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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un agent des services secrets israéliens est chargé d'une mission différente des interrogatoires musclés dont il s'est fait une spécialité. Cette fois il s'agit d'approcher Dafna, une écrivaine de Tel Aviv qui est en contact avec un poète palestinien dont le fils est soupçonné d'être à la tête d'un réseau terroriste. Sous prétexte de se faire aider dans l'écriture d'un roman, il tisse des liens avec la femme de lettres qui toutefois n'est pas dupe. Elle accepte de l'aider contre la promesse qu'il ne fasse aucun mal à Hani, le poète, et qu'il aide son fils Yotam, un drogué en dette avec un parrain local. Hani, atteint d'un cancer en phase terminale est alors exfiltré vers Tel Aviv où il doit bénéficier de soins palliatifs.
Perturbé par la violence des interrogatoires qu'il continue de mener, impuissant à résoudre ses problèmes de couple, déstabilisé par la personnalité attachante de Hani, l'agent perd pied peu à peu. le doute s'insinue dans son esprit qui jusqu'ici été entièrement voué à la défense d'Israël, peu importe les méthodes, les injustices, les morts.


Jeune, il était idéaliste et militait pour la paix. Et puis, le temps a passé, son travail dans les services secrets a eu raison de ses idéaux. Au fil du temps et des attentats-suicides, le dialogue a cédé la place à la violence. Les coups ont remplacé la psychologie. Effrayer et soumettre, arracher des aveux, des dénonciations, répondre à la violence par la violence, voir en chaque suspect, non plus un semblable, mais un animal qu'il faut réduire à sa merci, voilà ce qu'est devenue sa vie. Doué, il est sans cesse sollicité par sa hiérarchie, la nuit, le week-end, tout le temps, il doit être présent pour éviter qu'un kamikaze ne se fasse exploser dans un bar, un bus, devant une école ou une synagogue, pour que ses compatriotes puissent garder un semblant d'insouciance et vivre comme si la menace n'existait pas. Sa vie de famille passe au second plan, sa femme se plaint, voudrait s'expatrier, il manque à son fils qu'il voit à peine. Confronté quotidiennement à la violence, il perd le contrôle. Pourtant, dans cet univers sombre, sa rencontre avec Dafna et Hani est une lueur d'espoir, l'espoir d'une entente, d'une amitié possibles entre les peuples. A écouter le poète parler de sa Palestine, à déceler sous la nostalgie, la graine de l'injustice, l'agent reprend conscience de l'humanité de ceux qui lui font face. ''Vous avez tout, nous n'avons rien''...Par ces mots, le poète de Gaza ouvre la voie à un partage qui ne serait que justice, qui serait une première pierre pour construire la paix.
Descente aux enfers d'un homme qui perd ses certitudes, ce roman noir évite l'écueil de prendre parti pour un camp ou l'autre dans un contexte géo-politique complexe où palestiniens et israéliens se livrent une guerre perpétuelle, larvée ou frontale selon les circonstances. Sombre et anxiogène, il porte tout de même l'espoir de la rédemption pour son héros, un pont est possible entre deux peuples qui partagent une histoire commune... Un livre qui sort des sentiers battus et plonge le lecteur au coeur d'une problématique trop souvent évoquée dans les JT sans être vraiment comprise dans sa globalité. A lire d'urgence !
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Je l'ai lu d'une traite un peu avant les évènements du 07/10/2023. Très humain, très bien écrit, je l'ai dévoré et j' ai même pleuré en sanglots, chose qui ne m'était pas arrivée depuis longtemps pendant une lecture. Très émouvant, une lecture inoubliable pour moi, une des meilleures de 2023.
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à l'instar du film La Vie des Autres avec Berlin-Est ce Poète de Gaza est un instantané de la société israélienne et sonne comme un écho aux "évènements" quasi-permanent,et c'est encore le cas en ce moment, en Israël et en Palestine.
malgré sa noirceur, sa violence physique et psychologique et,de premier abord, le pessimisme sur la situation il y a une force et une véritable beauté qui se dégagent de ce roman et qui font espérer qu'un jour tout cela cesse.
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Très bien écrit, ce roman d'espionnage nous plonge, au cas où nous ne le serions pas assez en ce moment, dans le conflit israélo-palestinien. Sa grande qualité, hormis son écriture parfaitement adaptée à son sujet, est l'absence de manichéisme. le héros lui-même montre l'exemple. C'est un homme pas méchant, mais confronté au stress, il devient violent. Ce qui lui vaut de ne plus pouvoir mener d'interrogatoire. Cette mise à l'écart tout en devant continuer sa mission très secrète auprès d'une belle écrivaine, plus ses problèmes familiaux vont l'emmener à se remettre sérieusement en question.
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Un jeu de dupes entre un agent des services secrets israéliens, habile à faire parler ses "clients" au risque de la torture, une belle romancière éprise de l'amitié entre les peuples, et un poète gazaoui, lui aussi pacifiste mais dont le fils est activement recherché pour "sévices" rendus à la patrie. Un air de John le Carré ("La Petite Fille au tambour"), pour un polar palpitant qui nous plonge au coeur de la réalité israélienne la plus actuelle, avec ses soleils et ses lunes noires. le noir est dominant, malgré tout…
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"- On vous a recommandée à moi comme étant la personne qui pourrait m'aider. Je veux apprendre à écrire.
- A quel point- est-ce important pour vous ? Êtes-vous prêt à y consacrer du temps ? "

Hani rencontre Dafna. Ca commence comme un cours de littérature, au rythme lent d'une relation qui se tisse entre deux personnages que tout semble opposer (la vieille star de la littérature engagée et un quarantenaire au bord du burn out) ... et ça continue comme un roman d'espionnage drôlement bien ficelé. On ne peut pas en dire grand chose sans mettre en péril l'intelligence d'une construction qui dévoile pour petites touches un tableau d'ensemble de plus en plus glaçant au fils des pages, dans un dispositif narratif d'une finesse rare. Un roman qui se dévore - je l'ai ouvert, et je ne l'ai plus lâché, emportée dans son tourbillon quelque peu vertigineux.
Le Poète de Gaza est autant l'histoire d'un naufrage personnel avec recherche de rédemption introuvable, qu'une analyse plus large, menée sans concession. Avec son écriture fluide, parfois tranchante, dont toute la beauté et la mélancolie réside dans les détails, Sarid définit des personnages d'une rare complexité dans ce type de genre, avec le duo-duel inoubliable de Dafna et Hani.

Dans une veine assez différente que Yehoshua dans le Responsable des ressources humaines, mais avec le même vitriol, Sarid livre un questionnement troublant sur la société israélienne contemporaine. C'est que Sarid appartient à cette nouvelle génération (il est né dans les années 1960) d'écrivains israéliens, plus distanciée que ses prédécesseurs vis-à-vis de la Shoah et de sa mémoire - d'où un regard novateur, mais en revanche marquée par la guerre du Liban au début des années 1980, et les conflits régionaux, notamment dans le rapport avec les Palestiniens.

C'est ici le syndrome de citadelle assiégée d'Israël qui est passé au crible, au sein d'une société étrange, balançant entre la psychose et la quotidienneté acceptée du risque. Dans une vision tout sauf manichéenne, c'est la question éthique de la légitimité de l'utilisation de la violence qui est au centre du roman, qui, au final, soulève avec un certain brio le toujours le délicat problème du "vivre ensemble"et de l'humanité. En somme : hautement recommandé.

"J'avais l'impression d'être en compagnie d'adultes intelligents, et j'étais très surpris qu'ils prennent la peine de me parler. Jusqu'à ce qu'un sursaut de professionnalisme me traverse l'esprit et remette les choses en place, m'infligeant des élancements dans les tempes et des picotements dans les yeux."
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Un policier atypique : pas de commissaire, pas de cadavre donc pas d'enquête. Il y a pourtant là un suspens qui prend aux tripes dès le début de ce livre. On y retrouve cette haine inouïe qui oppose les israéliens des palestiniens, des sentiments de bonté et d'humanité qui remplacent les manoeuvres de manipulation pour aboutir, au final, à une rédemption inattendue. Bref un superbe bouquin.
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Voilà ce que l'on appelle une belle écriture.
L'auteur, forcément bien traduit vu la qualité de l'ouvrage, allie une intrigue solide dans un contexte particulièrement difficile dans son pays : le contre-terrorisme israélien.
Son personnage principal, depuis douze ans déjà qu'il mène sans répit des interrogatoires musclés sur tous les suspects qui défilent dans son service, va devoir approcher une auteure pour se lier d'amitié dans un but que je ne peux vous dévoiler sans gâcher une partie du suspens. Mais il ne faudrait pas croire que ce poète de Gaza ne soit qu'un "simple" thriller. La tension psychologique est adroitement menée, les doutes, tiraillements et réflexions du héros sont particulièrement bien sentis. La société israélienne, et son éternel revers, la société palestinienne, sont présentées de façon intelligentes et donc complexes.
Vraiment, on suit de bout en bout cette histoire à multiples facettes. C'est un regard authentique et stimulant sur une question toujours sensible : Israël et les les territoires occupés. Quant à cela vous ajoutez une très belle histoire d'amour, vous avez tout du grand roman.
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Un agent des services secrets israëliens vit un quotidien difficile, entre les interrogatoires musclés où il a tendance à taper un peu trop fort, et sa femme qui est malheureuse parce qu'il n'est jamais à la maison. Mais il essaye d'arrêter les terroristes avant qu'ils passsent à l'acte, et n'imagine pas lever le pied.
Tout va basculer à cause d'un homme, le poète de Gaza. Son fils prépare un attentat, et il faut le piéger. le vieil homme va mourir, l'agent secret devient "ami" avec lui, et organise une dernière rencontre entre le poète et son fils. Ou est le bien? Ou est le mal?
C'est un très beau roman, profond et intelligent.
Mais il n'y a pas tellement d'action, le suspense n'est pas haletant: l'intérêt n'est pas là.
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On ne connaît pas d'ennui avec ce récit haletant. Les idées toutes faites sur le Proche Orient sont à oublier. Des personnages complexes acteurs d'une histoire sans manichéisme.

Ancien militant de la Paix Maintenant, le narrateur qui est un policier israélien doit tous les jours déjouer des attentats. Il mène des interrogatoires. Un jour, ça tourne mal. Il est mit à pied. Sa femme n'en peut plus. Elle s'en va avec son fils. La vie familiale n'existe pas. Même un soir où ils décident de sortir ensemble un attentat stoppe le dîner.

On se demande comment un être humain tient . D'ailleurs il tient peut être mais avec combien de séquelles psychologiques.

Ce personnage inspire à la fois l'antipathie et l'empathie. Tiraillé par la morale et l'impératif sécuritaire: Tous les moyens sont bons pour sauver des vies? Se salir les mains es ce la seule voie?

« J'avais honte de moi et les paroles qui sortaient de ma bouche me dégoutaient à tel point que le suspect assis en face de moi m'a paru, lui, d'une grande dignité. Si jamais je me retrouvais dans sa situation me suis-je encore dit, j'espère que j'aurai la force de me conduire comme lui. «

Son caractère de machine violente est mis à mal par une affaire. Celle de Hani, le poète de Gaza.

Celui ci est ami avec Dafina une israélienne de gauche militante pour la cause des palestiniens qui cherche à le faire sortir de Gaza pour ses derniers jours de vie car il est en phase terminale d'un cancer. Hani est intelligent et cultivé.

La culture hébraïque est une sorte de « butin de guerre » à la Kateb Yacine pour ce poète de Gaza.

Il aime retrouver Tel Aviv. ça lui rappelle les bringues de sa jeunesse.
« Son hébreu était lent et précis,il parlait comme quelqu'un qui a appris notre langue dans les règles de l'art, et non en captant sur le tas des syllabes étrangères,aboyées ou affolées. Pas pour survivre,mais par désir d' érudition »
Ses forces sont ses mots, sa pensée un peu comme un Mahmoud Darwich.
Un spécialiste en littérature arabe, docteur de l'université de Jérusalem, avait fourni au dossier une analyse des textes de Hani que j'ai retrouvée, elle était rangée dans une pochette en plastique usée. L'éminent expert avait écrit que certes son lyrisme était tout en modération , mais que l'on sentait palpiter en eux un indéniable sentiment d'injustice et une volonté farouche de revenir sur les terres confisquées. Là se trouvait le moteur de son oeuvre et, puisque tel était le cas, celle-ci risquait d'avoir une influence subversive sur les lecteurs arabes et un effet démoralisateur au sein du public israélien. Au bout de trois jours, Hani avait été relâché sans qu'aucune charge n'ait finalement été retenue contre lui, mais on lui avait interdit d'entrer en Israël
Pourquoi cet amateur de vin intéresse notre policier israélien? Son fils est recherché pour terrorisme, il faut le piéger.
On suit alors cette histoire de manipulation mais qui va se heurter à des imprévus.
L'espoir d'un avenir meilleur est plus fort que la déprime du présent immobile:

« La même mer. le même soleil. C'est juste qu'il y a plein de barrages au milieu.
-Un jour, toutes ces barrières tomberont et on vivra ensemble , assura Dafina dont les yeux étaient repeints en turquoise par le paysage et le vin.
-Ces temps là ne viendront qu'après nous, a chérie », murmura Hani dans un petit rire. Il posa délicatement sa main desséchée sur le bras de Dafina. « Aujourd'hui, ce sont les fous qui sont aux commandes »

Le rythme de la narration est très soutenu. C'est un roman qui se dévore.
Avec une histoire profonde et dynamique, il pose cette question: La violence est elle une fatalité au Proche Orient? Est il possible de faire autrement?
Lauréat du Grand Prix de la Littérature Policière – Etrangère – 2011, récompense amplement méritée.
Lien : https://plumenchantee.com/20..
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