Citations sur Les lendemains avaient un goût de miel (13)
Je me retrouve désœuvrée, dans la rue, avec quelques lettres encore à lire et un sentiment qui me noue le ventre.
Je pense reconnaître le sentiment de mon arrière-grand-mère Rose à la maison de retraite ou de sa mère à la gare attendant Jean-Baptiste.
Ce sentiment, c'est la solitude.
Des clowns, des soupes à la chaîne, des gens qui appelaient leur maman : finalement, la maison de retraite avait tout d'une crèche.
C’était le temps des fleurs
On ignorait la peur
Les lendemains avaient un goût de miel
Ton bras prenait mon bras
Ta voix suivait ma voix
On était jeunes et l’on croyait au ciel
Vous savez très bien que je vous aime depuis la première seconde où je vous ai vue, [...]. Vos bonnes manières, votre gentillesse, votre port de tête droit, et la moue que vous faites quand vous êtes contrariée - ou voilà, cette moue-là, celle que vous faites en ce moment ! Toutes ces choses m'ont charmé. Je me fiche de vous attendre encore dix ans, j'attendrai. Après tout, la promesse du bonheur n'est-elle pas plus forte que le bonheur lui-même ?
Toutes ces choses m’ont charmé. Je me fiche de vous attendre encore dix ans, j’attendrai. Après tout, la promesse du bonheur n’est-elle pas plus forte que le bonheur lui-même ? C’est vous qui m’intéressez, Rose, mais je veux connaître ma future belle-famille. Vous verrez, vous m’épouserez. Et je ne suis pas pressé.
Donner la vie : la chose la plus difficile et la moins considérée du monde. Les hommes qui pilotent des avions ou qui parlent d’autres hommes jouant au football ont un « vrai travail ». Les femmes, non. Nous passons le temps entre deux grossesses, c’est bien connu.
Ne comptez pas sur mon héritage paternel : 1/16e d'une bergerie dans l'Alta Rocca, en Corse, dont mon oncle a fortuitement "perdu les clés" (il les retrouve tout aussi fortuitement chaque année quand les Hollandais qui la lui louent sur Airbnb descendent du bateau), 3/32e d'un champ de figues dans le maquis, délimité à l'est par le rocher en forme de tête de sanglier et à l'ouest par des oliviers, et 1/8e d'une maison en pierre à Venzolasca, mais c'est un peu compliqué pour les plannings parce que parmi les autres huitièmes, les Pacini de Serra-di-Scopamène et les Orsini de Vescovato ne se parlent plus.
D'ailleurs officiellement, si on vous demande, la maison appartient toujours à mon grand-père, également maire du village (et mort en 1995, mais ce n'est pas le sujet).
Je ne sais plus à quel âge j’ai pris conscience que maman ne savait ni lire ni écrire. Mais en écrivant le prénom de mon fils aîné Jean, juste après sa naissance, j’ai éprouvé une forme de fierté qui dépassait l’amour maternel. La fierté de l’autonomie ? J’ignore comment appeler ça. Mais jusqu’à mon dernier souffle, je n’ai jamais eu besoin de personne pour tenir mon stylo.
Quiconque entreprend des recherches généalogiques cherche forcément quelque chose, des racines, une identité, une explication, tout ce qu’on vous récite en cours de psychogénéalogie. Plus je collectais des bribes d’information sur les conditions de vie de mon aïeule et de sa mère, ses sœurs, plus je découvrais autre chose… Une vie.
On n’échappe pas à son destin, cher ami. Et souvenez-vous, il n’y a pas de vilain métier : il n’y a que de vilaines gens…