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Critique de michelekastner


Je lis rarement des livres sur les camps, par dégoût de la violence et de l'atrocité du contenu. Mais ce livre est une merveille de légèreté, de grâce, de sublimation de l'horreur : ce qui ne lui ôte rien en force, suggestion ou clarté. Jorge Semprun a su s'élever bien au-delà de cette terreur par la force de la poésie et de la philosophie.
Arrêté et déporté à Buchenwald en septembre 1943 à l'âge de 20 ans, il se considère comme un revenant et non comme un rescapé, comme tous ceux qui ont vécu ce voyage au bout de l'enfer, de l'anéantissement de l'être.
Lorsque le camp est libéré en avril 45, il découvre dans le regard des trois officiers britanniques qui se tiennent en face de lui l'effroi et l'épouvante et au même instant il doute que le monde soit prêt à entendre les privations, la déchéance, l'horreur nue et surtout cette abominable et persistante odeur des fumées du four crématoire sur la colline de l'Ettersberg qui avait été autrefois un lieu de conversations philosophiques entre Goethe et Eckermann.
Les vers de Baudelaire, d'Aragon de Celan, de César Vallejo lui reviennent en mémoire lorsqu'il tient dans ses bras ses amis mourants.
Est-il possible de survivre ? Primo Levi se suicidera (?) 42 ans après sa sortie du camp, le 11 avril 1987, jour anniversaire de la libération de Buchenwald, l'année où Jorge Semprun reprend l'écriture de son roman, abandonné parce qu'il avait choisi la vie au prix de l'oubli, par impossibilité de survivre à l'écriture. Lorsqu'il décide de reprendre le livre, les angoisses reviennent sans prévenir, à tout moment, "la certitude angoissée de la fin du monde, de son irréalité, en tout cas".
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