AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ODP31


ODP31
28 novembre 2021
Vous n'auriez pas vu T.C Elimane ?
Au coin de la rue ou dans les recoins d'un souvenir perdu.
En revanche, impossible de passer à côté du dernier Goncourt, Mohamed Mbougar Sarr. Il fait la une, et ni une ni deux, on m'offre son roman à jaquette rouge …. trois fois. Deux cadeaux de Noel en moins à empaqueter.
Pourtant, j'avais plutôt prévu d'offrir le Voyant d'Etampes d'Abel Quentin, prix ODP31 de 2021 mais avouons que l'écho médiatique de ma récompense n'a pas dépassé le cercle fermé de ma famille. Déflorez quand même le prix de Flore.
Revenons à cette plus très secrète mémoire des hommes. Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, avatar de l'auteur, découvre à Paris un livre mythique : le labyrinthe de l'inhumain, paru en 1938.
Son auteur, T.C Elimane, surnommé le « Rimbaud nègre » a disparu après des accusations de plagiat. le jeune auteur va partir à la recherche de l'écrivain mystérieux dans le temps et dans l'espace, de son pays d'origine jusqu'en Argentine, de la première guerre mondiale à 2018, du tirailleur tiraillé jusqu'aux mystères de la création littéraire.
L'histoire rend hommage à l'écrivain malien Yambo Ouologuem, récompensé par le Renaudot en 1968 pour « le devoir de violence » qui se retira du monde après le retrait de son livre, accusé lui aussi d'avoir copié sur son voisin. A priori, des calomnies par ceux qui jalousaient son succès.
Que retenir de cette lecture ? La flamboyance de sa langue d'abord. Surtout. L'auteur n'a pas peur d'en faire trop, d'écrire le mot de trop. Il flirte avec l'emphase, donne parfois l'impression de vouloir épater la galerie, de faire la preuve de son génie, notamment dans la première partie. Arrogance de jeune universitaire excusé par le désir fou d'écrire. Je suis passé outre, épaté par la qualité du style. Qu'il est bon aussi de ressortir des mots de la poussière. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu à « tuster » sur mes vieux dictionnaires à la recherche d'un mot perdu.
Cette enquête devient vite une quête : poétique, littéraire, historique. Et même un peu magique. Pourquoi tous les critiques ayant parlé du livre de T.C Elimane sont morts ?
Il s'agit aussi d'un hommage à la littérature africaine, que je méconnais trop, sur sa compréhension et ses caricatures.
Les personnages sont très bien construits, notamment les femmes, mais j'ai regretté qu'ils parlent tous d'une même voix. Au fil des pages, la narration passe de l'un à l'autre sans prévenir, procédé harmonieux mais périlleux qui a parfois égaré le Petit Poucet que je suis, caillou dans ma chaussure qui m'a agacé durant cette marche de 450 pages.
Pour ma part, je trouve que le Goncourt arrive trop tôt dans l'oeuvre de cet auteur bluffant, que ce roman très ambitieux est vraiment réussi mais pas totalement abouti. Prose enchantée mais en chantier. Je pense le concernant que le meilleur est encore est à venir.
Je n'ai pas retrouvé T.C Emilane mais je viens de retrouver mes lunettes, au bout de mon nez, le livre refermé. Chacun sa quête.
Commenter  J’apprécie          12712



Ont apprécié cette critique (115)voir plus




{* *}