Forty Centuries of Wage and Price Controls: How Not to Fight Inflation

Il n'est pas aisé d'évaluer un tel livre.
D'un côté il traite un sujet de première importance, avec des références historiques passionnantes.
La question abordée est de savoir ce qu'ont eu pour effet les tentatives de fixer les prix des salaires et des denrées les plus sensibles, qui se sont multipliées pratiquement depuis que l'histoire nous a laissé des documents déchiffrables ; et, la tentation de recourir à de telles pratiques pour faire face à une inflation, ou à une situation de rareté susceptible de faire monter les prix étant toujours présente, comme le montre certains débats actuels, il est du plus haut intérêt de nous mettre en mesure de tirer des enseignements des expériences passées
Et l'ouvrage des Docteurs Schuettinger et Butler, déjà ancien, nous fait connaître, bien au-delà du seul édit assez connu de Dioclétien, de multiples tentatives du même genre, depuis le temps des Égyptiens et des Grecs, jusqu'à nos époques modernes, puisque, sans compter les périodes de guerre du XX° siècle dans nos pays démocratiques, et sans parler seulement du blocage des loyers du lendemain de la première guerre mondiale chez nous, aux conséquences catastrophiques, on a vu des gouvernements de pays libéraux (dont les États Unis !) céder, peu avant la première parution de ce livre en 1979, à ce type de tentations. Et les auteurs nous décrivent, ce qui est une des grandes qualités de ce livre, les circonstances historiques et économiques d'un grand nombre de ces épisodes.
Mais peut-être ont ils voulu trop étreindre ; il était tout de même difficile d'embrasser en un seul volume autant de matière, sans compter que l'ambition des rédacteurs allait jusqu'à vouloir nous introduire à la dynamique de l'inflation en développant des approches théoriques, certes liées au sujet en ce sens que c'est bien l'illusion de pouvoir résoudre les dérives inflationnistes en s'attaquant à leurs effet et non leurs causes, qui est à l'origine de l'échec quasi systématique des trains de mesure de contrôle des prix, comme ce que nous avons pu constater dans notre propre histoire révolutionnaire, avec les lois du "Maximum" et leurs conséquences. Mais l'analyse des causes profondes des phénomènes inflationnistes et de la manière de les traiter aurait pu faire la matière d'un livre épais à elle seule.
Les limites de ce livre viennent donc du fait que, sans doute par manque de place, les auteurs ont dû limiter leurs développements de chacun des cas traités, et le lecteur se sent frustré par une approche pratiquement toujours partielle et le fait que, au-delà des certitudes, probablement fondées, des auteurs, les seules données qu'ils présentent ne suffisent pratiquement jamais à étayer leurs conclusions, sinon par l'observation que les mesures de contrôle prises finissent systématiquement par être abandonnées.
Il est possible que les sources historiques, pour les évènements anciens, ne permettent pas de caractériser précisément les conséquences de l'introduction de mesures de contrôles des prix, et que l'on doive, par exemple dans le cas de l'édit de Dioclétien se contenter du constat que l'Empereur a fini par abdiquer et que son édit a été rapidement abandonné. Mais pour les exemples plus récents, cette excuse ne vaut pas.
Les auteurs auraient donc dû mieux cibler leur sujet, peut-être limiter les exemples traités, de manière à les analyser avec plus de rigueur.
Le lecteur intéressé n'aura plus qu'à se reporter aux ouvrages traitant en profondeur d'une période précise.