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Critique de talou61


Un voyage en Révolution avec Marianne !

C'est que nous propose l'historien Jean-Marc Schiappa dans cet ouvrage.

Un plan présenté en diverses questions assez récurrentes auxquelles Monsieur SCHIAPPA apportent des réponses :

par exemple, Révolution ? Révolution bourgeoise ? La Révolution permanente ? Les femmes ? Et la République ? Violences, La religion, l'esclavage…
Cette présentation est agréable et les explications claires et le style est abordable, comme toujours avec cet auteur.

Humain, humaniste, l'auteur précise que le travail historien a toujours une forte charge morale, donc mentale, et que l'historien partage les préoccupations, les espoirs, les problèmes de l'Humanité.

L'auteur définit le terme Révolution qui est un changement politique le plus total par un mouvement de masse.
Il répond aux arguments de François Furet en niant que la Révolution française est la matrice du totalitarisme : cette notion est issue des philosophes grecs, de la Renaissance, de Rousseau, de Hegel…

Si la violence révolutionnaire est condamnée par certains c'est qu'elle est issue de la Révolution car elle veut changer la société, et c'est un délit d'intention politique ! Par la critique de la violence, c'est la Révolution qu'on condamne, la possibilité pour l'Humanité de décider de son sort.

La Révolution française était tout le contraire d'une dictature : c'était un régime d'assemblée, une chambre unique qui symbolise la supériorité du Législatif sur l'exécutif ; le bicamérisme est l'expression d'une volonté conservatrice (par exemple dès 1795 avec le Directoire).

Les conventionnels ont tout fait pour se prémunir d'une dictature, qu'ils redoutaient, en créant par exemple des assemblées primaires.

Et puis, c'est un peu fort de qualifier un gouvernement de totalitaire qui n'a existé que quatre mois en 1794 ! La chute du "pseudo dictateur" a d'ailleurs été très rapide en thermidor an II.

La Révolution a tout désacralisé : elle a renversé la monarchie millénaire, la noblesse, le clergé et l'idée même de dieu : elle y a substitué celle de l'Humanité. Cette notion que les philosophes des Lumières avait mis en avant : Montesquieu rejette l'esclavage et Voltaire condamne les intolérances sur ce fondement.

La Révolution fait naitre la Nation, la Loi : que d'inventions durant cette période : l'élections des juges, des procureurs généraux syndics, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la notions de liberté d'égalité et de fraternité qui unifie une Nation, autrefois divisée en provinces :a Révolution invente une nouvelle sociabilité.

La création des départements, d'un calendrier républicain, l'égalité de la peine de mort, la liberté de presse, celle de pétition, issue de la Révolution qui reprend un mot anglais "Club" pour les réunions politiques, elle invente même les notions de Droite et de Gauche dans l'Assemblée.

Monsieur Schiappa nie également que la Révolution française soit une Révolution bourgeoise :
Albert Soboul a bien écrit justement "une Révolution populaire et à direction bourgeoise".
Les mesures telles que celle du Maximum des prix, la division des biens des émigrés en petites parcelles avec un paiement étalé sur 10 ans, le partage des biens communaux ne sont pas des mesures issues de la classe de la bourgeoisie.
D'ailleurs, cette classe n'est pas un corps homogène, uniforme avec une seule voix et un seul représentant.

Le thème des Femmes est bien-sûr abordé :
A contre-courant, l'auteur nous démontre que le sort des femmes n'a pas été délaissé : le droit au divorce dès septembre 1792, le terme bâtardise qui est abandonné par Décret du 13 avril 1791, la loi du 10 juin 1793 qui étend à tous (hommes et femmes) de tous âges, un droit égalitaire au partage des biens communaux. ; la loi du 28 juin 1793 qui organise l'assistance aux familles indigentes, aux veuves, filles-mères et enfants abandonnés.
Certains députés ont été franchement misogynes comme Fabre d'Eglantine ou Amar, ils sont rares.
Je rejoins l'auteur qui place Mary Wollstonecraft et Pauline Léon comme de vraies féministes.

Ce que j'aime chez Monsieur Schiappa, c'est qu'avec des mots clairs, des exemples concrets, il sait nous faire voir différemment l'histoire, notamment celle de la Révolution française ; que j'aurais aimé être son élève !

Bref, je vous conseille vraiment de lire cet ouvrage de 236 pages, qui se lit comme un roman, pas le roman national (!) mais celui de l'histoire de notre pays !

Je conclurai par les mots de Monsieur Schiappa :

"La résignation est contraire à l'esprit humain et toutes les victoires momentanées pour lui faire accepter son sort présent ne sont que des charges explosives supplémentaires. Tous les vents quitteront la boîte de Pandore, mais l'espoir ne restera pas au fond, il sera avec les vents et les fera souffler encore plus fort.

Ah, ça ira, ça ira, ça ira !"
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