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Critique de Ode


Ode
04 janvier 2014
Connais-toi toi-même : sous sa forme romancée, "La femme au miroir" cache une remarquable réflexion sur la conscience, mais aussi sur la place de la femme dans la société. Cela ne m'étonne pas qu'Éric-Emmanuel Schmitt ait mûri cette histoire pendant de longues années. du XVIe siècle à nos jours, il met en scène trois héroïnes qui, se refusant au mariage ou à la maternité, aspirent à vivre librement, but ô combien difficile dans un monde où les codes sont dictés par les hommes.

Anne est une jeune fille modeste vivant à Bruges au temps De La Renaissance. le matin de son mariage, elle fugue dans la forêt et s'éveille à la nature et aux forces telluriques.
Hanna est une aristocrate autrichienne à l'aube du XXe siècle. Épouse adorée d'un homme charmant, elle se sent pourtant de plus en plus en décalage avec son entourage.
Anny est une actrice américaine contemporaine qui enchaîne films à succès et amants d'un soir. Entre sorties en boîte, alcool et stupéfiants, elle ne sait plus vraiment où elle en est.

Avec la régularité d'un métronome, mais beaucoup plus d'humour, l'auteur alterne les trois récits qui, comme il se doit, se rejoignent à la fin. Dois-je préciser que c'est le destin d'Anne qui m'a le plus touchée, car il est empreint de grâce et de mysticisme ? Toujours à l'écoute, en empathie avec les autres, Anne arrive à communiquer avec la nature et les animaux, notamment un loup. Par sa soif de liberté et son établissement dans un béguinage, elle m'a rappelé Juette de Huy (voir "La passion selon Juette", de Clara Dupont-Monod), autre figure mystique, bien réelle cette fois.

Ici, le miroir représente les apparences, l'image que les autres ont de nous, si différente de notre perception intérieure. C'est ce que découvrent Anne, Hanna et Anny, avec des conséquences plus ou moins tragiques. Chacune rencontre un homme providentiel, seul capable de les comprendre et de mettre des mots sur ce qu'elles ressentent. Anne est secourue par le moine Braindor qui identifie dans ses paroles la présence de Dieu. Hanna est sauvée de ses démons par la psychanalyse grâce au docteur Calgari, un disciple de Freud. Quant à Anny, un infirmier nommé Ethan lui fait prendre conscience de son addiction à la drogue et l'aide à s'en sortir. Mais une seule clé suffit-elle à tout expliquer ?

« le divin, le psychique, le chimique, voilà les clés que divers siècles avaient proposées afin de déverrouiller les portes du mystère. Anne, Hanna, Anny.
Or, si les dés fonctionnaient, le mystère demeurait. »
Oui le mystère demeure, comme mon goût immodéré pour les romans d'Éric-Emmanuel Schmitt… Calme-toi, Ode, calme-toi !
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