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Marguerite de Gramont (Autre)
EAN : 9782070368099
248 pages
Gallimard (11/06/1976)
4.11/5   583 notes
Résumé :
Comment un écrivain américain s'est transformé en Noir avec l'aide d'un médecin, pour mener pendant six semaines la vie authentique des hommes de couleur.

Maintenant le témoignage est là, tangible, solide, prêt à prendre place dans les rayons de toute bibliothèque qui se respecte (Robert Escarpit, Le Canard enchaîné).
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
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Si vous écoutez derrière une porte ce que de soi-disant amis disent de vous, très probablement ce seront des calomnies. Si, en revanche, vous avez le courage d'entrer dans la pièce, tout en étant non-reconnaissable, vous entendrez vraiment ce que l'on pense de vous.
Voilà ce que fait G H Griffin, à la fois certain du racisme systémique du Sud des Etats Unis en 1959, et voulant en récolter les preuves tangibles : en se transformant, à l'aide de médicaments et de maquillage, en Noir.
Personne ne s'aperçoit du subterfuge, aussi, lorsqu'il est suffisamment noir, il sort de son hôtel nuitamment, et se réfugie dans les quartiers noirs, prend le bus, se rend compte que manger, boire et faire ses besoins posent un problème.
Sans parler de trouver une chambre.
Il a entendu maintes fois que le problème des Noirs n'était pas tant les conditions ségrégationnistes qu'ils subissent, mais plutôt leur propre propension à se déchirer les uns les autres. Ce cliché ne le convainc pas, d'autant que ses premières expériences en tant que noir prouvent le contraire : « le monde extérieur est-il si dur à notre égard, … qu'il nous pousse entre nous à la bonté, pour nous sauver du désespoir. »
Out, le cliché.
le fait de s'être transformé – qui le choquent lui-même, puisqu'il est maintenant un autre qu'il ne reconnaît pas-lui fait toucher du doigt le fait que l'hostilité des blancs n'est pas dirigée contre lui, mais contre sa couleur (sauf que si l'on nait noir, c'est bien contre nous que sont dirigés ces regards cruels, ces regards de femmes blanches offensées, ou se disant offensées, puisqu'elles présupposent qu'elles sont objet de désir ).
Voilà, une des vraies raisons mises au clair est le racisme sexuel ou pour mieux dire, c'est une question de centimètres : les blancs rêvent, lui demandent des détails lorsqu'il est pris en stop par l'un d'eux, insistent lourdement pour qu'il leur montre son appendice fantasmé monstrueux. Conclusion, ne pas regarder une femme, même pas une affiche de cinéma, sous peine de lynchage.
de racisme systémique, nous passons à la jalousie envieuse centimétrée sexuelle systémique.
Griffin constate les méfaits tangibles d'un rejet des noirs par les blancs, en en notant tous les aspects factuels : rejoindre les places du fond dans les autobus, attendre que les blancs soient sortis pour le faire, se faire incendier si un besoin présent vous oblige à descendre, et que le conducteur a décidé que non, baisser les yeux, ne pas regarder les femmes blanches, presque synonyme de viol, ne pas répondre, ne pas exister.
Et il jouit du fait de pouvoir s'asseoir à côté d'hommes blancs lorsqu'il a repris sa couleur initiale ; bonheur , miracle de commander un repas et d'aller aux toilettes, sans s'entendre dire Que faites vous ici, Nègre ? »

Cela est-il convaincant ? Pas tout à fait, bien que l'idée soit courageuse et intéressante. le Klux Klu Klan est évoqué comme par hasard, sans que Griffin ait eu maille à partir avec l'organisation sanglante.
Mention est faite de Martin Luther King, sans plus que ça.
Plus grave, les faits, connus d'avance d'ailleurs, attestés par lui, un blanc, ( donc plus probants ?)ne sont pas passés au crible: pourquoi ce racisme systématique ? Ne serait-ce pas pour justifier l'esclavage, suivi de l'exploitation dans les champs de coton et de la ségrégation du Sud ? Il est impératif que le blanc se croit supérieur pour entériner les horreurs du passé.
Cette aventure d'un blanc qui durant six semaines a été noir a t- elle valeur historique ? Griffin lui même ne semble pas très convaincu par l'expérience et conclura « il est absurde pour un homme blanc de prétendre parler au nom des Noirs alors qu'ils ont leur propre voix"

LC thématique août : lire en couleur
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Ce livre était là, sur le comptoir de la librairie, attendant d'être rangé sur son étagère. Moi, j'étais à côté, patientant pour retirer une commande. Mon regard s'est posé sur la couverture et sur le visage du garçonnet au visage tendu et au point levé, puis j'ai lu le titre et j'ai demandé si je pouvais ajouter ce livre à ma commande.
John Howard Griffin, l'auteur est un homme que j'aurais aimé rencontrer. Il a bourlingué, connaît la France, a pris part à la Résistance durant la deuxième guerre mondiale entre autres choses et surtout est convaincu que la ségrégation qui perdure en cette seconde moitié de XXeme siècle dans le Sud des USA est une aberration. Il décide d'avoir recours à des moyens médicamenteux pour transformer son apparence physique et devenir Noir afin de pouvoir évoluer dans la société Noire et se faire une idée de ce qu'est réellement la condition de personne de couleur en 1959 dans les Dixielands.
C'est un livre qui me semble bouleversant et dérangeant car il peut faire resurgir de chacun d'entre nous des pensées très profondément enfouies. Il invite à « Se voir, tel que l'on est ». Et pas uniquement en fonction de la couleur de sa peau mais également en tant qu'homme ou femme confronté(e) à la misère, à la détresse, à la différence, à d'autres qui voudraient nous ressembler mais n'y parviennent pas.
Je vous invite à découvrir cette belle expérience de vie que nous offre l'auteur et pourquoi pas à en discuter ultérieurement.
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Nous nous sommes connues Christelle et moi, au lycée, par le hasard de quelques amies communes.
Nous nous sommes fréquentées, parce que nous n'avions rien en commun, à part cela : pas d'incompréhension, pas de jugement.


Elle était, au collège, de celles qui harcèlent les autres filles dans les chiottes, le genre dur et pas fréquentable.
Elle avait un père qui tapait sa femme, alcoolique, chasseur, raciste, pas forcément dans cet ordre. Ça fait cliché, je sais, mais c'était ça. Juste ça.
Sa mère était une « pauvre femme », alcoolique et joueuse (elle taxait de l'argent à ma mère pour le jouer au PMU).


Sa révolte à Christelle consistait à fréquenter de « mauvais garçons », fumeurs, tolards, ce genre là… à découcher la nuit, à conduire sans avoir le permis (sans avoir 18 ans), à fumer des joints.


Invitée à son anniversaire, toute la soirée, je m'étais demandé ce que je faisais là : je ne connaissais personne d'autre qu'elle, j'étais hyper timide et je ne comprenais toujours pas pourquoi elle m'avait proposé de venir.

Non motorisée, je devais dormir chez elle. La nuit, on a entendu sa mère se plaindre, geindre, « arrête », disait-elle à son mari. Christelle s'était assise sur son lit, les jambes repliées, le menton sous les genoux et elle se balançait d'avant en arrière en se bouchant les oreilles avec ses mains. Bon anniversaire, Christelle.


Un jour, Christelle m'a dit que quand son père s'endormait sur une chaise du jardin, avec son fusil sur les genoux, elle rêvait de le tuer d'un coup de fusil. Elle détestait savoir qu'il tuait des animaux, elle qui les aimait tant.

Un jour, son père a ramené de la chasse un marcassin. Ils avaient tué la mère, par erreur. Elle a nourri cette bête au biberon, il vivait dans la cuisine, je l'ai vu. Puis quelques semaines après, quand elle m'a remontré la bête, j'étais enfermée dans l'abri de jardin et elle munie d'une barre de fer, parce qu'il était un peu brutal… un sanglier qu'elle câlinait comme si c'était un chien.


Mais elle avait le genre BB, Christelle. Son racisme à elle, c'était les arabes.

Je me souviens d'une conversation dans la cour du lycée. Enfin, je ne me souviens pas vraiment de la conversation, juste de sa fin, quand Christelle m'a dit :
« Quand tu te seras fait violée par un arabe, tu ne diras plus la même chose. »
Là, il n'y a pas à discuter, j'ai juste dit « t'es conne » et je me suis barrée.


Je me suis souvent demandée si ça valait le coup de discuter, de se fâcher. Et puis j'ai pensé que non.
En ma présence, Christelle évitait les remarques racistes qu'elles faisaient ordinairement avec sa copine Stéphanie, du genre « accélère » quand il y avait un type basané sur un passage piéton.
C'était peut-être de l'hypocrisie et c'était juste moche.
Mais c'était peut-être pour épargner ma sensibilité et alors ça prouvait bien qu'elle en avait une de sensibilité.


Encore maintenant, il m'arrive de me demander ce qui me rapprochait de Christelle.
Ce qui m'énervait par-dessus tout, c'était qu'elle déteste autant son père mais qu'elle ait gardé de lui un de ses principaux défauts : le racisme.
Mais la vérité, c'est que Christelle était une fille épatante et super attachante pour tout un tas d'autres raisons.


Bref ! Quand j'étais jeune, j'ai essayé la peau d'une raciste et elle ne m'allait pas.




Ce qu'il y a d'épatant dans le livre de John Howard Griffin, ce n'est pas le style, qui m'a paru un peu pataud – comme d'hab, je ne saurais pas analyser pourquoi et ne tenterai donc pas de le faire.

Par contre, par son contenu, il est épatant.
John Howard Griffin, un homme blanc, se dit qu'il faut prouver, prouver j'insiste, que le racisme existe dans certains états, et de prouver, prouver j'insiste encore, que ce racisme est injustifié.


Il décide de se transformer en noir, à l'aide d'un médicament, de rayons et de crèmes colorantes, pour se fondre parmi les noirs, s'immerger dans les ghettos noirs.

Et ce qu'il décrit, ce n'est pas seulement la ségrégation, ce ne sont pas seulement les privations, ce n'est pas seulement la pauvreté, c'est aussi le changement d'état d'esprit, le changement de comportement, le changement de ressenti qui s'opère presque immédiatement en lui lorsqu'il est devenu noir.

Alors il nous montre, par son exemple, que les noirs sont tout à fait égaux aux blancs… jusque dans leurs défauts. Une fois redevenu blanc, il ne sera pas mieux accepté par les noirs…

Mais bien sûr, la force, à ce moment et en ce lieu, est aux blancs. Ce sont eux qui détiennent le pouvoir et son but est bien de forcer la population américaine à ouvrir les yeux, en leur donnant accès par les médias à la réalité, indiscutable à ses yeux : il n'y a aucune différence entre un noir et un blanc de par la couleur de la peau.

Par contre, il ne nie pas les différences de comportement, mais les explique par un accès inégal à l'éducation, à la culture, par la réaction à la ségrégation et au racisme…

Et il demande de comparer un mauvais noir à un mauvais blanc, un bon noir à un bon blanc, pour constater qu'alors, il n'y a pas de différence.


Inutile de chercher à tout dire de ce livre en quelques lignes…
A lire pour ceux que ça intéresse.





Ma grande, Lili, a appris cette chanson cette année. C'est dire que je la connais par coeur moi-même…

« Armstrong je ne suis pas noir
Je suis blanc de peau
Quand on veut chanter l'espoir
Quel manque de pot
Oui j'ai beau voir le ciel, l'oiseau
Rien, rien, rien ne luit là-haut
Les anges… zéro
Je suis blanc de peau
[…]
Armstrong, un jour, tôt ou tard
On n'est que des os
Est-ce que les tiens seront noirs ?
Ce s'rait rigolo
Allez Louis, alléluia !
Au-delà de nos oripeaux
Noirs et blancs
Sont ressemblants
Comme deux gouttes d'eau. »

Extrait de « Armstrong », Claude Nougaro :
https://www.youtube.com/watch?v=TqzmrgBU6bE
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Jamais je n'ai oublié ce livre-choc, lu à la fin des années 70.
Un récit aussi exemplaire que scrupuleux pour le petit blanc français que j'étais et que la ségrégation révoltait.
Un reportage en immersion totale chez "l'autre", hors du commun, par un écrivain aussi courageux qu' engagé.
Bien sûr, Griffin n'est pas noir mais il le devient le temps de son enquête: Il se met en situation autant qu' en danger. le red-neck raciste et possible lyncheur ne fera pas la différence avec un "vrai noir".

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Une de mes premières lecture de fac.

Le souvenir que j'en garde est celui d'un rapport assez méticuleux de l'expérience menée par cet auteur. Expérience des plus utopiques : se mettre dans la peau de l'Autre.

Cela a permis à John Howard Griffin de vivre au quotidien et d'endurer les humiliations subies par les Afro-Américains dans les années 1960, considérés à l'époque comme des citoyens de seconde zone.
Le rapport est accablant et sans appel, surtout lorsqu'il passe dans les Etats du sud.

L'épisode le plus marquant pour moi a été celui du voyage en bus , les passagers noirs - y compris le journaliste - sont vraiment traités comme des animaux. Malheureusement, il n'y avait pas de Rosa Parks à bord ce jour-là.
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Mettez l'homme blanc dans le ghetto, supprimez-lui les avantages de l'instruction, arrangez-vous pour qu'il doive lutter péniblement pour maintenir son respect de lui-même, accordez-lui peu de possibilités de préserver son intimité et moins de loisirs, après quelques temps il assumerait les caractéristiques que vous attribuez aux Noirs. Ces caractéristiques ne sont pas issues de la couleur de la peau, mais de la condition humaine.
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Les Noirs ne comprennent pas plus les Blancs que ceux-ci ne comprennent les Noirs. J' étais consterné de voir à quel point ce garçon exagérait - et comment en serait- il autrement - les sentiments des Blancs à l' égard des Noirs. Il pensait que tous le détestaient.
La plus désolante conséquence de cette absence de communication est l' accroissement du racisme chez les Noirs, justifié jusqu' à un certain point, mais néanmoins symptôme très grave. Cela ne fait qu' élargir l' abîme que des hommes de bonne volonté s' efforcent déséspérement de combler avec de la compréhension et de la compassion. Cela ne fait que renforcer la cause des racistes blancs. Si le Noir, dont l' émancipation est maintenant proche, s' attaque à un homme à cause de sa blancheur, il commet la même tragique erreur qu' ont commise les racistes blancs.
Et cela se produit sur une échelle plus grande. Trop de ces dirigeants militants prêchent la supériorité des Noirs. Je prie le seigneur que les Noirs ne gâchent pas leur chance de s' élever, de bâtir, grâce à la force acquise dans des souffrances passées,et, surtout, d' être au-dessus de la vengeance. Si une étincelle mettait le feu aux poudres, cela serait la tragédie insensée de l' ignorance contre l' ignorance, de l' injustice contre l' injustice - un massacre qui déchirerait quantité d' êtres humains innocents et de bon vouloir.


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Le 24 novembre

Et pourtant la misère est un fardeau, le fardeau prédominant, écrasant. Je compris pourquoi ils avaient tant d’enfants. Cette heure de la nuit, lorsqu’ils étaient environnés par les marécages et l’obscurité, évoquait pour eux une profonde solitude, une angoisse, l’impression d’être exilés du reste de l’humanité. Quand un homme prend conscience de cela, ou il éclate de désespoir ou il se tourne vers sa femme et s’y cramponne, pour la consoler et y puiser sa consolation. Leur union est une évasion momentanée des profondeurs marécageuses de la nuit, de la complète désespérance de leur situation sans perspective d’amélioration. C’est en fin de compte un acte tragique dans lequel les désespérés cherchent l’espoir.
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7 novembre 1959

Dans un flot de lumière reflété par le carrelage blanc, le visage et les épaules d’un inconnu - un Noir farouche, chauve, très foncé - me fixait avec intensité dans le miroir. Il ne me ressemblait en aucune façon. La transformation était complète et bouleversante. Je m’attendais à me trouver déguisé, ceci était tout autre chose. J’étais emprisonné dans le corps d’un parfait étranger, peu attirant et à qui je ne me sentais lié en rien. Tout ce qui pouvait subsister du John Griffin antérieur était anéanti. Ma personnalité elle-même subissait une métamorphose tellement totale que j’en éprouvait une détresse profonde. Je regardai dans le miroir qui ne reflétait rien du passé de John Griffin, homme blanc. Non, cette image était un retour à l’ Afrique, aux masures et au ghetto, aux luttes stériles contre l’anathème noir.
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Une loi n’est pas bénéfique simplement parce que le corps législatif l’a votée, mais le corps législatif a l’obligation morale de ne voter que pour ce qui est bénéfique.
Cette tendance à édicter des lois commodes ou avantageuses plutôt qu’équitables s’est répandue dans les corps législatifs du Sud. Il en est résulté des lois d’un cynisme à peine croyable dans une société civilisée. Même après avoir été examinées et rejetées par des tribunaux supérieurs et rejetées comme illégales, elles ont été renforcées dans certaines juridictions d’instance parce qu’ « elles n’ont pas été rayées des rôles des causes ».
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