En lisant la quatrième de couverture de
Black no more, j'ai immédiatement été amusée du négatif photo du livre de
John Howard Griffin «
Dans la peau d'un Noir » : en effet, celui-ci s'était, par un procédé chimique et un maquillage spécial, transformé en Noir pour pouvoir appréhender la situation des Noirs du Sud – nous étions alors dans les années soixante – tandis que
Black no more nous parle d'un jeune Noir de Harlem qui grâce à un mystérieux procédé qui s'appuie sur le processus du vitiligo (maladie dé-pigmentaire) transforme les Noirs en Blancs… et ce livre a été écrit en 1930 (aurait-il inspiré l'expérience de «
Dans la peau d'un Noir » ?) !
Mais la comparaison s'arrête là. Tandis que
John Howard Griffin a réellement tenté cette expérience et décrit son quotidien en tant que « Noir » (et je vous conseille vivement de lire son livre très éloquent si ce n'est déjà fait),
Black no more est un roman, ou plutôt une satire sociale.
Le récit résonne de manière étonnamment actuelle. Certains éléments interpellent en ce qu'ils semblent annoncer ou comme décalquer à l'avance les mêmes théories raciales et les mêmes projets (déportation, étude des ascendants dans l'arbre généalogique pour vérifier qui a du sang noir, etc.) que ce que fut la Shoah. Interpellant puisque donc le roman a été édité en 1931. En même temps, l'ersatz de Ku Klux Klan qui apparait dans le livre avec sa pureté de la race, la suprématie blanche, etc. reprend finalement les fondements racistes du nazisme et l'un comme l'autre sont comparables à plus d'un titre.
Concernant l'histoire proprement dite, je dois dire que j'ai eu un peu de mal à accrocher dans la mesure où ce sont surtout les enjeux politiques et économiques qui nous sont dépeints dans cette société où on ne sait plus qui est blanc ou noir… le sous-titre du livre indiquait « Si les Noirs devenaient blancs, le racisme disparaitrait-il pour autant ? ». Je ne vais évidemment pas répondre à la question… il vous faudra lire le livre.
Toutefois, je dois reconnaitre que je me suis demandé où l'auteur allait nous emmener et quelle serait la « morale » de l'histoire…
Ce livre corrosif est un objet de curiosité et de réflexion qui vaut le détour, peut-être moins pour le plaisir qu'on en a à la lecture que pour son côté dérangeant et cynique.