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Critique de Laureneb


Un roman placé sous le patronage de Shakespeare, dès le début avec une référence explicite à Roméo et Juliette. Oui, le maître de Ravenwood et Lucy sont jeunes, beaux, mais leurs familles se haïssent. Seulement, nous ne sommes plus au Moyen-Âge où les haines s'apaisent par des bains de sang comme lorsqu'un ancêtre de la famille Ravenwood s'était vengé en massacrant toute une salle. Nous ne sommes pas non plus à Vérone où les querelles d'honneur se règlent par des duels entre gentilhomme.
Non, c'est à peine un roman historique lorsque Walter Scott l'écrit : le cadre de l'intrigue est le XVIII ème siècle, un siècle avant lui donc. S'il y a bien quelques références aux Jacobites, ce n'est pas un roman épique, le héros combat, mais loin, ses missions l'entraînent en terre étrangère, hors-champ par rapport au roman donc. Même sa fin est un refus de l'épopée puisque le duel annoncé n'a pas lieu.
En effet, dans ce monde qui n'est presque plus ancien, les oppositions ne peuvent plus être guerrières et violentes, mais politiques et feutrées. L'Ecosse n'est plus une terre sauvage et lointaine, elle est rattachée à la Grande-Bretagne. Plus de guerre de clan, mais des chicaneries de politiciens, des intrigues de cabinet - qui ne sont pas très claires ni très explicites. le héros est une figure dépassée, archaïque, lui qui habite un donjon féodal maintenant en ruine, lui qui voudrait encore avoir des relations seigneuriales avec ses métayers qui n'obéissent plus aveuglement à ses ordres, lui qui voudrait des combats d'honneur. Au contraire, la modernité se voit par l'ascension e nouvelles catégories sociales, les figures puissantes sont celles de la bourgeoisie montante comme le tonnelier du village, ou d'un homme de loi qui parvient à devenir noble à force d'intrigues. Et, en réalité, la figure la plus intelligente, celle qui parvient à ses fins pour réaliser ses ambitions, c'est une femme, lady Ashton qui tire les ficelles dans l'ombre, manipulant son mari. On retrouve Shakespeare, puisqu'elle est explicitement comparée à Lady McBeth.
Shakespeare permet aussi de s'inscrire dans la bouffonnerie avec le personnage du capitaine qui n'est qu'un mercenaire en quête d'un noble prêt à l'entretenir, mais aussi avec la figure du vieil intendant de la famille Ravenwood, un domestique si prêt à défendre l'honneur de la maison qu'il ment et invente tous les stratagèmes possibles, faisant sourire mais émouvant aussi par son dévouement.
Mais surtout, se placer sous le patronage de Shakespeare permet d'introduire la tragédie. On sait dès le début que tout finira mal, l'avant-propos nous a dépeint - au sens propre - une jeune fiancée échevelée et désespérée. le texte fait référence à plusieurs prophéties, notamment avec la figure des trois vieilles femmes assisses au cimetière - la référence aux sorcières de McBeth est elle aussi explicite, directement présente.
C'est donc le roman décevant d'un monde qui n'est plus, où le héros est effacée, la demoiselle sans intérêt, où la politique remplace le chevaleresque. Ce n'est donc pas ce que j'attends d'un roman de Walter Scott.
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