La culture de l'inceste

De nouveau, aucune réglementation n'interdit les mises en scène pédocriminelles, tant que les acteur-rices à l'écran sont majeur-es et consentant-es. On pourrait s'interroger sur ces scènes frôlant l'apologie de la pédocriminalité et pour lesquelles la loi ne dit rien, sur ce no man's land juridique, cette faille dans le système, cet impensé dans lequel vient s'engouffrer tout un pan de la profession : peu imnporte la représentation à l'écran, seul le "réel" compte.

Ce qui différencie la culture de l'inceste de la culture de la pédocriminelle dans l'indus- trie pornographique, c'est finalement la mise en scène du consentement. Si la figure de la step mom joue sur la transgression du tabou de l'inceste, elle ne franchit en revanche pas la ligne rouge du viol. Ici, c'est l'interdit de l'inceste qui est à l'oeuvre, pas la mise en scène du non-consentement.

On perd un temps précieux à déconstruire ce que ces grands hommes nous apprennent, et qui nous guide en réalité vers plus d'opacité sur l'inceste. Il ya donc un enjeu de société majeur à régler son compte à l'anthropologie patriarcale. Heureusement, le processus est en marche

La légitimation juridique de la puissance parentale autorise un rapport de pouvoir qui ne peut conduire qu'à des violences. Disons-le clairement: ces actes ne sauraient être considérés comme de simples dérives, des "bavures" parentales ; ils possèdent un caractère structurel, car ils découlent d'un rapport de pouvoir institutionnalisé. Je propose donc de substituer au modèle d'analyse protectionniste et paternaliste un modèle constructionniste : l'enfantn'est pas naturellement vulnérable, mais sa vulnérabilité est un produit des institutions sociales.

Les représentations de l'enfance sont marquées d'une grande ambivalence : l'enfant est tantôt cet être innocent et fragile dont la sécurité serait sans cesse menacée par un monde extérieur agressif et malsain, tantôt un agent perturbateur, proche d'un animal turbulent, qu'il importerait de dresser afin de le rendre apte à la vie en société. L'image de l'enfant sauvage et celle de l'enfant innocent-e, si elles paraissent antagonistes, peuvent toutefois être rapprochées à partir du socle qu'elles partagent : celui d'une naturalité spécifique du sujet enfant, qu'il faudrait prendre en charge. Ainsi, I'immaturité rationnelle et physiologique de l'enfant rend nécessaire l'intervention d'adultes responsables, qui ont pour mission, par l'action éducative, de transformer cette matière instable et de favoriser la production d'un-e nouvel.le adulte achevé. A partir de cette conception, l'enfant forme une menace à la fois envers iel-même, et envers la société stable des adultes.

L'inceste s'inscrit non pas comme une "exceptionnalité sociale", mais comme une expression et une reconduction du fonctionnement social par la domination.

Il devient urgent de sortir de la pathologisation de l'inceste. [...] Les personnes qui incestent ne le font pas parce qu'elles ont des "penchants pédophiles" ou parce qu'elles sont malades. Elles le font parce que le corps des enfants est le plus facile à dominer.