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Critique de Henri-l-oiseleur


Ce très bon livre d'histoire est ingénieusement conçu et sa lecture peut intéresser le lecteur ignorant et curieux du sujet, comme celui qui a déjà des connaissances et souhaite les étendre. Quatre-vingts dates servent d'entrée à quatre-vingts essais brefs, de quatre pages au plus, dus à des auteurs très différents entre eux. Ces essais historiques courts sont accompagnés d'une bibliographie limitée aux ouvrages essentiels, qui aidera le lecteur intéressé à poursuivre sa lecture dans le domaine qu'il voudra. Enfin, le choix des dates peut contenter aussi bien le débutant que le connaisseur. On trouvera les grandes scansions de l'histoire du peuple juif, de la nation juive (ce qui explique la majuscule, "les Juifs" ) : par exemple, 587 avant notre ère, et 70 de notre ère, destruction des deux temples et de l'état ; 1215, concile antijuif du Latran ; 1492, expulsion d'Espagne ; 1948, création de l'état d'Israël ; ou enfin 2015, prise d'otages et meurtres de l'Hyper Cacher de Vincennes. C'est sur l'antisémitisme musulman de France que se clôt le livre. Donc les articles sont assez clairs et élémentaires pour être bonnes initiations, assez approfondis pour être de bonnes synthèses, et assez variés, à travers les temps et les thématiques, pour maintenir la curiosité et l'intérêt en éveil.

Les Juifs écrivent, et leurs livres sont souvent des dates fondamentales de leur histoire (et de la nôtre) : les auteurs ont donc retenu des dates d'histoire littéraire et culturelle. Par exemple, la traduction de la Bible en grec à Alexandrie (la Septante), l'édition de la Mishnah et du Talmud, l'autodafé de ce même Talmud ordonné par Saint Louis (1242), la première poétesse juive publiée (Deborah Corcos Ascarelli, Italie, 1602), la première autobiographe juive connue écrivant en yiddish (Glückel von Hameln, 1690, Hambourg), la conférence de Czernowitz sur la langue yiddish (1908) ou "Difficile liberté" d'Emmanuel Levinas (1963) etc..
C'est dans ce domaine que l'on peut déplorer peut-être une influence néfaste de l'idéologie actuelle : je ne suis pas certain que le roman scandaleux "Portnoy et son complexe" de Philip Roth (1969) contrebalance l'absence d'une entrée sur l'édition du Zohar en Espagne à la fin du XIII°s, en termes d'influence. Aussi, il serait intéressant d'en savoir plus sur les tout premiers livres d'histoire juive (on aurait le choix entre "Les antiquités juives" ou "La guerre des Juifs" de Flavius Josèphe, au premier siècle, ou en 1554, "Le sceptre de Judah" de Salomon ibn Verga), ouvrages plus importants que cette honorable femme rabbin, première du genre, en Allemagne : l'essai qu'on lui consacre est anecdotique et dicté par la mode éditoriale et idéologique. Cette soumission à la mode n'enlève rien à la valeur et à l'utilité du livre.
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