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Citations sur La plus secrète mémoire des hommes (821)

J'ai dit que dans un pays comme le nôtre, le suicide était un mode d'action politique horrible mais efficace, efficace parce que horrible, peut-être la seule protestation encore audible de nos dirigéants. Le suicide fait parfois basculer l’histoire : regarde Mohamed Bouazizi en Tunisie en 2011, regarde Jan Palach en Tchécoslovaquie en 69, regarde Thîch Quàng Dûc au Vietnam en 63, et je ne te parle pas, ici, du suicide mythique des femmes de Nder, qui ont préféré se tuer par le feu dans une case plutôt que de se rendre aux colons. Tous ces suicides qui ont provoqué un retentissement, frappé les esprits, eu une signification politique. Peut-être qu’il ne reste que ça aux populations de nos pays désespérés. Peut-être que c’est ce que les jeunes doivent faire : se suicider, puisque leur vie n’est pas une vie.
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La tristesse qui monte en moi maintenant ne traduit pas mon sentiment devant l'achèvement de mon livre, mais devant son inachèvement. Je ne finirai pas. J'ai cent deux ans et il m'aura manqué du temps. Le futur me manque. Ainsi finit tout devin : dans la nostalgie du futur. Ainsi finit le voyant : dans la mélancolie de l'avenir.
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J'entends quelquefois dire qu'il faut rester fidèle à l'enfant qu'on a été. C'est la plus vaine ou funeste ambition qu'on puisse avoir au monde. Voilà un conseil que je ne donnerai jamais. L'enfant qu'on a été jettera toujours un regard déçu ou cruel sur ce qu'il est devenu adulte, même si cet adulte a réalisé son rêve. Cela ne signifie pas que l'âge adulte soit par nature damné ou truqué. Simplement, rien ne correspond jamais à un idéal ou un rêve d'enfance vécu dans sa candide intensité. Devenir adulte est toujours une infidélité qu'on fait à nos tendres années. Mais là réside toute la beauté de l'enfance : elle existe pour être trahie, et cette trahison est la naissance de la nostalgie, le seul sentiment qui permette, un jour peut-être, à l'extrémité de la vie, de retrouver la pureté de jeunesse.
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Nous formions un curieux couple, sous ce manguier : une folle nue et un sorcier aveugle, côte à côte en face d’un cimetière. C’était suffisant pour effrayer les indiscrets et les intrus.
(page 141)
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Béatrice Nanga a trente ans et un fils dont elle partage la garde. Elle est d’origine camerounaise. J’ignore si elle est belle, mais une lourde aura de sensualité l’enveloppe en permanence. L’ample tessiture de sa voix me fige les cellules. La vue de son généreux corps me renverse le cours du sang.
(page 64)
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L’exilé est obsédé par la séparation géographique, l’éloignement dans l’espace. C’est pourtant le temps qui fonde l’essentiel de sa solitude ; et il accuse les kilomètres alors que ce sont les jours qui le tuent. J’aurais pu supporter d’être à des milliards de bornes du visage parental si j’avais eu la certitude que le temps glisserait sur lui sans lui nuire. Mais c’est impossible ; il faut que les rides se creusent, que la vue baisse, que la mémoire flanche, que des maladies menacent. 
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… les termes de la terrible alternative existentielle qui fut le dilemme de sa vie, l’alternative devant laquelle hésite le cœur de toute personne hantée par la littérature : écrire, ne pas écrire.
(page 457)
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Il était un avertissement qu’on n’a pas su entendre. Cet avertissement disait, à nous écrivains africains : inventez votre propre tradition, fondez votre histoire littéraire, découvrez vos propres formes, éprouvez-les dans vos espaces, fécondez votre imaginaire profond, ayez une terre à vous, car il n’y a que là que vous existerez pour vous, mais aussi pour les autres.
(page 422)
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Un journaliste influent, spécialiste des littératures francophones, l’avait chroniqué en mille deux cents caractères espaces compris dans Le Monde (Afrique). Il émettait quelques réserves sur mon style, mais sa dernière phrase m’avait accolé la locution redoutable, voire dangereuse, diabolique même, de « promesse à suivre de la littérature africaine francophone ». J’avais certes échappé à la terrible et mortelle « étoile montante », mais sa louange n’en demeurait pas moins assassine.
(pages 25-26)
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On ne se débarrasse jamais de son histoire quand celle-ci nous fait honte. On ne l'abandonne jamais en pleine nuit comme un enfant non désiré.
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