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Critique de Luniver


Avoir une grosse poitrine, ça peut être lourd à porter. Point de vue physique, ça peut déjà provoquer quelques maux de dos, mais psychologiquement, ça laisse également quelques traces. Par le regard des hommes déjà, qui peut réduire une femme à cette seule partie de son anatomie (« Je l'aime. Il aime mes seins. Fin de l'histoire. »), mais surtout, quand on veut faire carrière dans la danse, il faut le dire, c'est plutôt le style planche à pain qui est recommandé. Pour réaliser son rêve, Barberine va donc livrer une guerre sans merci contre ses seins : nier leur existence, les étouffer, les comprimer sous des bandes serrées, voire même les mutiler.

Intéressant roman à deux voix (enfin, trois, chaque sein ayant la sienne propre) entre Barberine, presque pur intellect, qui cherche à maîtriser entièrement son corps pour le plier à ses désirs, et ses seins, qui représentent successivement la découverte du plaisir sensuel, puis l'éveil de la sexualité et enfin la maternité, à un niveau presque animal.

Il est rude de découvrir que notre propre corps peut nous trahir : qu'il nous empêche de réaliser nos rêves, qu'il nous trahisse au plus mauvais moment par une faiblesse soudaine, ou en développant une maladie qui nous met en danger tous les deux, ou encore qu'il travaille à la satisfaction de ses propres désirs sans tenir compte des nôtres. D'autant plus à une époque où tous nos membres semblent « perfectionnables » à volonté grâce à la science (ou à d'autres disciplines qui font semblant d'en être). Avoir le point de vue du corps, pour une fois (il manque quand même cruellement de porte-parole), permet de réaliser qu'il est temps d'arrêter de savoir qui doit dominer l'autre, et qu'il serait plus intelligent de discuter sereinement d'égal à égal.

Au niveau de l'écriture, j'ai trouvé à la fois un ton assez badin, et un vocabulaire parfois complexe, et un texte parsemé de longues énumérations, qui m'ont un peu déstabilisé au début, et auxquelles j'ai pris goût par la suite. Même si le roman paraît léger au premier abord, je me suis surpris à pas mal parler autour de moi des thèmes qu'il aborde (le rapport au corps principalement). Un agréable découverte donc !
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