- Pourquoi est-ce que j'ai tiré ? Sur des enfants, comprends-tu ? Pourquoi ai-je fait une chose pareille ?
- Mais c'est clair : parce que tu en avais reçu l'ordre !
- Justement pourquoi n'ai-je pas refusé ? Pourquoi ai-je obéi à un ordre comme celui-là ?
-Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Zillich. Qu'est-ce que tu voulais faire d'autre ?
- Pourquoi est-ce que je ne réfléchissais plus ? J'ai épaulé et tiré. Pourquoi n'ai-je pas obéi à l'ordre d'en haut ? Est-ce qu'il s'était tu ? Est-ce que j'étais sourd ?
- Quel ordre d'en haut ? demanda Zillich. Il n' y avait pourtant pas encore de contrordres chez vous, à ce moment là. l'ordre d'en haut avait sûrement d'abord été donné à ton lieutenant !
- Tu ne comprends donc pas ? L'ordre vrai, l'ordre intérieur. La voix intérieure qui ne se tait jamais dans l'homme. Ni en toi, ni en moi, tu le sais bien
Il parlait lentement, en pesant ses mots, comme tous les gens de ce pays, comme si les mots eux aussi coûtaient de l'argent et comme si on se séparait d'eux à contrecœur.
Les visages des fidèles portaient tous la marque d'un morne désarroi comme s'ils cherchaient les débris de leur ancienne foi dans les débris de leur ancienne église.