Peut-on s'excuser au nom de la mère qu'on aime ? La mère qu'on hait, aussi.
A onze ans, je confiai à Natalie comment ma mère se comportait et retins mon souffle. Elle me répondit que la sienne était pareille. Je n'avais jamais été aussi heureuse. Mais mon enthousiasme retomba quand je l'interrogeai plus à fond. La mère de Natalie picolait. Je trouvais ça enviable. Pouvoir localiser le problème dans une bouteille, c'était le rêve, ou presque.
En de pareils moments, je sentais les cordes de mon éducation me retenir. Je n'avais pas appris à serrer quelqu'un dans mes bras, à le réconforter, ni à m'insinuer dans la famille d'autrui. On m'avait appris à garder mes distances.
Quand j'étais ado, je croyais que tous les enfants passaient les chaudes journées d'été à rêvasser qu'ils découpaient leur mère en petits morceaux et qu'ils les envoyaient par la poste vers des destinations inconnues. C'était une chose que je faisais aussi bien vautrée dans ma chambre que lancée dans des travaux ménagers acrobatiques. Quand j'acceptais de sortir la poubelle, je lui coupais la tête. En désherbant le jardin, je lui arrachais les yeux, la langue. En époussetant les étagères, je multipliais et divisais les parties de son corps.
Je croyais, comme ma mère l'avait toujours fait, qu'il y avait eux et qu'il y avait nous. "Eux", c'était les gens heureux, normaux, "nous", ceux chez qui tout merdait.
C'était l’ambiguïté qui m'avait fait tiquer - s'inquiétait-elle à l'idée que j'aie le cancer, ou n'y aurait-elle vu que concurrence ?
Ce qu'il y a de particulier, avec la démence, c'est qu'on a parfois l'impression que ses victimes ont un fil de détente raccordé à la vérité, comme s'ils pouvaient voir ce qu'il y a sous la peau dans laquelle on se dissimule.
Une histoire noire, une fille assassine sa mère de 86 ans,, pour les libérer toutes deux. La folie pour l'une, la soumission insoutenable pour l'autre. La vie qu'a eu l'héroine est plutôt glauque et terrible. Soutenue par l'amour de son père mais malmenée par la folie de sa mère, une fillette qui se sent sous l'emprise de cette mére qui ne sort jamais de maison: ou qu'elle aille, elle serait là....Au fil de l'histoire, on se pose quand même la question sur la santé mentale de cette fille qui a vécu auprès d'une mère malade.
Le mélange des laines et le motif rayé étaient censés produire un résultat automnal, mais il était plutôt intestinal, en effet. ( p.270)
La fille dévouée qui se retrouve avec une main posée sur une serviette de toilette elle -même posée sur votre visage, et qui écrase se visage, quelque chose en elle martelant encore et encore tandis que s'accomplit enfin la vendetta d'une enfant.