AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,45

sur 126 notes
5
20 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
Mohamed Mbougar Sarr est un jeune écrivain sénégalais, touché en 2013 par l'assassinat d'un couple d'amants lapidés par les djihadistes au Mali. Son roman s'ouvre sur cette scène de mise à mort. Nous sommes dans la ville de Kalep, où "la Fraternité" soumet depuis quatre ans, les habitants sous une chape de violence à son idéologie totalitaire.
A travers une correspondance qu'entament les mères des jeunes suppliciés elles formulent leurs doutes et questionnements sur le sens de la mort de leurs enfants, tout comme les débats entre les membres du groupe de résistants - éditeurs clandestins d'un journal - interrogent la portée et les conséquences de leur action.
Ce roman, couronné par le prix Kourouma 2015, interpelle parce qu’il incite à réfléchir, à s'interroger sur sa propre capacité d'engagement, de résistance face à la peur qui ceinture le courage et la raison.
Et si vous avez l'occasion de participer à une rencontre avec Mohamed Mbougar Sarr, n'hésitez pas, ce jeune homme est brillant et son art oratoire se savoure, tout comme la qualité de ses réflexions.
Commenter  J’apprécie          100
Dans une région d'Afrique, la Fraternité, groupe islamiste armé, a pris possession de la ville de Kalep. Depuis cinq ans qu'ils sont installés, la ville s'est métamorphosée, la peur régit les gestes de chacun. Un groupe d'hommes et de femmes, essaient de donner corps à une révolte au travers d'un journal clandestin. Ils espèrent ainsi réveiller les consciences des habitants de la ville et offrir une résistance à la Fraternité.

le portrait sensible des hommes et femmes qui l'habitent, sans caricature, sans solution simple, la justesse des réflexions, sa construction réussie qui malgré la lourdeur de la situation décrite, emporte le lecteur , servi par une belle écriture, font de ce roman une de ces lectures qui ricoche encore longtemps après avoir fermé le livre.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          90
Un sujet brûlant, un très jeune écrivain, un livre où se mêlent le thème philosophique de la responsabilité devant le mal et une urgence ressentie dans toute l'Afrique subsaharienne devant la montée de l'islamisme et de ses groupes armés, font de ce roman un coup d'essai remarquable.
Dans une ville imaginaire du Sahel, Kalep, contrôlée par les djihadistes et leurs milices qui font régner la terreur, deux jeunes amants sont exécutés publiquement pour avoir contrevenu à l'impitoyable sharia. La résistance, parfois spontanée lors d'exactions injustifiables, s'organise toutefois dans la clandestinité où se retrouvent intellectuels et militants comme le docteur Malamine, père d'une famille unie et affectueuse. La répression exercée par le chef de la milice Abdel Karim, cruel et fanatique, contre les résistants, va s'exacerber jusqu'à une explosion de violence.
Une très belle écriture classique, marquée par de nombreux souvenirs littéraires, et un style maîtrisé et de haute tenue, mais parfois enfermé dans un carcan formel excessif. Mais ce défaut de jeunesse est contrebalancé par la gravité de la situation, d'une actualité terrible dans le nord de nombreux pays subsahariens, et par la description, très peu utopique, d'une cité et d'une région placée sous la férule violente d'une loi religieuse rigoriste et aveugle.
Que faire face à ce mal qui frappe la communauté ? Comme dans La Peste de Camus, c'est au médecin de prendre l'initiative de la résistance, qui met le groupe des militants face à un dilemme moral : comment ne pas résister ? Comment le faire sans se mettre en péril, soi, les siens et tous les autres ? Ce débat de fond n'enlève rien au suspense et à la tension dramatique de l'intrigue autour du docteur Malamine et de sa famille, chaleureuse mais vulnérable. Les figures des djihadistes ne sont pas caricaturées mais leur dérive vers l'intégrisme fanatique est dépeinte de l'intérieur, aussi bien chez le milicien Abdel Karim que chez Ismaïla, le fils perdu de Malamine. Quant aux personnages féminins, riches et finement analysés, notamment les mères, ils sont décrits dans leur complexité.
À vingt-trois ans, malgré une écriture un peu trop sage et recherchée, l'auteur se révélait déjà un écrivain prometteur, sachant embrasser avec talent une thématique ambitieuse, la menace djihadiste au Sahel, en abordant de façon frontale mais subtile un des défis de l'Afrique d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          70
A Kalep, ville imaginaire et pourtant qui semble réelle, la population assiste à la mise à mort implacable de deux jeunes gens par les islamistes au pouvoir. Leur crime ? Ils se sont aimés en dehors des liens du mariage.
L'exécution de ces sacrifiés va déclencher un mouvement de résistance parmi quelques courageux. C'est ainsi que Rambaaj, journal clandestin, voit le jour.
Tandis qu'une poignée de résistants tente de s'opposer à la terreur, les islamistes continuent à tuer, couper des mains, battre les femmes à l'image de l'épouse de Malamine dont le tort est d'être sortie dans la rue sans son voile. Comment affronter l'inacceptable ? Comment résister dans un tel climat de peur, de violence et trouver le courage de s'engager ?
Tout au long du récit s'intercalent les lettres qu'échangent les mères des jeunes amants exécutés. Cette correspondance secrète est leur seul moyen d'exprimer leur souffrance. On plonge dans leur affliction, on assiste à leurs errements et c'est émouvant. Ces parenthèses épistolaires donnent une respiration au récit.
Mais, au-delà de l'intrigue, ce roman traite avec acuité des comportements humains face à la terreur des milices islamistes. L'auteur mène l'histoire sans jugements, il se contente de faire vivre ses personnages pour le plus grand plaisir du lecteur, embarqué à la suite de ces destins tragiques. Pas de misérabilisme ni de morale, simplement un récit, terrible, cruel, qui entre en résonnance avec d'autres évènements hélas bien réels. (Exemple : la destruction de la bibliothèque de Bantika et de ses manuscrits, disparition d'un précieux patrimoine)
Pour moi, c'est le point fort du roman
Un bémol, cependant, au sujet de l'écriture, qui ne m'a pas « charmée ». Je lui reproche quelques lourdeurs, des redondances, des descriptions qui tirent en longueur sans intérêt véritable. Heureusement que l'attrait de l'histoire prend vite le pas sur la qualité de l'écriture et j'ai lu ce roman avec un plaisir jamais démenti.

Commenter  J’apprécie          70
Kalep, ville fictive de la région du Sumal, en Afrique, est occupée depuis maintenant cinq ans par La Fraternité, groupe islamiste qui domine le Nord du pays, et y fait régner rigorisme et terreur en appliquant la charia, l'interdiction de tout divertissement et la privation, pour les femmes, de toute liberté. le roman s'ouvre sur une scène emblématique de ce fanatisme : un couple de jeunes gens d'à peine vingt ans est lapidé par la foule après avoir été condamné pour adultère. Autant que l'exécution proprement dite, la participation, sinon la passivité de la population face au sanglant spectacle, fait froid dans le dos.
Mohamed Mbougar Sarr place d'ailleurs au centre de son roman cette thématique de la réaction de la population face à l'instauration d'un régime de terreur et d'intolérance extrême. Il démontre ainsi que le succès dudit régime est conditionné par la résignation, la peur, dans certains cas par l'acceptation, de ceux qui le subissent. Et que ce qui permet à ce régime de grandir, c'est le silence qu'induit le renoncement, la conviction qu'il est devenu inutile de parler de ce qui se passe, silence qui laisse la place à la propagande : on se tait car tout parait évident et clair, l'idéologie dominante devient limpide… Dispenser de parler, d'échanger, c'est dispenser de penser.

La notion de "peuple" y est conséquemment questionnée : ce dernier est-il une entité quasi indistincte, soumis aux caprices des mouvements de groupe, ou bien faut-il refuser cette vision sans doute réductrice pour considérer que le peuple en soi n'existe pas, et qu'il n'est qu'une somme d'individualités bien distinctes ? Au fil du roman, plusieurs épisodes démontrent la nature versatile -et dangereuse- de la foule, qui peut aussi bien acquiescer que se révolter de manière spontanée et sans explication apparente, comme c'est le cas lors de la flagellation d'une femme sortie sur le pas de sa porte sans avoir recouvert ses cheveux.

Qu'est-ce qui détermine la réaction du peuple, qu'est-ce qui pousse l'individu à se réveiller face à la violence inique, à oublier sa peur pour défendre sa dignité et ses valeurs ? Qu'est-ce qui fait de la peur un moteur de révolte plutôt que quelque chose de paralysant ? "Terre ceinte" développe l'idée que c'est l'objet de cette peur qui détermine son effet : on se révolte quand on craint davantage l'injustice et l'inutilité du langage que le fouet et les brimades.

La résistance est ici initiée sur l'impulsion de Malamine, médecin à l'hôpital de Kalep, où il soigne entre autres, avec des moyens dérisoires, les toujours plus nombreuses victimes de la Fraternité, et qui a regroupé une petite poignée d'hommes et de femmes décidés à briser le silence en diffusant sous le manteau un journal remettant en cause les exactions commises par un pouvoir qui n'a aucune légitimité morale.

Un roman qui, en plus de fustiger le danger d'un dogmatisme porté par des fanatiques investis d'une mission qui selon eux les dépassent et les rend complètement hermétiques à la logique de l'autre, posent surtout d'intéressantes questions sur les mécanismes susceptibles de le contrer et met en évidence le paradoxe confrontant la difficulté à trouver le courage de lutter quand la majorité se soumet et l'inutilité du combat s'il n'est pas mené pour tous.

Le rythme de l'intrigue, prenante, rend par ailleurs la lecture facile. "Terre ceinte", qui est je crois le premier roman de Mohamed Mbougar Sarr, souffre en revanche de quelques lourdeurs, ce qui en fait à mon avis un roman moins abouti, d'un point de vue stylistique, que l'excellent "De purs hommes", que je lui ai nettement préféré.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          60
Encore un moment fort, partagé avec Mohamed Mbougar 'Sarr. Depuis sa révélation avec le prix Goncourt, je vais de surprise en surprise.
C'est un auteur puissant qui s'empare d'un sujet avec une maitrise totale.
Dans ce livre, on est immergé d'un un univers dominé par des extrémistes musulmans. L'auteur dans ce roman choral, donne voix à différents protagonistes représentant l'autorité, l'oppression, la liberté de penser, la révolte, etc.
C'est brillant et l'on ne peut qu'avoir encore plus de compassion pour la souffrance de ces populations.
Commenter  J’apprécie          51
Terre Ceinte de Mohamed Mbougar Sarr #roman

Troisième livre de cet auteur que j'ai lu doucement car il ne m'en reste qu'un après 😢

Livre de jeunesse ! Dans la mesure où il est vieux à 32 ans aujourd'hui!

Quelle maîtrise déjà du texte et du sens dramatique! 

Dans un pays africain imaginaire, nous assistons dès les premières pages à l'exécution d'un couple qui a fauté sous les applaudissements du "peuple". Nous sommes dans un régime islamiste qui a conquis une partie du pays. Les habitants font profil bas, vivant dans la peur, pourtant un groupe d'intellectuels s'interrogent et tentent de faire réagir les masses. Ont ils raison, ne vaut il mieux pas "vivre" même sans liberté d'expressions? ( ou tout du moins "survivre comme ils peuvent dans un monde de mort"). le peuple bougera-t-il d'ailleurs s'il est boosté par des éléments résistants? Car s'il obéit, il ne craint rien pense-t-il? Cela vaut-il la peine de se sacrifier et de sacrifier sa famille, alors pour "ces" gens là? Répondre à la violence par la violence est il,  d'ailleurs, envisageable et la révolution doit elle être forcément faite au nom des hommes et donc du peuple?

La description  de ce régime de terreur est particulièrement bien fait. le montage qui alterne le récit, les échanges de lettres des mères du couple exécuté mais aussi les pensées du leader islamiste, permet d'entrer dans l'intimité des protagonistes. La description des incursions dans les maisons pour des fouilles est d'une grande maîtrise et le lecteur ressentira la peur, indéniablement.

Un livre magnifique sur l'engagement ou non sous une dictature islamique.  L'auteur est d'une grande lucidité et d'un grand courage. Il avait 24 ans quand il l'a écrit ! #Mohamedmbougarsarr #terreceinte #editionspresenceafricaine

Commenter  J’apprécie          52
Que voilà une très intéressante façon de nous faire vivre et comprendre l'intégrisme religieux !
L'auteur nous entraîne (nous enchaîne) dès les premières lignes et ne nous lâche plus, nous attendons le dénouement, quel qu'il soit, avec une impatience grandissante. Et ce final ! Grandiose et tragique, comme l'actualité de certains pays !
Un livre à conseiller !
Commenter  J’apprécie          50
Superbe roman qui nous donne à vivre de l'intérieur ce que peut être de vivre sous la domination d'un groupe qui applique la charia (et fait même un peu de zèle). Les situations sont fortes, on s'attache à ces personnages charismatiques, on apprécie l'oxygène apporté par l'originalité littéraire de l'intrusion d'échanges épistolaires ; et bien sûr on aurait tort de s'en tenir à une description réaliste ; car ce qui est mis en scène, c'est l'authenticité à soi-même, l'engagement et l'action. Comment agir, pourquoi agir, dans quel sens, dans quel but et à partir de quoi ?... C'est en cela que le roman s'élève à mon sens, qui ne se limite pas donner une représentation d'une situation donnée, mais bien de l'existence humaine. Après, comme dans le roman, il faut vivre.
Commenter  J’apprécie          40
Il est paraît-il une banalité chez la personnalité qui incarne le mal. Et que seul l'art arrive parfois à lui donner une certaine profondeur !
Serait-ce pour donner un sens à la souffrance !?
Mais que ferait ce sens au souffrant !? Et puis la profondeur de l'art ne résiste t'elle pas dans son sens de la beauté !?
Terre Ceinte est beau.
Pourquoi alors je suis triste à la fin de ma lecture !?
Un roman vivant... Un décor planté au plus profond de mon être, des personnages qui ont fini par devenir « familiers ».... Et des souvenirs.
Dans ce texte de Mbougar, j'ai oublié la lecture. J'étais dans l'ouvrage. Je traversais les instants avec Malamine, Ndey Joor, Dethie, Abdel Malick... Je vivais leurs angoisses, leurs souffrances et même leurs réflexions.
Dans ce texte, tout a eu trait à la réflexion. C'est la réflexion qui plantait les décors, introduisait les personnages, leurs sentiments. C'est la réflexion qui était le narrateur. Peut-être c'est moi qui divague.
Alors pourquoi pas parler du Livre !
Lorsque la vie s'ouvre par la mort de deux êtres, un homme et une femme exécutés parce qu'ils se sont aimés, il ne fallait pas beaucoup espérer de cette vie. Et pourtant l'espoir était permis.
Et ce sont leurs mères qui ont donné vie à cette question (l'espoir) ! Et magnifiquement. La mort a vraiment pour champ d'action la vie. C'est dans la vie qu'elle opère et ce sont les vivants qui marcheront sur ses traces. Ce sont eux qui peuvent témoigner d'elles, qui lui diraient aussi sa nature en lui montrant les traces qu'elle a laissées sur leurs âmes.
J'ai vite oublié ces morts. Elles avaient trouvés une bonne tombe où enterraient leurs souvenirs. (Aïssatou et Sadobo)
Je les ai oubliées à la première question sur les fanatiques ! Surtout lorsqu'on a parlé du « fanatique intelligent ». « Un fanatique capable de soutenir sa parole par une argumentation claire et, comme tous les vrais fanatiques, inébranlable dans ses convictions ».
Ce Abdel Malick me fasciné. Il semblait avoir une profondeur qui manquerait à toute personnalité incarnant le mal.
Il semblait en valoir la peine... La peine de creuser ses convictions. Je savais que je finirais déçu. de le savoir finalement banal ou de le savoir pourtant empli d'une certaine réalité. Il m'aura intéressé tout l'ouvrage.
C'était un islamiste. Encore l'islam ! J'ai aussi bien aimé l'histoire d'Ismaila. Et les questions qu'il posa à son père. C'était essentiel. Des questions que tout éducateur devrait se poser/répondre !
Ce livre est méchant. le sujet de l'islamisme est tranchant dans nos sociétés et portant il faudra en parler !
Moi, je ne dirais rien... Si ce n'est que le ramassis de conneries le plus sacré au monde reste encore de la merde ! Maintenant, qu'est-ce que la religion musulmane !? Comment doit on la vivre !? Est-ce que ce qu'on nomme communément « islamisme » serait la bonne voie !?
Enfin... Tout cela n'a pas de sens.
J'ai bien aimé les interrogations sur le « peuple » !?
Peu importe où l'on transpose ces réflexions sur le « peuple », on trouvera toujours leur pertinence !
Ce livre est tellement magnifique.
Mbougar est magnifique. J'ai tellement parlé de sa haute Littérature ailleurs que je ne prends même pas le temps de le dire ici !
De dire comment ce livre est si bien écrit !
C'est une pépite.

Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (347) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3674 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}