est-ce une radicalité coupable d'être fidèle à ses principes quelles qu'en soient les conséquences ? Est-ce une vertu que la souplesse de l'adaptation permanente et le renoncement à ses idéaux au nom de l'impératif du réel et de ses contingences ?
Dans quel état de mauvaise peur, mauvaise conseillère, vivons-nous pour accepter ces manquements à nos libertés et entrer dans des formes de consentement qu'un Hobbes avait théorisées, il y a plus de trois cent cinquante ans en 1651 dans le Leviathan ?
Tout l'art de la politique présidentielle est d'éloigner le regard et l'observation de l'échec global d'une politique libérale, construite pour défendre les nantis du système, en pratiquant ici et là la charité, en saupoudrant de mesurettes sa politique écologique et en menant en réalité à la catastrophe sociale et environnementale.
Il n’y eut pas une mais deux Révolutions françaises. La première, celle de 1789, est celle que nous fêtons chaque année au travers de la célébration de la prise de la Bastille lors de la fête de la Fédération le 14 juillet 1790, réunissant les soldats citoyens des Gardes nationales, venus des quatre-vingt-trois départements pour prêter le serment de ne former qu’une seule nation. La seconde eut lieu de façon sanglante en une séquence de guerre civile, d’abord par l’attaque des Tuileries le 10 août 1792, abolissant la monarchie, poursuivie par les massacres de Septembre et conclue par la victoire militaire de Valmy et la fondation de la République le 21 septembre.
La République est bien là. Les historiens savent cependant qu'une République peut être autoritaire. Les exemples historiques ne manquent pas. Dès l'origine à Rome, avec ses dictateurs, dans l'Italie de la Renaissance avec ses condottières, en Amérique latine avec ses caudillos. Les Révolutions américaine et française ont inventé un palliatif à cela qui constitue la modernité politique dans laquelle nous vivons encore, la démocratie comme balance des libertés pour équilibrer le pouvoir exécutif que ne manquent jamais de s'arroger les présidents des Républiques comme un tropisme auquel ils ne peuvent et ne savent résister. Sans République, la démocratie devient rapidement la démagogie de la délibération procédurale et confuse. Mais sans la démocratie et nous vivons ce moment de crise grave, la république dérive inexorablement vers son aspect autoritaire.