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Critique de jeandubus


Les derniers jours de Stefan Zweig

En 1811, Heinrich von Kleist se suicide avec sa nouvelle épouse Henriette Vogel atteinte d'un cancer sans rémission. En 1937 (et non en 1925) Zweig publie « combat avec le démon » dans lequel il fait part de son admiration pour ce double suicide romantique. Kleist meurt en pensant à Maria son épouse tant aimée.

En 1941, Zweig avec sa nouvelle très jeune épouse (et secrétaire dactylo) s'exile à Londres puis à New York puis enfin au Brésil à Petrópolis ( Ville rococo et désuète qui peut rappeler les cités namibiennes en plus grand) où il se suicide en février 1942 en compagnie de Charlotte (asthmatique chronique) dans un émouvant remake qui inspire cet épilogue plutôt fâcheux, au médecin Laurent Seksik reconverti en écrivain.

C'est un crime.

Zweig est imbu de lui-même, il recherche partout la célébrité, le contact des grands. A Rio c'est au Copacabana Palace qu'il se rend pour rencontrer son agent. Pour lui le Brésil , son « Brésil terre d'avenir » est plutôt folklorique comme on saura lui faire remarquer. En fait d'un parfait cynisme il considère cet immense pays qui doit bien compter 150 millions d'habitants à l'époque comme « une île déserte » !!! .

Qu'on suive sa trace après ça est tout à fait logique. Rio est infestée de SS soit disant. Les SS viendront plus tard en fait après la défaite et ils y sont encore avec leur descendance.

Du reste il est du côté de Vargas (plus près de Franco et Mussolini que de Léon Blum). En fait la politique ne l'intéresse pas, lui le « grand humaniste » n'a qu'une nostalgie : Boire un chocolat à Vienne avec Thomas Mann, Freud ou Einstein. Et puis il y a cet exil, ce refus de lutter de mourir pour sa propre cause qui le ronge.

Il hésite à pondre une énième biographie sur Montaigne ou sur Balzac et se rend compte de la vanité de telles tentatives dans la situation où il se trouve. 60 millions de livres vendus. 40 ans de carrière. Des copains prestigieux comme Richard Strauss ou Maurice Ravel( ?). C'est fini et donc autant mourir en beauté. Charlotte rime avec sotte et se laisse empoisonner avec un « je t'aime » immonde prononcé du bout des lèvres par Stefan.

Très approximatif, Seksik, en pamoison, ne se soucie pas trop d'égarer le lecteur dans des digressions fumeuses, de trouver un charme impossible à Petrópolis (A-t-il fait le voyage ?) de laisser transpirer sans retenue son admiration pour l'auteur de « la confusion des sentiments » au point de ne pas voir la lâcheté indéfendable de l'homme qui écrivait.

Des transcriptions plus qu'approximatives du portugais, une paresse dans l'utilisation des signes ( vào pour vão - alt +2 sur n'importe quel clavier-) digne d'un débutant et la traduction en contresens de « Chora o morro inteiro » par « le monde tout entier pleure » alors que morro se traduit par « colline » ou même ne se traduit pas ( le pão de azucar est un morro) montrent le caractère hasardeux de cet hommage inepte et finalement assassin dont le seul mérite est de ne pas dépasser les 200 pages.

L'auteur a déjà reçu deux prix pour des ouvrages plus anciens , celui-ci mérite celui figurant sur la 4° de couv' : 6€
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