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Critique de Annette55


«  Chacun de nous est une architecture d'amour » .
«  On marche , on marche et la terre s'ouvre devant soi, comme tranchée par un couteau . Car les vagues de souffrance , invisibles , acérées , puissantes , laminent les terres , se multipliant sur le chemin, rendant difficile l'excursion » ..

Deux extraits de ce roman sensuel , initiatique, d'une jeune fille confrontée à la passion, aux emballements et aux désordres de l'amour .

C'est l'histoire vibrante d'amour charnel, de découverte , d'espérance et de déchirement , un festin de jeunesse, d'amour et d'eau fraîche : «  Amours , vos mets âcres et salés , bien bête qui les boude car le temps file , file » …pour Corinne , vingt ans , orpheline de père , il était chirurgien, elle se consacre à ses études de mathématiques dans une université parisienne .

Nous allons la suivre entre passions et désillusions , de celles qui transforment en «  épaves » sauf le bonheur de réussir ses examens .

La dernière année des «  Seventies » une année charnière en 1979, du printemps à l'hiver , on va la suivre , elle a pour amant Baptiste , amoureux de Jean, son colocataire …

En se rendant à un concert Corinne rencontre un musicien de jazz, Toni , âgé de quarante - quatre ans , il a déjà été marié . Il se produit au Riberbop du Saint - André des Arts , Baptiste et Corinne s'y rendent : en ignorants …

C'est un musicien établi, il réalise des musiques et des films , il exprime toute sorte de nuances avec sa musique .
Il est perturbé , sombre, passionné , un peu ténébreux , ambigu, mufle, tourmenté , jaloux de la liberté supposée de Corinne, la possède debout avec violence , «  Les mains de Toni soulèvent, ouvrent , cherchent » ..puis petit à petit l'assigne à une espèce de prison mentale , en elle il sème l'expérience vaine, la douleur vraie …
«  Toni m'a prise pour son vide - ordures . Il désire détruire , Toni » tel un sadique .
Leur relation se délite ,il la harcèle de questions , ne désire pas vivre à deux, l'humilie et l'étire au téléphone , il fait ce qu'il veut d'elle , un jouet, une fille en filigrane .
Il entend sa tristesse , lui dit qu'il n'a jamais rien compris aux femmes.
Ils n'ont été amants qu'une brève saison.
Corinne , elle , si rieuse , si chatte, à la nature simple , affectueuse , démonstrative , juvénile , riche, aux côtés de Baptiste, si curieuse des hommes, , communiquera avec Toni , uniquement par téléphone .

Il croit , suspicieux et mufle , qu'elle fait l'amour avec tout le monde.

Elle part en Italie : l'eau du lac majeur n'est autre que ses larmes .
Elle revoit Baptiste , son ami, frappé par l'amour pour Jean.

Puis évoque avec Jean, sa souffrance pour Toni , son ancien amant musicien qui l'avait invitée à ses concerts .

L'hiver 1979 va s'achever : quelque chose d'effrayant , mortel, arrive , qui va faire des ravages chez les amoureux , les amants et les amantes .

Les années 70 prennent fin, un cycle où tout était permis , on pouvait changer d'amant ou d'amante si on le désirait , le sida paraissait très loin.

«  Au début, on va loin, va très loin, puis vers vingt ans , on va jusqu'à la fin de l'amour et on n'en revient pas » …
Le roman ne fait pas dans l'eau de rose : c'est cru, charnel , coquin , visuel et imagé ,pétri de poésie , d'entrain charnel et de rage , de bonheur scintillant , d'attention mutuelle , malgré la peine accompagné deux poèmes de Gérard de-Nerval.

«  Amours , vos mets âcres et salés, bien bête qui les boude car le temps file , file » …..
Plaisirs , désirs, mélancolie, initiation , désenchantement, incompréhension , silences lourds , derrière l'amour charnel s'expriment les regrets d'une époque bénie, insouciante , qui se meurt ..

Un très beau livre agréable à découvrir , à l'écriture fulgurante , tout en nostalgie …
Je remercie chaleureusement Masse critique et Babelio pour l'envoi de cet ouvrage première de couverture : «  le Minotaure caressant du mufle la main d'une dormeuse »Pablo-Picasso .
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