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Critique de oblo


C'est par Saint-Malo, en 1843, qu'est revenu en France un personnage bien énigmatique. le comte Mieczko Skarbek, d'illustre et polonaise ascendance, agite, à Paris, le monde des arts. Bien vite, il pousse deux industriels à intenter un procès au marchand d'art Daniel Northbrook, détenteur de la totalité des oeuvres du peintre Louis Paulus, disparu en 1832. Pour décider les deux industriels à engager cette action judiciaire, le comte Skarbek n'a eu qu'à leur montrer sa propre collection de tableau de Paulus, soit 227 oeuvres inédites. En effet, Northbrook avait promis à ses deux clients l'exclusivité sur l'oeuvre du jeune peintre, comptant sur leur naïveté ainsi que sur leur orgueil pour leur soutirer jusqu'à leur dernier sou.

Seulement voilà : Skarbek peut faire complètement chuter la valeur des tableaux de Paulus. Pour garantir l'authenticité des tableaux, le comte fait une révélation : il est Louis Paulus. Vient ensuite le récit qui dissipe le mystère de la double identité (Skarbek / Paulus) : une sombre histoire artistico-financière, orchestrée par Northbrook avec Paulus dans le rôle du peintre manipulé et la belle Magdalène dans celui de l'appât irrésistible.

Sans rien révéler de plus de l'histoire, on peut aisément rapprocher - ce n'est pas un secret : c'est même revendiqué par Yves Sente - La vengeance du comte Skarbek du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas. Toute cette histoire n'est que faux-semblants et rebondissements, qui tiennent en haleine jusqu'à la fin. Il est à noter que si les deux albums initiaux usent des mêmes recettes précédemment décrites, de légères différences apparaissent. Dans le premier album, les rebondissements s'enchaînent (dévoilement de l'identité du comte Skarbek, assassinat de Magdalène ...) mais ils suivent une trame classique : les raisons de la vengeance ainsi que ses modalités se dévoilent et se mettent en place. Dans le deuxième album, les révélations bouleversent davantage la narration et remettent bien plus en cause les personnages, leurs intentions véritables, leurs parcours. Par exemple, l'épisode antillais de la vie de Louis Paulus est l'objet de plusieurs versions, selon qui la raconte.

Cependant, une fois n'est pas coutume, la narration, quoique solide, est ici largement dépassée par le rendu visuel de la bande-dessinée. Rosinski fait de ses planches de véritables oeuvres d'art, apportant à chacune un soin et une précision qui rendent merveilleusement l'ambiance de cette histoire ainsi que l'époque historique, à savoir le milieu du 19ème siècle. Plus encore, le choix de la peinture fait par Rosinski entre en résonance avec le métier de Louis Paulus ; cette mise en abyme donne un peu plus de profondeur au récit. Si la vengeance est, selon le dicton, un plat qui se mange froid, elle est, dans le cas du comte Skarbek, un plat qui se déguste page après page.
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