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Critique de migdal


Edité par Philippe Rey, à qui nous devons déjà l'incontournable « American Dirt », « La plus secrète mémoire des hommes » est une bombe qui m'a bouleversé et marquera irrémédiablement la vie de ses lecteurs.

Ouvrage difficile, cet hapax est constitué de trois livres, formés de quatre biographèmes et huit parties rédigées avec des phrases occupant jusqu'à dix pages (rappelant « Zone » de Mathias Enard) qui m'ont sorti de ma zone de confort et enrichi de nombreuses consultations de dictionnaires. Mohamed Mbougar Sarr jongle avec les mots, dont il maitrise les moindres facettes, qu'il aligne avec aisance et musicalité en exigeant du lecteur une attention soutenue et un effort notable.

Dédié à Yambo Ouologuem, ce roman évoque « Le labyrinthe de l'inhumain », publié en 1938, accueilli diversement par la critique parisienne, puis accusé par la suite de plagiat, dont l'auteur T.C.Elimane disparut aussi mystérieusement que son oeuvre et ses critiques, tous « suicidés ».

Enquête sur trois continents et un siècle, l'intrigue parcourt les guerres mondiales, la colonisation, la faillite consécutive à la décolonisation, et croise des auteurs, des éditeurs, des musiciens, une famille sénégalaise, personnages aux patronymes multiples, dotés parfois de pouvoirs relevant de la magie, qui ensorcellent le lecteur en lui dévoilant les mystères africains.

Mais ce chef d'oeuvre est avant tout une réflexion de haute volée sur la littérature, la liberté (et les interdits) de l'écrivain, le regard de la critique (et ses liens mercantiles) et « l'alternative devant laquelle hésite le coeur de toute personne hantée par la littérature : écrire, ne pas écrire ».

Honoré du prix Goncourt 2021, ce jeune écrivain apparait très prometteur, et mérite un lectorat moins confidentiel que celui de T.C.Elimane, son désormais illustre "prédécesseur".
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