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Critique de Clelie22


Un bon petit diable est sans doute un des romans les plus connus de la Comtesse de Ségur. Pourtant, je ne l'avais jamais lu. du moins, il me semble car cette histoire est tellement familière et téléphonée que j'ai parfois eu l'impression de l'avoir déjà lue.

Ce roman raconte les déboires de Charles MacLance, orphelin confié aux "bons soins" de sa cousine Mme Mac'Miche. En fait de soins, non seulement il n'en reçoit pas de bons mais il n'en reçoit même pas du tout. Battu, exploité, maltraité, Charles est le souffre-douleur d'une tutrice violente, injuste et avare. Il lui rend ses mauvais traitements avec usure à travers mille bêtises et vengeances toutes plus inventives les unes que les autres. Car Charles ne manque ni d'imagination ni d'audace. Entre les deux, la situation pourrait donc s'envenimer indéfiniment sans la douce influence de Juliette, amie et cousine (elle aussi !) de Charles. La jeune aveugle, pieuse et douce, exhorte Charles à la patience, à la soumission et à la bonté. Mais les bonnes résolutions peuvent-elles suffire à désarmer Madame Mac'Miche ?

Hitchcock prétendait que plus un méchant est réussi, plus un film le sera. C'est vrai aussi pour les livres. Un bon petit diable marque sans doute principalement par son personnage de Mme Mac'Miche. Cependant, au-delà de la caricature, cette femme représente bien la perversité et la cruauté de certains adultes envers ceux qui sont plus faibles qu'eux et dépendent d'eux. Sous la couche divertissante du récit des bêtises de Charles, la Comtesse de Ségur présente une sévère critique des châtiments corporels et de ce qu'une "éducation" trop dure peut engendrer chez les enfants : révolte et méchanceté. Elle était bien placée pour en parler, ayant elle-même subi la maltraitance dans son enfance. Elle y oppose la douce bienveillance et la valeur d'exemple incarnées par Juliette.

Un bon petit diable peut donc être lu au premier degré pour les divertissantes inventions de Charles et son parcours en tant que personnage mais aussi comme une oeuvre engagée et plutôt révolutionnaire pour son époque. Finalement, ce roman s'adressait autant aux enfants qu'aux adultes qui prétendent les éduquer. C'est ce qui fait que la Comtesse de Ségur n'est pas seulement un auteur suranné ou une madeleine de Proust, c'est aussi un écrivain intéressant à étudier et qui mérite sa place parmi les "classiques" de la littérature.

Je l'ai lu dans la version audio proposée par la regrettée Victoria sur le site Littérature audio.com. J'adore la façon de lire de cette donneuse de voix, douce et posée. Je regrette seulement qu'elle ait agrémenté son enregistrement de bruitages pas toujours pertinents et de morceaux de cornemuse au début et à la fin de chaque chapitre. Comme disait Pierre Desproges : "Un gentleman, c'est quelqu'un qui sait jouer de la cornemuse et qui n'en joue pas."

Challenge Romans Jeunesse 2021/2022
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