pour convier sa stagiaire Christelle, qui doit terminer dans peu de jours son bain dans l'antre de la Criminelle et s'ennuie copieusement à rédiger ses rapports. Il lui demande si Timothée, son fiancé qui vient la chercher de temps à autre, pourrait les aider. Christelle se défend de posséder un quelconque ami encore moins un ami, ce n'est juste qu'un sous-colocataire qui vit avec elle, un point c'est tout. Des précisions qui ne sont pas à négliger et dont se moque Evariste Blond.

Timothée va s'infiltrer, s'il le peut, dans le Quai des Gueux tandis que lui et sa nouvelle et toute fraîche adjointe vont repérer les lieux. Et pour faire bonne mesure, Sonier, Florence pour les intimes, agent des RG, est elle aussi sur l'affaire car dans sa partie c'est une spécialiste. Son travail, c'est de travailler sur les ordinateurs, à la recherche de sites plus ou moins malsain. Et il faut aussi écouter les avis du médecin-légiste. de quoi en perdre la tête.

Comme les deux jeunes femmes dont la partie pensante n'a pas été retrouvée. Un point de l'affaire à élucider, l'autre étant : meurtre ou suicide. Et s'il s'agit d'un suicide, où les têtes ont-elles pu se planquer ?

Pendant ce temps, Luigi déambule à pied avec son chariot avec en tête (oui, lui, il l'a sur les épaules) retrouver son copain Jérôme et Lula, là-bas du côté d'Ermenonville. Tout en sachant que son passage en prison, sans toucher le bonus du Monopoly, et que les Bleus qui sont à sa recherche, c'est bien pour lui mettre les morts des jeunes femmes sur le dos. Déjà qu'il y a dix-sept ans…



Hervé Sard bouscule les à priori, les préjugés, les opinions toutes faites sur le monde, de plus en plus débordant du cadre strict d'une cour des miracles, des mal logés, des SDF, des marginaux. de ceux qui sont rejetés par la société mais sont récupérés lors de certaines échéances. Les faire-valoir, malgré eux, d'âmes bien pensantes à des fins électoralistes.

Mais il n'entre pas dans le misérabilisme de bon aloi, il ne force pas le trait. Ce sont des personnages comme vous et moi, pas aujourd'hui penserez-vous mais demain peut-être, qui ont connu le malheur, n'ont pas réussi à surmonter les difficultés, ou ont choisi délibérément la voie de la liberté. Quelques scènes sont particulièrement significatives. Et il est démontré que les plus démunis peuvent eux aussi pratiquer la charité envers les plus riches qu'eux. En certaines circonstances. Et si le mot n'était pas un peu galvaudé, je parlerais d'humanisme.

Si je devais retenir, outre l'histoire dans son ensemble, quelques impressions de lectures, ce seraient les échanges quasi philosophiques entre Timothée et Krishna. Sur la religion, sur Dieu, ou celui qui est appelé Dieu quelle que soit la religion, et autres pensées sur le bonheur, la théorie de l'univers.

Les hommes ont créé la religion. Donc les hommes ont créé Dieu. Croire en Dieu, c'est croire en l'homme.

Ou

Il est préférable de connaître l'ignorance que d'ignorer la connaissance.

Enfin

Le plaisir est l'ingrédient d'un mets dont nul ne connait la recette.

Bien entendu, pour apprécier toute la saveur de ces citations, il faut les lire dans le contexte, mais je n'ai pu résister au plaisir de vous en dévoiler la teneur. Et comme pense Krishna :

Remuer la boue, ça ne la fait pas disparaître, et si le niveau baisse c'est qu'elle a éclaboussé.

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Un très bon livre, très axé sur les dialogues et les personnages, les "gueux", des SDF qui ont créé une communauté, un mini-village en marge du voie RER. Nous sommes loin de l'utopie et il y a un crime, des policiers, des histoires glauques... Tout ça avec beaucoup d'humour et de truculence, dans le genre des dialogues d'Audiart.
Lien : http://hervesard.com/crepusc..
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