Le colonel Stoffel est consterné devant cette propension à disserter sur tout, sans avoir pris le soin d'étayer son jugement par un travail de recherche besogneux et patient : "Combien eût on compté de personnes en France avant 1866 qui cherchassent à étudier l'Allemagne ou à s'instruire sur les affaires allemandes ? Le Rhin n'était-il pas et n'est-il pas encore, pour nous tous, comme une autre muraille de Chine ? Et cependant écrivains, journalistes ou autres, qui n'ont pas même séjourné en Allemagne, qui n'ont étudié ni son histoire ni ses institutions, écrivent et discutent à l'envi sur tous les sujets, portent des jugements sur toutes choses et se font ainsi les maîtres d'un public encore plus ignorant qu'eux". Cette aptitude à discuter de tout, à disserter, sans avoir rien étudié, coûtera cher à la France lors de la crise qui précédera la calamiteuse déclaration de la guerre à la Prusse. Moins on investit un sujet, plus les passions peuvent prendre le pas.
Le poids des conservatismes - de droite comme de gauche -, un fond d'état d'esprit très "guerre civile", une difficulté certaine à fonder une réforme sur le réel examiné froidement - et non sur la simple idée que l'on s'en fait -, d'éternels problèmes budgétaires, une culture très administrative et "paperassière" ne favorisent pas l'enchaînement vertueux : comparaison-prise de conscience-vision-courage-action réformatrice-mise en œuvre-communication.