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Critique de Pasoa


Pasoa
25 septembre 2022
Poésie de la parole, de l'écoute et de la transmission, l'écriture de Léopold Sédar Senghor est celle d'une conscience mise au grand jour, celle de la Négritude. Une conscience belle et vivifiante qui bat au coeur de tout, qui agit comme un ferment de la fraternité. Senghor possédait une conscience aiguë des origines, indissociables pour lui du temps présent. Pour autant, son esprit s'imprégnait des influences culturelles et littéraires venues de France, sa terre d'adoption.

Dans toute son écriture, pas d'usage de la métaphore ou de la comparaison, les choses sont nommées, désignées comme telles. C'est sous le signe qu'apparaît le sens et l'image. Chaque chose, chaque être, dans la matière, la forme, la couleur, l'odeur et le geste, le rythme et la danse, tout dans la couleur d'un pagne, les cordes d'une khôra, dans le dessin des paysages, de colliers en or portés,... Tout opère comme un afflux d'images qui mène le poème jusqu'à sa luminescence.
Une incandescence qui porte aussi en elle l'omniprésence des esprits, des morts du village, des ancêtres, de la nature toute proche et des nombreux animaux qui y vivent. Une évocation qui rend plus belle encore l'existence d'un monde quelque peu étrange mais toujours fascinant.
Incantatoire, très marquée par le rythme, la poésie de Leopold Sédar Senghor est aussi musicale. En préambule de beaucoup de ses poèmes sont indiqués les instruments de musique (la kôra, le balafong, le tam-tams,…) qui doivent accompagner la lecture du poème.

Si j'ai vraiment beaucoup aimé lire cette Oeuvre poétique, j'ai trouvé que tous les recueils qui y figurent (Chants d'ombre, Hosties noires, Éthiopiques, Nocturnes, Lettres d'hivernage, Élégies majeures ou Poèmes perdus) ne sont pas tous d'égale valeur, de même intérêt.
Les poèmes dédiés aux Tirailleurs sénégalais morts pour la France (dans Hosties noires) ou de nombreux autres comme dans Lettres d'hivernage sont magnifiques en soi. D'autres textes, moins nombreux, sont eux très marqués par une écriture très académique, très circonstanciée (n'oublions pas que Senghor, avant de siéger à l'Académie française, fut président de la République du Sénégal durant vingt ans.)

Oeuvre foisonnante, généreuse, fascinante, la poésie de Léopold Sédar Senghor est comme un fleuve au long cours qui longe les rives d'une terre somptueuse, celle de l'Afrique, et porte en lui l'histoire et la mémoire des hommes. Poésie accomplie pleine de reflets, de couleurs et de parfums. Poésie unique.
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