AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782020016407
Seuil (01/01/1948)
3.75/5   10 notes
Résumé :
Léopold Sédar Senghor est médaille d'or de la langue française ; grand prix international de poésie de la Société des poètes et artistes de France et de langue française (1963) ; médaille d'or du mérite poétique du prix international Dag Hammarskjoeld (1965) ; grand prix littéraire international Rouge et Vert (1966) ; prix de la Paix des libraires allemands (1968) ; prix littéraire de l'Académie internationale des arts et lettres de Rome (1969) ; grand prix internat... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Hosties noiresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Senghor publie ce recueil de poèmes en 1948, mais beaucoup de poèmes ont été composés antérieurement, juste avant ou pendant la guerre, la Seconde Guerre Mondiale, et ils évoquent ce traumatisme.
Pour comprendre le titre et le recueil, l'hostie est, pour les catholiques, le corps du Christ consacré lors de l'Eucharistie par le prêtre. Elle évoque donc le sacrifice, mais aussi la résurrection. Les corps sacrifiés, ce sont ici les corps « noirs » du titre, les « Tirailleurs sénégalais », les « frères noirs » du poète. Ce sont toutes les troupes coloniales qui combattent pour la France, lors des deux guerres mondiales. le terme de troupes coloniales est à prendre au sens large, car, si Senghor insiste sur les soldats originaires d'Afrique – tous assimilés sous le terme « sénégalais », il évoque aussi tous ceux « réunis, divers de teint – Il y en a qui sont couleur de café grillé, d'autres bananes d'or et d'autres terres des rizières » : « le Cafre, le Kabyle, le Somali le Maure, le Fân, le Fôn le Bambara le Bobo le Mandiago ». Les « hosties » sont donc teintées du rouge du sang des martyrs pour la France.
Le recueil est donc un hommage à ces soldats morts, qui se sont sacrifiés et ont été sacrifiés par la puissance coloniale, et par là-même un moyen de leur offrir une forme de résurrection, ou en tout cas d'éternité, en les consacrant par l'écriture et l'écrivant en lettres majuscules : « MORTS POUR LA RÉPUBLIQUE » dans le poème lui-même intitulé « AUX TIRAILLEURS SENEGALAIS MORTS POUR LA FRANCE ». le recueil est donc un chant, un chant épique et religieux, où se mêlent prière et mémoire des morts. Plusieurs poèmes sont sous-titrés « Woï pour deux koras », un chant pour un instrument à cordes traditionnel, Senghor se place comme un griot ou un conteur traditionnel d'Afrique de l'Ouest qui fait revivre la mémoire des morts. Et les poèmes sont peuplés de noms, de voisins, de camarades, de soldats, pour faire revivre la fraternité entre combattants.
D'un point de vue personnel, on sent toute la douleur de Senghor, qui s'est engagé volontairement en 1939 dans l'armée, et qui est relégué dans les troupes coloniales, comme un sujet et non comme un citoyen français – un statut qu'il a obtenu, qui lui a permis de passer l'agrégation, de devenir professeur. A cause du racisme des officiers, il n'est pas considéré comme un Français comme les autres : « Ah ! Ne me dîtes pas que je n'aime pas la France, je ne suis pas la France, je le sais » (« Poème liminaire »).
Faits prisonniers, les soldats noirs ne sont pas considérés comme les soldats blancs : « et nous voilà pris dans les rets, livrés à la barbarie des civilisés ». L'horreur des camps de prisonniers est donc renforcée par le racisme et les discriminations, qui ne sont pas dues qu'aux gardiens nazis, mais aussi aux autres prisonniers français : « des chefs, et ils étaient absents, des compagnons, ils ne nous reconnaissaient plus / Et nous ne reconnaissions plus la France ». Oui, c'est la véritable blessure du recueil, non la guerre et ses violences, non l'internement et ses privations, mais « ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France ».
Cependant, le dernier poème « Prière de la paix » est une prière de réconciliation et de pardon, un refus du « serpent de la haine ». L'Europe, et surtout la France, ont asservi l'Afrique, tué des millions d'hommes et de femmes, l'ont dépouillée de ses richesses. Mais Senghor a « une grande faiblesse pour la France », il l'aime, car c'est le peuple de la connaissance, le peuple de la liberté avec la Révolution, le peuple de l'égalité avec les Droits de l'Homme et l'abolition de l'esclavage, et le peuple qui permettra la fraternité universelle. Ce dernier poème est écrit en 1945, la guerre n'est peut-être même pas finie, et Senghor lance un appel à une fraternité universelle, une « nation arc-en-ciel » avant la lettre pour reprendre l'expression future de Nelson Mandela, avec une union de « tous les peuples d'Europe, tous les peuples d'Asie, tous le s peuples d'Afrique et tous les peuples d'Amérique […] DESSOUS L'ARC-EN-CIEL DE TA PAIX ».
Un très beau recueil aux images et aux mots marquants, d'autant plus saisissant en se disant que nombre de poèmes ont été écrits en captivité.
Commenter  J’apprécie          203

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
POEME LIMINAIRE.
Vous Tirailleurs Sénégalais mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort
Qui pourra vous chanter si ce n'est votre frère d'armes, votre frère de sang ?

Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux,
Je ne laisserai pas - non ! - les louanges de mépris vous enterrer furtivement.
Vous n'êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur
Mais je déchirerai les rires banania de tous les murs de France
[...]
Commenter  J’apprécie          182
Oui Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques.

Commenter  J’apprécie          230
{entre la vie et la mort, il y'a un pont qui les sépare}Léopold sedar Senghor.
Commenter  J’apprécie          60
{entre la vie et la mort,il t'a un pont qui les sépare}Léopold sedar Senghor.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Léopold Sédar Senghor (194) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léopold Sédar Senghor
Elara Bertho vous présente son ouvrage "Léopold Sédar Senghor" aux éditions PUF.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2672807/elara-bertho-leopold-sedar-senghor
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature africaineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (59) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}